Compagnie du Loup Gris
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 Ce qu'on ne dit pas.

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Leizen
Diplomate
Leizen

Messages : 60

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Âge: 24

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MessageSujet: Ce qu'on ne dit pas.   Ce qu'on ne dit pas. Icon_minitimeLun 3 Juin - 0:57

Trois...
Quatre...
Quatre Khaïmas de tailles moyennes avait décompté Besim tandis qu'il avait, d'instinct, ralentit le galop de son cheval à l'approche du campement nomade. Son escorte, composée de ses deux meilleurs guerriers, avait accordé ses pas à la monture de leur maître sans qu'aucun ordre ne soit prononcé.
Ils avançaient à présent à un rythme léger, silencieux.
Cinq.
Il ne l'avait pas vue tout de suite pour deux raisons: La taille de cette tente était ridiculement insignifiante par rapport aux autres, qui même si elles n'étaient pas très grandes non plus semblaient gigantesques en comparaison de ce maigre habitat. Puis sa couleur, les toiles de ses constructions sont généralement de teintes écrus, ou brunes, constellés de motifs géométriques ou armoiries quelconques ; ici c'était un magnifique bleu violacé, un bleu cobalt disait-on. Le tissu ne s'était pas délavé sous les intempéries. Soleil, vent et sable avaient tôt fait d'abîmer les pigments mais force est de constater qu'aucunes traces n'avaient souillées la tenture. Du coup, elle se fondait parfaitement à l'obscurité.
Pas un mouvement, pas un bruit si ce n'était le crépitement de quelques falots, ici et là, à la leur terne qui se consumaient sans que personne ne se soucie de les raviver.
Les bêtes du bivouac devaient se trouver plus loin, au point d'eau sûrement. On ne s'installe pas sans une source à portée, trop risqué.
Personne sinon, car il était tard..
Six jours de chevauchée pour rattraper la caravane, Besim pensait en avoir besoin de seulement la moitié. Six jours qu'on lui avait apprit la nouvelle de Son passage sur ses terres. Il avait dépêché une escorte en hâte et prit la route avec autant d'empressement. On l'avait mit en garde de ne rien en faire. Que la guerre avec son frère aîné était imminente et qu'il se devait de rester pour faire face à toute attaque.
Mais Elle était venue, Elle était passée si près de lui au moment même où il recevait la confirmation que le conflit était engagé, inévitable. Cela ne pouvait être un hasard, pas après ce qu'on disait d'Elle.
Il voulait la voir, maintenant. Il avait déjà perdu assez de temps. Peu importe que l'heure soit tardive.
Besim ouvrit la bouche pour héler quiconque se trouvait là mais ne réussit qu'a émettre un hoquet de stupéfaction, alors qu'interrompu, une poigne ferme tirait sur le licol de sa bête.
Surpris, eux aussi, par la discrétion de l'approche ses guerriers furent tout de même prompt à la réaction, posant pied à terre avec souplesse, ils fondaient déjà sur l'intrus avec une vitesse fulgurante.
Cimeterres sous la gorge, ils toisèrent l'homme qui, bien qu'il se soit arrêté sous la menace de l'acier, ne lâchait toujours pas la bride du cheval princier.

-Qui es-tu ? ..fini par demander l'un des garde.
-Celui qui vous conduit.

L'individu consentit enfin à se retourner sur Besim, encore juché sur son animal. Si l'allure de l'homme n'était en rien menaçante, c'est sa prestance singulière qui parvint à faire tressaillir le cavalier.
Les hommes du Prince appuyèrent d'avantage la pointe de leurs armes sur le cou de l'inconnu, croyant à un danger suite au tressautement de leur maître. Ce-dernier les tempéra d'un geste de la main.

-Je suis le Prince Be..

-Je sais qui tu es, Zim', et je sais pour qui tu viens.

A nouveau on l'avait interrompu, double affront, qui aurait en ses terres fait rouler la tête de l'inconvenant.
Ce sont les yeux, étrécis par la méfiance, de son escorte qui ramena Besim au nécessaire, plutôt qu'aux coutumes de politesse.
Zim'. Il venait de le nommer Zim', or seuls ses camarades d'enfance -qui étaient tout deux présents puisqu'il s'agissait de ses guerriers- l'interpellaient ainsi. En privé, toujours. Personne d'autres n'en avait connaissance, la conception même de ce surnom revenait à l'imagination d'Houchang, son compère qui tenait à l'instant même son cimeterre courbe contre l'échine de l'homme.
Le Prince darda son interlocuteur d'un regard circonspect.
La tignasse blonde, impeccable malgré les bourrasques d'une future tempête de sable. De taille raisonnable, c'est la musculature imposante que l'on devinait au travers de sa cotte de mailles qui le rendait massif, feintant une haute stature alors qu'il ne devait dépasser les 1m70. Un visage anguleux, dont les contours semblaient avoir été dessinés à coup de burin. Beau pourtant. Un combattant à n'en point douter en dépit de l'absence d'arme à sa ceinture. Un Chevalier. Un foutu Chevalier étranger qui plus est..
Le circonspection laissa place au dédain. Besim releva le menton, condescendant, retrouvant toute son attitude princière. Il pinça ses lèvres, méprisant d'avoir à poser la question qui pourtant lui brûlait la bouche.

-Comment savez-vo...
-Le vent. J'entends le vent.

-Ceux de ta race n'écoutent pas le vent, ils le brassent...éructa t-il avec colère d'avoir été, derechef, coupé dans sa phrase.
-Tu es pressé, je crois.

L'homme ne sembla pas s'offusquer, au contraire, Besim aurait juré voir apparaitre une demi-seconde un sourire satisfait sur la mine, jusque là d'humeur égale, du Chevalier.
Le Prince claqua sa langue contre son palais dans un signe d'exaspération qu'a l'inverse de son hôte il ne se gêna pas de montrer. Car le blond, cette fois encore, disait vrai. Il était pressé et n'avait déjà que trop tardé. Trois jours de perdus.

-Conduis moi.

Le Chevalier hocha la tête, imperceptiblement, afin de ne pas se cisailler la jugulaire avec les Cimeterres qui acculaient toujours sa gorge. Ceux-ci s'écartèrent enfin et Ewald -car tel est son nom- inclina la tête pour Houchang, le plus lent des deux guerriers à l'avoir libéré de la menace des lames.
Ils s'arrêtèrent tout quatre devant la minuscule Khaïma aux tons bleu. Les deux hommes des dunes firent le tour de la croupe du cheval pour se placer à dextre, l'un et l'autre, leurs paumes ouvertes en marche-pieds. Besim ne s'y appuya que sommairement, vif, il rebondit aussitôt avant de se réceptionner au sol. Lorsque l'ourlet de sa longue cape vermeille reprit son lourd tombé naturel il pivota vers Ewald.

-Des instructions, je suppose ?
-Tu ira seul. Questionne la autant que tu le veux. Observe la à ta soif. Convoite la s'il faut mais ne la touche pas. Ne la touche jamais.
-Tu as ma parole.


Un rictus de dégout vint soudain trancher l'impassibilité parfaite du Chevalier. Besim ne s'en formalisa pas et entra sans plus attendre réclamer son du. Ses réponses, son avenir, son trône.

Quand le pan de toile de lin se rabattit dans le dos du Prince, bloquant net l'air tempétueux du dehors, des effluves, mélange d'épice et de bois calciné, lui piquèrent le nez. Il toussa, violemment. La respiration et le ventre si subitement incommodés qu'il cru régurgiter de la bile à plusieurs reprises. Enfin ses narines, ainsi que son estomac, se calmèrent à mesure qu'il s'habituait à cette atmosphère viciée.
Encore à moitié voûté, non plus à cause de ses maux de foie, mais parceque le toit de la tente n'était pas très haut, il avança prudemment vers les braises toujours fumantes de ce qu'il reconnut comme un morceau de bois d'if.
Petit à petit, tout comme son estomac s'était accoutumé aux vapeurs toxiques, ses yeux distinguèrent à travers l'obscurité. Une silhouette, tassée sur elle-même, se tenait tout près des cendres chaudes.

-T'es en r'tard.

Il blêmit au son de la voix. De peur de faire erreur et d'outrager son hôte il s'approcha d'avantage pour tenter de réfuter ce que sa conscience avait déduit au son de cette voix.
Mais ce fut lui qui se sentit courroucé d'avoir raison.
Une fillette, huit ans, dix tout au plus. Une fillette !
La devineresse, la prophétesse, la sorcière, "La Camarde" comme on l'appelait ici, n'était qu'une fillette !

-T'es en r'tard et t'es déjà en colère.

Besim faillit sortir sur le champ, vitupérer après le Chevalier d'avoir voulu le tromper, le tuer même ce scélérat ! Ce putain d'étranger !
Au moment où il tournait les talons, son attention fut interpelée par un curieux bruit de cliquetis à ses pieds. Il s'accroupit pour mieux contempler ce qu'on venait de lui jeter et pu découvrir des tas de petits d'os, taillés grossièrement dans des formes qui ne lui disaient rien du tout.
Il avait vu, un jour de banquet, le travail que l'on peut exercer sur les os. On lui avait offert une figurine d'ivoire, sculptée avec dextérité pour prendre la forme d'un animal. Mais ce qu'il voyait là, au sol, ne représentait rien. Rien pour lui en tout cas.
Dés lors qu'il tendit le doigt pour attraper un osselet, un grondement de réprobation arrêta son geste. Décidément c'était une manie de l'interrompre. Ca commençait à bien faire !

-C'est à moi. Ce qu'ils annoncent est pour toi. Mais ils restent à moi. Touche pas.
-Ce qu'ils annoncent ? De quoi tu parles, qu'est-ce que c'est ?
-Tes réponses.


Le Prince releva la tête vers la gamine, le ton solennel avec lequel elle s'était exprimée l'avait déjà dérangé, mais il fut frappé d'avantage par sa bouille stricte. Si jeune..et déjà si inflexible. Un instant le visage stoïque du chevalier s'imposa à son esprit. Un air de famille.. Il y avait similitude et cette chevelure blonde, bien qu'un peu plus cendrée pour la petiote, renforçait cette ressemblance.
Jusque là, Ewald avait dit vrai, peut-être que la fillette avait hérité de cela aussi. Il fini par se laisser choir en tailleur.

-Dis moi ce que tu vois.
-'Veux pas.
-Pourquoi ?
-T'es déjà en colère.
-Je l'étais et ne le suis plus.
-T'es sûr ?


Elle insistait la bougre ! La damnée ! Qu'elle parle, bon sang !
L'irritation revenait à la charge et la petite le pressentit. Un froissement d'étoffe fit comprendre à Besim qu'elle venait de se recroqueviller encore un peu plus.
Il jaugea comment l'amadouer et alors qu'il la dévisageait, il du reconnaitre que pour ses huit ans à peine, le tissu fin et moiré de sa robe mettait déjà sa féminité en valeur.
"Convoite la s'il faut mais ne la touche pas."

-Dis moi..Ordonna t-il, suintant de son sang royal pour se faire obéir.
-T'auras pas la vie de ton frère. Ni sa couronne, ni sa richesse..Tu gagneras plus rien car tu perdras tout. T'auras plus de jolie cape, plus de jolies yeux noirs, t'auras plus de..
-Assez !


Besim s'était redressé en même temps qu'il vociférait, emporté par son élan il se jeta sur l'enfant, arme en main. Il allait la faire taire cette garce. Lui faire bouffer ses fausses prédictions. Il jouerait avec les os lui aussi, ceux de cette saleté de mioche !

Leizen poussa un hurlement et éclata en sanglot, redevenu une simple petite fille alors que la lame lui taillader les bras qu'elle avait replié en protection autour de sa tête.
Elle savait bien qu'il serait en colère, c'est lui qui l'a forcé ! C'est lui qui est venu la chercher ! Pourquoi n'était-il pas content ? Elle lui avait donné ce qu'il voulait. Elle avait répondu comme il le lui avait demandé.
Elle sentait son sang couler le long de ses poignets. Puis un cri étouffé d'agonie. Un chant, dont les paroles lui étaient incompréhensibles, lui vrillait les tympans.
Et plus rien, jusqu'au bruissement familier de la toile qui se lève pour créer l'ouverture.
La vue brouillée par ses larmes et malgré ses gémissements de souffrance, elle perçu l'entrée de son père aussi distinctement que si elle avait ouvert les yeux et cesser ses sanglots.
Ewald cracha à terre, marmonna quelque chose comme "Sa parole..", dont elle ne saisit pas le sens. Il lui empoigna les bras avec violence avant de lui appliquer, sans plus de douceur, le bout rougit par les flammes du bois d'if. Cautérisant ses plaies de façon barbare.
Enfin, il chercha et trouva l'épée fautive des blessures de sa fille. Laissant cette-dernière, dont les pleurs avaient redoublé après les soins brutaux de son père, seule dans sa tente pour sortir en hâte.
Il se cogna presque aux deux guerriers du Prince, paniqués par les cris, ils s'étaient approchés.
Le Chevalier ouvrit grand le pan de tissu pour montrait l'intérieur de la khaïma.

-Il n'est plus là, partez.

De leur maître, aucune trace. Il n'avait pas pu sortir par de l'autre côté. C'était cousu. De toute façon ils l'auraient vue.
Ce fut le camarade d'Houchang qui se révolta le premier.

-Je vais te crever, toi et ta démone.
-Il n'a pas respecté sa parole. Partez !
...Essaya encore Ewald.

En vain. Le guerrier du désert se ruait déjà sur lui, le second ne mit pas longtemps à entrer également dans la danse.
Ils crurent d'abord que le Chevalier cherchait à s'enfuir, mais lorsqu'il fit soudainement volte-face avec une détermination qui ne laissait pas de place à la terreur, ils comprirent. Ewald n'avait pas fuit. Il s'était simplement éloigné de la tente.
Son regard basculait de l'un à l'autre. Fléchit sur ses jambes, il attendait l'attaque ou les attaques. Lequel allait frapper en premier ? Oseraient-ils s'acharner à deux contre un ?
Oui, à la dernière interrogation.
Les deux gardes s'élancèrent de concert, hargne et fureur communes. Houchang frappa le premier, à l'épaule. Pourtant c'est le second coup, celui de son coéquipier qu'Ewald choisit de parer. Il repoussa le guerrier avec toute la force qu'il pu mettre grâce à l'impulsion de ses jambes et au pivot de son bassin.
Houchang, quant à lui, se maudissait de ne pas avoir choisit la pointe de son cimeterre. La courbe glissa sur les maillons de l'armure du Chevalier sans même l'égratigner, tout au plus il lui avait fait mal par le choc mais n'avait pas entaillé la protection de fer, ni même la chair.
Dévié, puisque son épée n'avait rien mordue, il virevolta sur ses pieds, s'apprêtant à envoyer un violent coup tranchant à l'horizontal qui, s'il avait atteint son but, aurait sûrement entamé profondément la cotte de maille et l'abdomen de son adversaire grâce à l'élan de sa pirouette.
Mais la contre-attaque fut plus rapide qu'il ne l'avait escompté. Ewald le brisa proprement dans son tournoiement meurtrier en lui assénant un vilain châtiment au bas ventre. Il en lâcha son arme, plia les genoux qui tombèrent lourdement au sol sans qu'il ne puisse rien y faire. Mous, ses muscles ne le tenaient plus.
Là encore, sans qu'il ne puisse intervenir, son rival lui confisqua son épée. Deux cimeterres à présent dans les mains du Chevalier et bon sang il savait les manier, mieux qu'il ne l'aurait pensé d' un étranger...
Sans plus se soucier d'Houchang qu'il avait mit à terre, Ewald s'avança vers le dernier des garde de Besim encore debout. Son pas était ferme, il marquait bien le sol alors qu'il pouvait marcher sur le sable sans y laisser de trace. Bras écartés. Le Chevalier prenait de la vitesse, accélérant de plus en plus sa course pour aller à la rencontre du guerrier, celui-ci déjà prêt à le recevoir en garde haute.
Houchang hurla lorsqu'il comprit quel assaut Ewald réservait à son compatriote. Trop tard.
Déjà l'étranger effectuait une toupie parfaite. Il tournoyait si vite sur lui même que la charge serait mortelle à coup sur. On ne distinguait plus ses bras des lames. Ce n'était qu'un amas d'argent, ruisselant sous l'éclat de l'astre diurne, qui vrillait, tournait, tourbillonnait, s'envolait..et trancha sèchement la tête de l'ennemi. Décapité brusquement, le corps resta en suspend un instant avant de s'affaler dans la poussière de sable, la tête roula quelques mètres plus loin, tout comme Ewald qui se stabilisa enfin après quelques secondes encore de valse assassine.

C'est à ce moment là que Leizen se décida à sortir de son abri.
Houchang maculé de sueur, sang et larmes observait Ewald revenir à lui. Le guerrier des dunes ne baissa pas les yeux bien qu'il soit vaincu et à merci du Chevalier.

-Encore trois jours.
-Qu..quoi ?
-Tu perdras encore trois jours car il faut te soigner.
-Je ne comprends pas
...Hoqueta Houchang, effaré de ne pas être achever.
-Ecoute alors... Le frère aîné de Besim a déjà prit ton Royaume, il régnera. Tu festoieras avec lui, car il sera un bon Roi. Mais ses moeurs légères l'entraineront, lui et son escorte dont tu ferras partie, à forniquer avec des putains malades. Ils mourront tous, sauf toi.
-Pourquoi ? Pas moi ?


Ewald agita le bout d'un de ses cimeterres vers Houchang, lui désignant la blessure qu'il venait de lui infliger. Son bas ventre était en feu en plus d'être en sang. Emasculé. Son vit avait été coupé.

-Tu ne pourras plus jamais honorer de femme, pas même une catin.

Il se cabra sous la douleur qu'il venait de réveiller en contemplant ce qu'on lui avait arraché.

-Tu n'auras pas de descendance mais vivra longtemps. Tout comme tu régneras longtemps, Roi Houchang.

Un nouveau soubresaut le contraint à se plier en deux, presque à s'incliner devant Ewald. Ca n'était plus la douleur qui lui faisait mal, c'était la lucidité. La vérité de sa destiné.
Il se souvient de l'inclinaison du Chevalier à son encontre, à lui seul. Pas à son camarade, ni à son Prince, à lui uniquement. Il avait cru à un remerciement d'avoir ôter le cimeterre de sa gorge. Il comprenait maintenant que c'était pour une toute autre raison.
Depuis le début ce devait se passer ainsi.

-Tu savais..Grinça t-il.
-Elle me l'avait dit..il détourna sa lame pour cibler à présent la petiote, devant sa tente...Et je devais te le dire. C'était ainsi.

La nuit. Le silence. Il venait de perdre connaissance. Il n'entendit pas Ewald houspiller après Leizen de s'être autant salit.
Le Chevalier frotta énergiquement sa fille, toute poussiéreuse. Lui commandant de se débarrasser de ce "Prince sans parole".
La jeune fille se laissa faire en geignant. Elle ne se rappelait pas avoir mis à calciner tant de branches de bois. D'où venait donc toutes ces cendres qui piquetaient de tâches grisâtres sa jolie robe ?
Son père ne lui expliqua jamais.
Car il y a des choses qu'on ne dit pas...
Tout ce que Leizen retint de ce soir là, c'est que la poussière était dépréciée par son Père et pour ne pas indisposer Ewald, jamais plus la petite fille qu'elle était ne se risqua à être sale, devenant maniaque à l'extrême.
Le Chevalier ne la détrompa jamais là dessus.
Comment expliquer..
Comment expliquer que la poussière n'était pas mal.
Mais que le mal c'était Elle.
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Leizen
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MessageSujet: Re: Ce qu'on ne dit pas.   Ce qu'on ne dit pas. Icon_minitimeLun 3 Juin - 1:05

An 30.

Elle avait suivit l'oncle de ses soeurs adoptives et cette fichue Bien-Née qui avait usurpé le titre de médecin auprès des jumelles.
Lorsqu'ils s'arrêtèrent devant la crypte, tombeau de la famille Orlshae, les morts étaient déjà là pour jouer au comité d'accueil, bien malgré eux d'ailleurs.
La soldatesque de Berce-Ame était loin de ses terres. Leizen ne s'en interrogea qu'une fraction de seconde. Elle s'était habituée au hasard facétieux qui s'amusait à réunir des individus incompatibles sur un même projet. Une Azeroth, pourtant gigantesque, ne suffisait pas à enrayer les caprices du destin. Et ils se retrouvèrent tous là, devant ces caveaux. Sûrement pour des raisons différentes mais néanmoins ils devaient s'accommoder, les uns et les autres, de leurs présences respectives.
C'eut été bien trop facile qu'ils acceptent sans rechigner... Le Clan des Lames Brisées ne comptait pas s'empêtrer de vivants, tout comme la Bien-née, fraîche mais hautaine, ne souhaitait pas se laisser commander par les défunts.
Une joute verbale, que Leizen aurait aimé éviter, débuta très vite. Menaces, insultes, mépris, tantôt à peine voilés, tantôt crus d'une franchise dérangeante.
La Major, silencieuse jusque là, allait porter une main à son front afin de tenter d'apaiser la migraine naissante provoquée par cet échange outrageant et pour le moins stérile lorsque Kiera, la Créative des Non-Morts, s'adressa à elle:


-Sauf votre respect Dame Alrun...
Vous n'avez rien à faire ici et ne nous serez pas utile.


Mais évidemment ! Pour sûr que je n'ai rien à faire ici ! Il me vient rarement l'envie d'avoir à visiter des tombes ! Voilà ce que tout son être voulu crier à la Draeneï.
Elle n'était pas à sa place et le savait très bien, était-il nécessaire de perdre du temps à ergoter là dessus ?
Visiblement, oui. Elle devait se justifier. Soit.


-Vous ne savez même pas pourquoi je me trouve là...J'ai une affaire à régler moi aussi. A défaut d'être utile, je ferrais en sorte de ne pas vous gêner.
-Quelle affaire ?


Elle voulut répondre mais l'Elfe Millénaire la coupa dans son élan. La Bien-Née cracha un "Ca ne vous regarde pas", suivit d'autres bravades injurieuses et, encore une fois, futiles.
Qu'elle se taise, bon sang. Qu'est-ce que cela aurait coûté de dire la vérité aux Non-Morts ? Pas grand chose. Tout au contraire, cela aurait écourté ce temps perdu à discutailler.
La Major ne crut pas s'en sortir. Les grossièretés reprirent de plus bel et allait bon train quand un "Il suffit" mit enfin un terme à cette improductive conversation.
Semelys Ronae venait d'arriver et ne comptait pas s'attarder en chipotages.
Leizen se surprit à bénir cette entrée. Pas trop tôt ! On va pouvoir avancer.
Elle avait pourtant tant de choses à lui dire, mais ce n'était pas le moment. Assez de discussion. Entrons dans ces cryptes et finissons en une bonne fois pour toute.
La petite troupe hétéroclite se mit en marche. La Major choisit une place 'stratégique' au milieu de la cohorte: pas trop devant, laissant les gros bras au front et pas trop derrière, histoire de ne pas tenir le rôle de l'inconscient qui se fait attaquer de dos.
Protégée de toute part par le bataillon, elle serait ainsi la dernière à prendre des coups si jamais les cadavres de cette cave se décidaient à venir les enquiquiner.
Malgré sa position elle ne fut pas épargnée par la montée d'une eau noirâtre et ragoutante qui ensevelit ses si jolies bottes. Elle, comme les autres, pataugeait dans de la mélasse visqueuse, mais elle plus que les autres, trouvait ça horripilant. Seule maniaque du groupe manifestement...
L'avancée ne fut pas entravée tant que ça par cette boue immonde. Les non-morts, guide en tête -l'oncle-, poursuivaient leur route sans trop d'inconfort. Tandis que Leizen maugréait toujours après cette flotte qui lui atteignait déjà les mollets.
Ils stoppèrent devant le premier obstacle. Une porte. Ils devaient la franchir, de l'autre côté se trouvait celle pour qui Leizen était là. Mais l'entrée tint bon. Ils eurent beau forcer, chercher un mécanisme d'ouverture, la porte ne céda pas.
La Major réussit à traduire les quelques symboles Arcaniques, inscris tout en haut de l'issue. La signification était simple et elle la lu à haute voix.


-C'est une personne...Dit-elle sans vraiment se comprendre en fait.

On ne lui prêta guère d'intérêt. Toujours à s'affairer autour de l'entrée close.
Puis Semelys comprit.


-Demande lui de s'ouvrir.

Bien que l'incongruité d'une telle idée aurait pu prêter à sourire, on ne discute pas les ordres de Ronae. On demanda donc, gentiment, à la porte de s'ouvrir.
Et..Elle s'ouvrit.
Bien sûr ! Comme indiqué, c'était une personne. Il suffit parfois de simplement demander pour qu'un individu obtempère.
Leizen jubila intérieurement. Combien de fois lui avait-on rit au nez lorsqu'elle affirmait que la politesse pouvait faire plier certaines barrières. Là ! Là maintenant, ils en avaient la preuve.
Pas le temps de flatter d'avantage son égo', ils entrèrent puisque plus rien ne les en empêchait.

Dégoûtant. C'était absolument dégoûtant.
A quoi s'attendre d'autres dans un tombeau ?
Sur des crocs de boucher, ou bien de simples fils, pendaient, ça et là, des morceaux de chair. Membres diverses : pieds, bras, cuisses...
Puis tout au fond de la salle, la maîtresse des lieux. Leizen hésita, était-ce une femme avec un corps monstrueux d'araignée ou une arachnide avec une tête d'humaine. Bah, détail sans importance.
C'était dégoûtant.

Semelys fut emporté le premier. Ses hommes réagirent aussitôt.
Les aider ? Non, non, non. Leizen avait promit de ne pas gêner. C'était tous des combattants aguerris, sauf elle. Inutile de trainer dans leurs pattes surtout qu'ils devaient s'en défaire de Huit. Des huit pattes infectes de la bestiole, une tenait fermement Ronae, les autres servaient d'armes contre les non-morts.
Alors que la lutte s'engageait, La Major contourna l'échauffourée en rasant les murs, profitant que l'attention de la marâtre soit occupée avec ses assaillants. Elle se dirigeait aux sons, aux pleurs, pour rejoindre la petite fille qui en était à l'origine.
Sa soeur, tout du moins l'esprit de sa soeur. C'est compliqué à expliquer, surtout pour une pragmatique comme Leizen.
Essayons:
La femme-araignée n'est autre que la véritable mère des soeurs adoptives du Major, Liucia et Tienebra. On ne devient pas une bête aussi répugnante sans avoir fait de vilaines choses, cela va s'en dire. Et leur génitrice en avaient fait de nombreuses.
L'une de ces exaction consistait à retenir Liucia prisonnière, l'esprit de Liucia et à la torturer. Le corps de la gamine était à l'abri mais son âme était dérangée par les basses entreprises de l'arachnide.
Il fallait donc tout simplement -façon de parler- l'en libérer.
Voilà pourquoi Leizen était ici. Sortir sa soeur de ce guêpier, même si pour cela elle devait vadrouiller dans des tombeaux.

La gamine, elle fini par la trouver. Assise au sol, la petite lui tendait déjà les bras. Alors qu'elle acceptait l'étreinte et soulevait Liucia, La Major se rendit compte qu'il manquait des jambes à ce minuscule corps malmené.
Un donné pour un rendu.
L'araignée qui avait prit ces membres était, elle aussi, en train d'en perdre. La troupe du Clan des Lames Brisées avait réussit à la mettre au sol et tranchait une à une les pattes de l'immondice pour la faire parler, en vain.
Semelys, qui comprit que la chose ne dirait rien, la tua brutalement en utilisant l'un des morceaux sectionné comme épieu et transperça l'abdomen gonflé de l'araignée.
C'en était fini.

Leizen, malgré l'endroit qui lui donnait toujours des hauts le coeur -et encore plus maintenant que le monstre gisait au sol, mutilé- prit le temps de réconforter sa soeur.


-Je t'aime, Leizen. Je pensais que tu serais fâchée.

Fâchée ? Pourquoi diable serait-elle fâchée..?
Elle demanda.


-Pourquoi ?
-Je sais plus.


Liucia ne savait plus et la Major n'en doutait pas un instant.
Née Orlshae, Liucia avait hérité de la mémoire instable de cette famille.
Souvenirs incertains, esprit bancal. C'était coutumier dans leur lignée.
Tout au contraire des Alruns, qui eux, avaient la mémoire parfaite.
Esprit eidétique, ils retenaient tout, même ce qu'ils souhaitaient pas.
Leizen s'était demandée si cette opposition n'était qu'un hasard. Une farce encore du destin qui avait lié deux descendances aux capacités inverses.
Mais son père n'avait sûrement pas choisit les deux jeunes jumelles par accident. C'était un acte réfléchit, elle en était persuadé.
Lorsqu'on lui avait annoncé l'adoption, La Major avait accueillis les fillettes de quinze ans comme de véritables soeurs de sang.
Elle les considérait ainsi et les aimer de ce fait, bien qu'elle le leur dise rarement.


-C'est qui elle ?
-Kiera. Elle va te recoudre des jambes.


La Draeneï s'était installée pour faire son oeuvre. Couturière et créatrice, elle mettait à disposition son talent pour réparer l'enfant martyrisé.
Raccommoder un esprit, étrange idée.
"Tu pourras encore courir en rêve", avait dit Ronae. Alors Leizen avait laissé faire.


-D'habitude je fais ça sur des goules. Comme à Atreval.

La Major plissa les yeux, mal à l'aise. Kiera l'avait fait exprès. Oui, elle avait fait exprès de parler de ce siège.
Leizen se souvenait avoir interdit à la non-morte de relever les morts croisés pour en faire une armée de charogne, menaçant la Draeneï de l'enfourner dans un portail pour Hurlevent vite fait bien fait si elle la surprenait à trifouiller les cadavres.
Évidemment, on ne l'avait pas écouté. Pour le Clan des Lames Brisées, cette chair était à eux. Leur curée, leur du. Pour Leiz' c'était ses regrets, ses fautes.


-Atreval..Un homme m'en a parlé aujourd'hui...Ah ! C'est pour ça que je pensais que tu serais fâchée... avait affirmé Liucia, triomphante d'enfin se remémorer.
-Qu..quoi..?
-Un homme est venu me chercher.
-Rouge et or..?


Leizen posait la question mais savait déjà. Purification, Rétribution...Cherrug...il lui avait finalement prit sa soeur.
Fâchée, oh oui, elle était fâchée. Inspirant à grandes goulées, malgré l'air nauséabond de la crypte, pour se calmer.
Sa colère n'était pas dirigée vers Liucia, autant ne pas la lui montrer, autant ne pas l'inquiéter.
Feindre. Se contenir. Promettre..
Lui promettre.
Leiz' n'a qu'une parole. C'est d'ailleurs ce qui avait causé l'assaut de la forteresse des Croisés. Aubren saurait comprendre.


-Bien, Liucia, écoute moi... Tu vas te réveiller et te tenir sage.
-Je le suis, je raconte des histoires à Illyas !
-Ne lui dis rien de toi, rien de nous. Fuis si tu le peux et si tu ne le peux pas, je viendrais te chercher. Je te le promet. Dis le lui, à l'homme, que j'ai promis...Il saisira.
-D'accord. Je t'aime Leizen.


La Major l'avait enlacé sans répondre.
Car il y a des choses qu'on ne dit pas..
Pas comme ça.
Puis elle s'était levée, elle n'avait plus rien à faire ici. Les Non-Morts, eux, devaient continuer. Le reste des découvertes dans cette crypte leur appartenaient, plus à elle. Plus maintenant.
Leizen les salua et les laissa là, elle avait à faire ailleurs.

Un peu plus tard, elle apprit la nouvelle de l'enlèvement de Liucia à Tienebra, la jumelle. Comme La Major l'avait apprehendé, Tien' voulu rejoindre sa soeur sur le champ.


-Je t'en prie, Tien', n'y va pas. Je n'ai pas le droit de t'interdire d'aider ta soeur, mais je le suis aussi, aide moi également. Ne me fait pas ça..Ne va pas là-bas. Tu me soutiendra lorsqu'il faudra la retrouver. Tu seras utile. Ainsi tu l'épauleras, elle, et m'épauleras, moi. Mais n'y va pas..n'y va pas.

Elle avait été franche, montrant son incapacité à avoir pu protéger l'une d'entre elle, La Major voulait réparer l'erreur avec la seconde. La garder sous surveillance. Son aveu et sa réelle affection enfin démontrée avaient réussit à convaincre Tienebra.

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Trois coups longs, un coup bref, deux coups longs.
C'était une signe de ralliement chez les Pirates.
Leizen l'avait apprit et déduit à force d'observation. Elle se doutait bien que chaque équipage possédait ses propres codes, et que celui-ci pouvait ne rien signifier pour Saig, mais tant pis, au moins sa venue était annoncée.
Elle entra dans le dortoir de la caserne, s'approcha du lit de camp du marin, qu'elle secoua par l'épaule s'il n'était pas déjà éveillé.
Resta silencieuse. Laissant s'exprimer l'irritation aux travers de ses yeux crépusculaires. Elle était fâchée.
Inutile de le dire..
Car encore une fois, il y a des choses qu'on ne dit pas...
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Ce qu'on ne dit pas.

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