Kul Tiras pourrira !

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Citation :: Capitaine Rocvent

J’espère que vous vous portez toujours bien, ainsi que votre famille et le reste de la Compagnie. Si vous êtes toujours inemployés, j’ai pour vous une proposition de mission à Kul Tiras, pour le compte de l’Alliance.

Il semblerait que l’archipel soit menacé par des primalistes infiltrés utilisant, entre autres, la Putréfaction, une forme de magie élémentaire destructrice, ou peut-être plutôt dégénérative. Quoi qu’il en soit exactement, il s’agit d’une menace pernicieuse pour toute forme de vie.

Si vous acceptez cette mission ( et j’espère que vous le ferez ), rendez-vous à Boralus, au quartier général des forces de l’Alliance dans le quartier de l’Armurerie Corsandre. Demandez à voir le capitaine Georst Hölndrecht. Vous aurez plus de détails sur la situation, et votre mission.

De mon côté, je vais faire des recherches dans les Îles draconiques : des tribus de gnolls pratiquent la magie de la Putréfaction, et j’imagine que les primalistes ont, d’une manière ou d’une autre, appris celle-ci grâce à eux.

Qu’Elune vous guide et vous protège.

Sylhein

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Le retour au dépôt de bois d’Algerson se déroula sans incidents : les bois étaient calmes, quand bien même cela n’était que partiellement rassurant. Sur le trajet toutefois, le contremaître Bell insista pour vérifier l’état des arbres, constatant ainsi qu’en s’éloignant de l’antre de la matriarche, ceux-ci semblaient redevenir sains. Néanmoins, une partie importante de la forêt était vraisemblablement corrompue.

Une fois arrivée, Tom recommanda à Abermalt et Amberina d’aller se faire examiner par un eaugure, leur indiquant un entrepôt qui avait été transformé en infirmerie improvisé, tandis que de son côté il allait rapporter ses découvertes sur l’état des bois au patron, marmonnant que cette fois Algerson serait bien obligé de faire quelque chose, ou son entreprise toute entière coulerait.

Laissés à eux-mêmes, les deux membres de la compagnie purent observer le retour des équipes de recherche, lesquelles avaient de toute évidence dû se battre pour récupérer les ouvriers capturés. Ceux-ci paraissaient dans l’ensemble mal en point, arborant pour la plupart des blessures qui semblaient déjà infectées. De toute évidence, les eaugures allaient avoir fort à faire pour soigner tout le monde.

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Voyant le nombre de blessés parmi les ouvriers, Abermalt aura souhaité que son passage à l'infirmerie fut bref, mais il avait été mordu et la chose restait préoccupante pour les soigneurs. Quand finalement il fut relâché, le vieux combattant partit directement s'assoupir à l'auberge où il se réveilla le lendemain pour constater la douleur lancinante que l'ébriété lui avait épargné la veille.

En vue de l'assaut sur la tanière de la matriarche, le capitaine se sera procuré quelques objets utiles sur le chantier. Notamment une lampe à huile pour éclairer la grotte et enflammer d'éventuels opposants, ainsi qu'une scie pour découper les arbres et branchages plus efficacement !

Il laissera par ailleurs Amberina s'occuper de refaire sa réserve d'explosifs.

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En rentrant au dépôt de bois, Abermalt, Amberina et Ashleen découvrirent que les bûcherons avaient reçu une visite bienvenue : un parlépine et son disciple, en chemin pour rejoindre la vallée de Chantorage, avaient fait étape, alarmés par la situation de l’endroit. En ayant appris plus de la bouche des bûcherons, ils avaient décidé d’intervenir immédiatement et de profiter de la diversion offerte par l’opération du trio pour aller mettre fin à la menace posée par la matriarche, et tout autre chose qui pouvait se trouver dans sa caverne.

Ils n’avaient guère rencontrés d’ennemis en chemin : les expéditions de la veille avaient considérablement réduit le nombre d’animaux infectés qui rôdaient dans les bois, et ceux qui restaient semblaient de plus en plus consumés par la putréfaction, réduisant paradoxalement la menace qu’ils posaient.

Arrivés à la grotte toutefois, ils s’étaient heurté à un duo de primalistes qui montaient la garde tandis qu’à l’intérieur était mené un rituel : les bûcherons avaient rapidement mis en déroute ces sentinelles et les parlépines avaient entamés leur propre rituel afin de contrer celui mené à l’intérieur.

S’ils avaient senti la tension de l’affrontement magique, les bûcherons étaient dans un premier temps restés spectateurs, ne sachant comment assister les parlépines et n’osant pas se confronter directement à ce qui se trouvait dans la grotte. Néanmoins, ils avaient pû sentir que les druides, peu à peu, se retrouvaient en difficulté, leur magie repoussée par celle qui se tramait dans la grotte.

Lorsque soudain, la silhouette indistincte, presque spectrale, d’une araignée géante s’était profilée sur le seuil de la grotte, les bûcherons avaient fini par agir, quoique dans la confusion et gagnés par une horreur grandissante : certains avaient attaqués l’apparition de leurs cognées, d’autre avaient lancé lanternes et torches contre elle et dans la grotte, tandis que le contremaître Tom Bell utilisaient ses derniers explosifs.

Ce sursaut de la part des bûcherons avait fait pencher la balance : les parlépines avaient repris de l’assurance, l’apparition arachnoïdes s’était repliée, et rapidement un véritable brasier avait éclaté dans la grotte, que les bûcherons avaient entrepris d’alimenter en abattant les arbres alentours, la répugnance causé par leur état de putréfaction surmontée par l’urgence de la situation.

Lorsque bûcherons et parlépines avaient pris le chemin du retour, la grotte n’abritait plus que des cendres et des débris calcinés.

* * *

Le lendemain matin, Ashleen avait rallié quelques bûcherons et le parlépine pour retourner à la maison incendiée la veille, invitant Abermalt et Amberina à l’accompagner pour chercher quelques indices et inspecter l’endroit plus avant à la lueur du jour. La récolte s’annonçait maigre cependant, mais rien n’était à négliger.

Concernant le livre sauvé par Amberina, il s’agissait d’un recueil d’histoires portant sur les actions des sorcières à Drustvar, il y a quelques années de cela. Des annotations codées ont été ajoutées, mais cela indique visiblement que les primalistes s’intéressent d’assez près à ces événements.

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Abermalt, Amberina et le reste de la Compagnie arrivé à Boralus, après avoir passé la nuit dans l'auberge de leur choix, reçurent un courrier apporté par l'une des personnes qu'ils avaient pu voir au rez-de-chaussé de chez Griffith & associés, la veille :

Citation :

Quelques suggestions de clients à rencontrer pour nos affaires communes.

Big Eddy est spécialisé dans les affaires ‘discrètes’ avec Drustvar : il connaît la plupart des personnes qui opèrent illégalement entre Boralus et cette région, et pourra certainement vous en dire plus sur ce qui se trame là-bas. Le livre que vous m’avez ramené m’incite à garder à l'œil au moins la partie orientale de Drustvar, du fait de son éloignement avec Corlain.

Lize, dite ‘la douce’, opérait au nord de la rade avant de venir s’installer définitivement à Boralus pour y superviser ses affaires. Bien sûr, elle est toujours en contact avec ceux qui font de la contrebande depuis le Quai du Trident et autres malfrats de la Sylve du Vent d’ouest. Cette région, particulièrement boisée, reste difficile à surveiller efficacement tout en représentant une certaine… tentation, au vu de ce à quoi vous avez assisté.

Clarence B. Walsh est en quelque sorte le représentant officieux de Port-Liberté à Boralus : si vous souhaitez acheminer des marchandises depuis l’un vers l’autre sans que les autorités s’en mêlent, il est votre homme. Comme vous l’avez fait remarqué, Port-Liberté constitue une faille importante et difficile à contrôler, que nous devons surveiller.

Vous n’aurez sans doute pas l’occasion de tous les rencontrer : choisissez la piste qui vous semble la plus intéressante, je ferai en sorte de m’occuper des autres.

Pour rencontrer ces braves gens, je vous ai déniché un guide : il vous attendra demain soir, dans la gargotte qui flanque le coiffeur à l’entrée nord de méchumide. Vous le reconnaîtrez à ses habits oranges - inutile de me mentionner.

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Une fois la fureur de Lize relativement calmée, celle-ci commença à fournir un certain nombre de renseignements à Amberina et Altaya.

Un certain nombre de primalistes avaient emprunté ses navires pour atteindre le nord-ouest de la rade discrètement, plus d’une dizaine, mais ce nombre n’était sans doute pas représentatif de leurs effectifs réels : il était plus simple de se déplacer par voie terrestre que de transporter des marchandises de cette manière quand on ne voulait pas que des importuns y mettent le nez, et de fait, les primalistes transportés étaient sûrement là pour veiller sur les cargaisons.

Concernant celles-ci, Lize ne pouvait malheureusement être d’un très grand secours, ce qu’elle regrettait beaucoup, mais les caisses et autres conteneurs transportés étaient tous bien fermés, la nature de leur contenu difficile à deviner. Toutefois, des glyphes avaient été tracés sur plusieurs caisses, certainement pour mieux protéger leur contenu.

L’une des cargaisons, cependant, n’avait pu être dissimulée aux yeux de ceux qui l’avaient transportée : il s’agissait d’un gnoll, enfermé dans une cage. Lize ne l’avait pas vu, mais on lui avait rapporté que la créature paraissait malade et étrangement calme - quoique concernant ce second point, il s’agissait sans doute de l’action d’un sédatif pour faciliter son transport.

L’endroit où ces primalistes avaient demandé à être débarqué était peut-être plus intéressant : peu après le domaine Norwington, sur un petit bout de plage isolé. De là, il était facile de gagner la Sylve du vent d’ouest discrètement en évitant tant le domaine que le Quai du Trident. De fait, d’autres primalistes attendaient généralement l’arrivée des cargaisons avec des chariots. La dernière livraison remontait à seulement quelques jours, suivre les traces laissés par ceux-ci devait sans doute être possible.

Si ses interlocutrices voulaient atteindre la plage en question, toutefois, Lize conseillait de passer par les terres - ou éventuellement de recourir à ses services : la côte sous le domaine Norwington était mauvaise - banc de sables traîtres, brouillards fréquents, sirènes - et il était facile de s’échouer, ou pire, quand on ne connaissait pas l’endroit. Ce qui, bien sûr, en faisait un endroit parfait pour les contrebandiers.

En parlant de contrebandiers, les primalistes s’étaient intéressés à ceux qui opéraient aux alentours du Quai du Trident, prétendant qu’ils auraient sans doute des marchandises à faire passer de ce côté-là de la Rade. Lize avait répondu que c’était autrement compliqué, le Quai étant plutôt un port de pêche étendu qu’une port de commerce, mais qu’il existait certains chemins à flanc de montagne que certaines personnes empruntaient parfois. Elle était resté plutôt vague, mais pour Amberina et Altaya, elle pouvait certainement être plus précise, attendu qu’il s’agissait de protéger Kul Tiras.

De manière générale, ces primalistes semblaient avoir une bonne connaissance de la région malgré leurs questions. A plusieurs reprises, certains des hommes d’équipage de Lize les avaient entendu parler des baroudeurs qui menaçaient de les débusquer, et en une occasion ils avaient surpris une conversation concernant les troggs qui vivaient à l’est de la Sylve. En dehors de cela, ils étaient restés plutôt discrets.

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Si Amberina, Altaya et leur compagnon de route nain espéraient trouver un accueil chaleureux en arrivant au camp des baroudeurs, celui-ci tarda un peu : à la place, ce furent des arbalètes pointées sur eux qui les accueillirent. Après que le nain ait réclamé la présence de Tak à grands cris, un certain nombre d’explications furent encore nécessaires avant que les armes ne soient baissées et que le trio ne fut admis dans le camp.

Celui-ci n’était pas très développé : il n’y avait qu’un seul bâtiment, complété par plusieurs tentes. Mais c’était tout de même un havre où se reposer et reprendre des forces, tout en récoltant des informations fraîches sur la situation locale, que Tak, le boss des baroudeurs, donna volontiers.

Les Primalistes étaient bien présents et actifs dans la sylve, et s’ils n’avaient pas encore tenté d’attaquer directement le camp des baroudeurs, ceux-ci étaient clairement menacés : des élémentaires d’air s’en prenaient à eux lorsqu’ils tentaient de survoler la sylve, tandis que la plupart des animaux qui y vivaient étaient devenus extrêmement agressif et visiblement malades.

Le camp des baroudeurs n’était pas encore entièrement isolé, mais leurs mouvements étaient limités : ceux-ci, toutefois, n’entendaient pas abandonner leurs positions, même s’ils n’étaient pas des combattants et que leur nombre n’augurait pas une issue favorable à un affrontement direct.

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Pendant que Altaya et Amberina trimaient et rampaient dans la boue, Abermalt était arrivé au domaine de Norwington avec les griffons de la compagnie et un tonneau de whisky gilnéen.

Des bêtes à exposer et de l'alcool pour le maître des lieux devaient lui assurer d'être le bienvenue parmi les nobles amateurs de chasse et d'équitation. Par la suite, c'est avec des récits de chasses et de combats que le vieux soldat se frayera un chemin jusqu'à la famille Norwington dont les doyens avaient certainement des souvenirs de la Deuxième Guerre en commun avec lui.

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En cheminant vers le domaine Norwington sur la route qui reliait Boralus au Quai du Trident, Abermalt aura pu constater que celle-ci était peu fréquentée : les rares marchands croisés paraissaient pressés d’atteindre Passegué, et affichaient des mines inquiètes. Aux éventuels question du worgen, ils répondirent que la route n’étaient plus très sûre, et qu’ils avaient subis quelques attaques et incidents : des animaux sauvages déchaînés, notamment le long de la rivière, et d’autres phénomènes plus diffus mais tout aussi inquiétants, des grondements de tonnerre alors que le ciel était dégagé, des coup de vent portant des odeurs pestilentielles, et des hurlements à glacer les sangs dans les hauteurs de la Sylve, pire que ceux des loups. Sitôt arrivés à destination, ils allaient présenter une requête officielle à l’amirauté pour que des patrouilles soient envoyées, mais en attendant, mieux valait faire des affaires ailleurs.

Ainsi prévenu, Abermalt n’aura pas été particulièrement surpris lorsqu’un trio de saurolisques qu’il avait repéré sur le bord de la rivière se précipitèrent sur lui et les griffons, et avec l’aide de ceux-ci il n’eut aucune peine à s’en défendre, deux des saurolisques trouvant la mort sous les serres ou les coups de masse, le dernier préférant s’enfuir. Contrairement à ce qu’il avait pu voir dans la forêt d’Algerson, ces animaux semblaient relativement sains, juste particulièrement agressifs. Le reste du trajet se déroula sans incident autre qu’une nervosité croissante des griffons, notamment lorsque retentirent les appels d’autres griffons, sauvages ceux-ci, depuis le sommet d’une haute colline. Du fait de leur entraînement cependant, ils gardèrent leur calme, dédaignant de répondre à leurs congénères.

Une fois arrivée au domaine, Abermalt fur accueillit chaleureusement, son présent particulièrement apprécié - Norwington insistant pour lui faire déguster en retour et immédiatement quelques-uns des meilleurs alcools fins de Kul Tiras. Lorsque le worgen fit porter la conversation sur ses souvenirs militaires, son hôte lui confiera que s’il avait dans sa jeunesse participé à quelques actions sur le continent au sein d’unités de cavalerie, la guerre n’avait pas sa faveur. Sa femme toutefois ne manquait pas de récits dans cette matière, du fait de sa carrière au sein de la flotte tirassienne, et parmi les diverses personnes qui séjournait dans le domaine, plus d’une avait également participés aux anciennes guerres contre la Horde et participèrent avec plaisir aux échanges d’anecdotes.

La soirée était bien avancée, le repas terminé ayant fait place aux cafés, liqueurs, cigares et autres douceurs, lorsqu’un garde vint faire son rapport à Norwington, qui en réponse envoya celui qu’il avait présenté comme son conseiller, frère Ephraim. Une fois celui-ci parti, le seigneur des lieux confia en aparté à Abermalt que sa fille accompagnée d’une draenei venait d’arriver au domaine, qu’elles avaient visiblement vécu quelques aventures récentes, mais qu’elles étaient visiblement saines et sauves. Il avait envoyé frère Ephraim s’informer auprès d’elles, et dès que cela sera fait, il pourrait les rejoindre s’il le souhaitait. Pour le moment cependant, rien ne pressait.

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Le retour d’un frère Ephraim hagard et marmonnant pour lui-même des paroles inintelligible troubla quelque peu le flegme habituel du seigneur Norwington, qui annonça aussitôt la tenue d’un conseil de guerre à l’heure du thé - les membres de la Compagnie étant bien entendu invités à participer à celui-ci, d’autant plus qu’un message était parvenu des baroudeurs à leur attention.

Ceux-ci se rendirent à cette occasion compte que, si le domaine comptait un certain nombre de vétérans, la quasi-totalité d’entre eux avaient depuis longtemps laissé les arts de la guerre derrière eux pour se consacrer à ceux de la chasse, de l’équitation, et autres activités sociales. Le seigneur des lieux lui-même faisait plus montre d’une fougue irréfléchie que d’autre chose - heureusement tempérée par sa femme.

Néanmoins, le conseil permit d’établir une liste de menaces à contrer et d’opportunités d’actions :

- Le message des baroudeurs indiquait qu’ils avaient bien envoyé quelqu’un au Quai du Trident pour les prévenir de la situation, mais que peu après ils avaient subi une attaque directe des primalistes contre leur camp. Cette attaque toutefois n’avait pas été soutenue, et il s’agissait surtout de couvrir le déplacement d’un certain nombre de primalistes vers les hauteurs dominant le Quai du Trident.

- Le seigneur Norwington avait également des nouvelles déplaisantes : durant la nuit, l’un des gardes avait disparu alors qu’il patrouillait les abords du domaine. Aldrius en personne avait inspecté les alentours du domaine pendant qu’Altaya et Amberina accompagnait Ephraim, et il avait rapidement trouvé des traces de gnoll qui se dirigeait vers le Val renard, une vaste étendue boisée qui s’étendait à l’est du domaine et qui constituait le terrain de chasse favori du seigneur et de ses invités.

- Il se posait également la question des troggs : outre le fait que les primalistes avaient fait mention de ceux-ci lorsqu’ils voyageaient grâce aux services de Lize, Norwington s’inquiétait du fait que, si les défenses de son domaine se trouvaient affaiblie, ceux-ci tenteraient sûrement de lancer une attaque contre lui. Malheureusement, pour le moment, il n’avait aucune nouvelle les concernant, personne ne s’étant aventuré du côté de leur repaire, la faille bruineuse.

- A la fin du conseil, Norwington proposa également une idée risquée : si les primalistes avaient en partie quitté leur camp principal, c’était certainement l’occasion de lancer un assaut directement contre celui-ci ! D’autant plus qu’ainsi, cela permettrait sûrement de se débarrasser des élémentaires d’air qui clouaient les baroudeurs au sol ! Il était par ailleurs possible de contourner la Sylve en suivant un sentier qui passait entre celle-ci et la faille bruineuse pour attendre les abords du glacier qui surplombait leur camp ! Toutefois, si Aldrius faisait preuve d’un grand enthousiasme pour cette idée, sa femme était plus réservée.

Quoi qu’il en soit, le devoir du seigneur Norwington était envers son domaine, ses invités et ses habitants. Avec des gnolls qui rôdaient et des troggs qui menaçaient certainement, il ne pouvait guère faire autre chose que préparer les défenses du domaine et mener éventuellement quelques actions limitées, de préférence bien sûr en coordination avec la Compagnie.

Celle-ci, cependant, trouva un nouvel allié dans la personne du parlépine qui s’était installé dans le domaine, Oswyn Hedgebourne, et qui, s’il avait assisté au conseil, n’avait guère été disert - plusieurs abeilles lui tournaient constamment autour et faisaient régulièrement des expéditions vers les sucreries disposées pour le thé, sans trop importuner les convives, ou sans que les convives n’osent trop les importuner en présence du parlépine. Celui-ci était prêt à les accompagner pour traquer gnolls, troggs, ou même pour tenter une attaque directe contre le camp des primalistes.

Concernant le Quai du Trident, la Compagnie disposait du nom d’un contrebandier local donné par Lize, qui pourrait les mener jusqu’aux endroits dans lesquels les primalistes étaient susceptibles de se cacher. Par contre, pour ce qui était de les aider ensuite, c’était moins assuré - tout dépendait sans doute de la motivation qui serait appliquée.

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Les contributions d'Abermalt et Altaya à ce débat montrèrent bien que s'ils étaient du même sang, ils n'étaient pas forcément de la même trempe.

Là où la fille suggérait une opération d'extraction du garde capturé par les gnolls, Abermalt avançait les vertus d'une battue qui débarrasserait les bois de la présence des créatures. Et là où le guerrier proposait de prêter main-forte aux baroudeurs pour augmenter les chances d'une percée dans le camp ennemi, la rôdeuse évoquait plutôt l'idée de débusquer les primalistes avec l'assistance des contrebandiers du Quai du Trident.

Le vieux combattant s'était montré enthousiaste à l'idée de prendre les devants et attaquer le campement, mais il avait fallu lui rappeler que sentier de montagne et élémentaires d'air faisaient rarement bon ménage. Puis il restait la question des troggs, qu'Altaya souhaitait élucider avant de passer si près de leur repaire.

La discussion entre le père et la fille se faisait essentiellement entre voix et gestes, qu'Abermalt traduisaient au moins pour le reste de l'assistance. Ils étaient au moins d'accord sur deux points : leurs actions ne seraient des coups dans l'eau si le domaine de Norwington n'était pas sécurisé et s'ils ne coupaient pas aux primalistes l'accès à des renforts.

Quant à l'apport du parlépine dans tout cela... Ils préféraient apprendre à le connaître avant de l'inclure dans leurs plans. Il ne connaissait vraiment qu'un seul druide et il avait sa façon particulière de faire les choses.

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Lorsque Amberina, Abermalt et Oswyn reprennent le chemin du domaine Norwington, le soleil commence tout juste à se lever. Le Val Renard reste toutefois dans l’ombre de la haute colline qui domine l’endroit, forçant ainsi le groupe à rester attentif à d’éventuels pièges qu’ils n’auraient pas repéré à l’allé. Mais tandis qu’ils progressent dans les bois clairsemés, ils sentent que l’équilibre naturel est revenu, qu’une menace contre celui-ci à été écartée, tandis qu’au sommet de la colline les griffons sauvages saluent le levé du soleil dans un concert de cris.

Une fois arrivés au domaine, accueillis par plusieurs personnes anxieuses dont le seigneur Norwington et son épouse, ils constatent que le groupe de chasseurs parti en même temps qu’eux n’est pas encore revenu, tout comme Altaya. Après quelque temps toutefois, les premiers finissent par arriver, en piteux état : la moitié sont morts, et l’autre souffre de blessures diverses. Tandis que les survivants sont amenés à une infirmerie improvisée, ceux-ci marmonnent en boucle à propos de pièges, d’embuscades, de miasmes fétides, d’animaux fous.

Altaya, quant à elle, finit par revenir en fin de matinée avec son rapport. Des primalistes sont présents dans le repaire des troggs, et ceux-ci se préparent visiblement à attaquer le domaine Norwington. Toutefois, la worgen a remarqué d’une part la pauvreté des armes des troggs, et d’autre part le fait que ceux-ci ne semblaient pas tout à fait adhérer aux directives des primalistes, refusant visiblement de participer à leurs rituels.

Dans la journée, deux nouveaux messages arrivent, le premier du Quai du Trident, envoyé par frère Therold et adressé à frère Ephraim : une corruption nouvelle semble se développer dans la baie et menacer les habitants de la ville, une corruption contre laquelle la magie de l’eaugure semble inefficace. Celui-ci demande l’aide de frère Ephraim et, si possible, du seigneur Norwington.

Le second message vient des baroudeurs : ceux-ci ont tenté d’effectuer une reconnaissance du camp des primalistes en allant sur le glacier qui le domine, mais n’ont guère pu progresser dans cette mission : les wendigos étaient encore plus agressifs que de coutume, et certaines des parois glacées avaient été marquées de grandes runes qui avaient causé un violent malaise parmi les baroudeurs.

Par ailleurs, en étudiant les documents trouvés dans la grotte du chaman gnoll, Abermalt découvrira notamment une compilation d’informations, de rapports de la deuxième guerre et autres récits de cette période, dont il ressort principalement qu’un dragon s’est sans doute écrasé dans les pics qui dominent le Quai du Trident. D’autres documents font références à des rituels utilisés par des gnolls pour conjurer une forme spectrale d’animaux morts grâce à la putréfaction, et des spéculations concernant les applications strictement nécromantiques de cette magie, éventuellement conjuguée à d’autres rituels impies.

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Quand elle se vit affecter sa nouvelle mission en territoire trogg, Altaya eut à peu près la même réaction que le seigneur Norwington : la tâche était trop grande pour une personne. Ou même deux, pour être honnête.

Quelques actes de sabotage pouvaient affaiblir suffisamment les troggs et leurs alliés pour rendre le siège supportable, mais stopper l'assaut avant qu'il ait lieu était un peu plus ambitieux. Il faudrait ici éliminer des chefs, faire disparaître des plans d'attaque et de l'équipement ou empoisonner des réserves.

Néanmoins, elle pouvait exploiter les tensions entre troggs et primalistes pour faire exploser cette alliance impromptue. Si Oswyn était capable d'en appeler aux aspects de la mort comme sont censés pouvoir le faire les parlépines, alors il serait possible de tuer quelques troggs et de faire porter le chapeau à leurs alliés. Si le druide se souvenait à quoi ressemblaient les totems des gnolls, il était aussi possible d'en introduire des copies dans les réserves des troggs, pour faire croire à une négligence ou une fourberie des primalistes.

Evidemment, assassiner un chef trogg plongerait leur communauté dans une période de luttes intestines qui offrirait un répit certain au domaine, mais Altaya n'était pas certaine de pouvoir mener à bien cette entreprise avec un si petit effectif. Gageant toutefois que le chef des troggs était celui possédant le plus gros et le plus méchant saurolisque, empoisonner la bête pouvait suffire à semer la discorde dans les rangs.

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Oswen tempéra certaines des propositions d’Altaya : certes, il pouvait agir sur les facteurs de décomposition d’un corps pour accélérer celle-ci, mais de manière strictement naturelle. Toutefois, si les primalistes comprendraient immédiatement qu’il s’agissait d’une supercherie, les troggs se laisseraient peut-être berner : au vu de leur réticence vis-à-vis de la Putréfaction, ils n’y connaissaient sans doute pas grand chose, et ils n’étaient par ailleurs pas non plus réputés pour leurs connaissances en magie druidique : de fait, ils étaient plus portés sur des magies élémentaires liées à la terre.

Concernant les totems gnolls, Oswen pouvait effectivement improviser des effigies qui y ressembleraient, mais celles-ci seraient inactives. Pour autant, cela pourrait effectivement semer le doute chez les gnolls en les dissimulant dans des endroits stratégiques.

Enfin, pour ce qui était d’empoisonner des saurolisques, si Altaya avait ce qu’il fallait, Oswen pourrait garantir une approche discrète en apaisant les bêtes, afin d’éviter qu’elles ne donnent l’alarme en réagissant agressivement. Par ailleurs, au-delà d’une dégradation des relations entre les primalistes et les troggs, priver ces derniers de leurs montures les empêcherait temporairement d’attaquer le domaine Norwington.

Par ailleurs, plutôt que d’essayer d’assassiner le chef des troggs, Oswen conseilla plutôt d’essayer d’éliminer des géomanciens et autres chamans troggs, pour renforcer l’idée d’une prise de pouvoir magique des primalistes. Sans compter que ceux-ci seraient sans doute moins protégés que le chef.

* * *

Lorsque de leur côté, Amberina, Abermalt et Gwendolen revinrent au domaine, celui-ci n’avait heureusement pas encore été attaqué : le seigneur Norwington avait envoyé la majeure partie de ses serviteurs au Quai du Trident, et ce qui restait s’était retranché au haut de la colline, abandonnant les bâtiments plus bas. Heureusement, les caves du manoir étaient profondes et bien garnies, même après avoir envoyé des vivres au Quai !

L’interrogatoire du prisonnier qu’ils avaient fait, lequel avait été assez grièvement blessé, fourni des détails sur l’opération que les primalistes avaient tenté sur la montagne : il s’agissait bien de réanimer un dragon mort dont les os se trouvaient au sommet du plus haut pic de la montagne, mais pour cela, il était nécessaire de faire plier les éléments, tant pour juguler les vents qui rugissaient perpétuellement dans les hauteurs que pour obtenir un moyen de se hisser jusqu’au sommet.

C’était ce à quoi s'employaient le primaliste capturé et ses acolytes lorsque la Compagnie les avait attaqués. La défaite des primalistes et la rupture du rituel, sans parler de sa corruption avec le totem récupéré par Abermalt, avait certainement eu des conséquences désastreuses : non seulement les vents avaient repris leurs droits, mais les éléments s’étaient sans doute particulièrement déchaîné après cet épisode de domination par les primalistes, et s’étaient vraisemblablement vengés contre ceux qui se trouvaient au sommet.

L’autre conséquence de l’assaut de la Compagnie était la libération des cieux pour les baroudeurs, dont plusieurs membres arrivèrent bientôt au domaine pour féliciter qui de droit et offrir leur aide, mais également apporter quelques nouvelles inquiétantes : au Quai du Trident, la situation semblait toujours inquiétante.

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Tandis que Kjaldar allait retrouver les Baroudeurs, frère Ephraim guida Amberina et Abermalt vers un autre eaugure, frère Therold, qui s’occupait actuellement de la défense de l’endroit avec Rosaline Madison, laquelle dirigeait un groupe de chasseurs de monstres auqatiques. Plusieurs gardes et officiers de l’amirauté avaient été tués par les primalistes, laissant la gestion de leur défense aux habitants - ce dont ils avaient globalement l’habitude, précisa Therold : le Quai du Trident était isolé, loin de Boralus, et de ce fait plutôt indépendant. Malgré cela, les primalistes s’étaient installés en nombre…

Seule une petite partie du port était toujours libre, le quartier résidentiel au nord-est : comme Abermalt et Amberina avaient pu le constater, le quartier des entrepôts, au sud-ouest, était entièrement occupé par les primalistes, lesquels s’étaient également emparés des deux murailles - les canons avaient heureusement pu être sabotés à temps pour les gardes. Les primalistes étaient également actifs dans la Crique de la Malédiction du Kraken, plus particulièrement au nord. Enfin, quelques-uns étaient sans doute toujours en poste dans les hauteurs surplombant le nord de la ville.

Concernant les options pour contre-attaquer, les deux eaugures en avaient élaborées quelques-unes avec la participation de Rosaline Madison.

Profitant de l’arrivée des Baroudeurs et de leurs griffons, Rosaline voulait reprendre la muraille sud grâce à une opération aérienne. Celle-ci dominait le quartier des entrepôts et pourrait être facilement tenu contre d’éventuelles contre-attaques des primalistes, mais surtout Rosaline espérait pouvoir réparer certains des canons de la muraille pour bombarder les primalistes.
Le quartier des entrepôts était bien défendu, notamment contre des attaques aériennes ainsi qu’Amberina et Abermalt avaient pu le constater, aussi Rosaline envisageait un long détour par Drustvar afin d’aborder la muraille par le sud. Toutefois, même si cela permettrait d’échapper globalement aux sorts des primalistes, les dernières rumeurs en provenance de Drustvar rendaient la perspective d’un survol de la région inquiétante.

Les deux eaugures, de leur côté, s’inquiétaient plus de ce que les primalistes faisaient dans la crique, notamment après les informations apportées par Abermalt et Amberina concernant la défection d’une eaugure et sa volonté de retrouver des reliques. Ils voulaient plutôt lancer un assaut contre la muraille nord et au-delà, contre les primalistes qui occupaient la crique. Pour eux, reprendre le quartier des entrepôts viendrait ensuite.
Si le plan des eaugures consistait à forcer le passage au niveau du pont qui reliait la muraille nord à la ville en pariant sur la surprise de l’attaque et un peu de magie, Amberina et Abermalt savaient qu’il existait des sentiers de contrebandiers dans les hauteurs, et grâce à Lize, avaient le nom de l’une d’entre elles - une certaine Chrysanthème.

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Même s'il avait eu un aperçu des forces primalistes en présence dans la partie sud des quais, les incertitudes et dangers présentés par la région de Drustvar poussèrent Abermalt d'une part à écarter l'idée d'un assaut par cette voie et d'autre part à s'inquiéter pour son fils qui se trouvait actuellement dans la région. Si c'était possible considérant la situation et l'isolement du Quai, le capitaine aura donc fait suivre une missive à destination d'Alduriandre pour s'enquérir de la situation là-bas.

Qui plus est, le capitaine considérait les inquiétudes des eaugures comme justifiées. Et heureusement il disposait de l'atout avancé par Lize car forcer le passage au delà des remparts se serait avéré difficile. Il s'enquit donc auprès des personnes réunies autour de la table de savoir si elles connaissaient cette dénommée Chrysanthème.