[Les textes suivants ont à l'origine été préparés pour la Veillée des Contes et sont inspirés de vraies légendes orientales]
Le Prunier d'Or
Il était une fois deux frères, l’aîné se nommait Gao Lin et le cadet Gao Den. A la mort de leurs parents, les deux frères eurent un bel héritage à se partager, leur famille possédant de vastes terres dans la vallée des quatre vents. Gao Lin, était un véritable modèle… un modèle d’avarice et de cupidité, il profita de sa condition d’aîné pour s’emparer de la quasi-totalité de l’héritage. Il ne laissa à son frère et son épouse qu’un petit cabanon isolé des terres cultivées, avec seulement un vieux prunier aux fruits juteux mais tout rabougris. Gao Den, lui, était un modèle d’humilité et de bienveillance, aussi il accepta de s’en contenter sans rechigner et s’affaira avec sa femme à entretenir au mieux leurs maigres possessions.
Lorsque vint la belle saison, le prunier donna de beaux fruits mais très vite un corbeau immense vint les dévorer en quantité. Gao Den ne put que se lamenter, son épouse maintenait que sans les fruits de l’arbre ils souffriraient de la faim. Mais leur complainte fut entendue, et par l’oiseau lui-même. A leur très grande surprise, le corbeau vint s’adresser à eux dans la langue pandarène.
« Des prunes je mange, de l’or je rends. Remplissez-moi un sac de ces fruits et suivez-moi. »Incrédules, Gao Den et sa femme remplirent un sac moyen de prunes et attendirent le retour de l’oiseau. Lorsqu’il revint, il ne tarda pas à se repaître des fruits juteux et lorsqu’il eut terminé, il prit le sac vide dans son bec et invita Gao Den à monter sur son dos. Le brave pandaren s’exécuta et fut d’abord effrayé tandis qu’il prenait de l’altitude, mais il sut vite s’y faire et partit vers le large, au-delà des côtes de Krasarang, au sud. Le corbeau se posa finalement sur une île recouverte d’or et de pierres précieuses, et Gao Den, subjugué, put en remplir son sac avant que son bienfaiteur ne le ramène chez lui.
Dès lors, lui et sa femme vécurent dans l’opulence et ne manquèrent plus de rien. Jusqu’au jour où cela fit précisément un an que les parents avaient rendu l’âme. Gao Den, généreux, invita son frère aîné à venir partager un repas, mais Gao Lin n’éprouvait que mépris et dédain pour ce frère stupide dont il croyait s’être débarrassé. Il accepta à contrecoeur et fut stupéfait par le luxe de la demeure de son cadet. Curieux, il voulut savoir comment cela était possible, et Gao Den fut franc avec lui, racontant l’histoire du corbeau dans les moindres détails. La cupidité de Gao Lin prit encore le dessus, et il proposa à son frère d’échanger l’intégralité de ses possessions contre sa paillotte et son prunier. Gao Den accepta.
Gao Lin remplit alors deux immenses sacs de prunes pour attendre le corbeau. Ce dernier fut à l’heure et dévora sans mal tout ce qui lui était offert, avant d’emmener le frère aîné sur l’île aux richesses. Dao Lin remplit alors ses deux grands sacs d’or et de joyaux avant de remonter sur le dos du corbeau. Mais alors qu’ils prirent le chemin du retour, l’oiseau perdit lentement de l’altitude en vol sous le poids décuplé des sacs, encore et encore… et n’atteignit jamais le rivage. Pas plus que Gao Lin.
L’histoire fit grand bruit et la réputation de Dao Lin fut salie par tous, à une exception près. Jamais Gao Den n’éprouva autre chose que de la tristesse à la disparition de son frère, et nulle rancœur ne le rongea jusqu’au jour de sa propre fin.