Compagnie du Loup Gris
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 Histoires de famille

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Abermalt

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MessageSujet: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeMar 30 Mar - 11:10

[HRP] Hopla, ça va faire genre deux semaines que je voulais écrire un ensemble de petits textes qui racontent des interactions entre les différents perso de la famille Rocvent. Vu que ce sont tous mes perso, ces interactions sont très minimes en jeu, donc je voulais leur donner un peu d'espace pour pouvoir développer un peu plus les relations entre chacun.

Ça a été un peu laborieux et j'ai du me retrouver bloqué une ou deux fois, ce qui a du coup bloqué l'écriture des rumeurs sur le topic de la campagne elle-même, mais la première fournée est prête. D'ailleurs, j'ai hésité entre poster ces morceaux de vie dans un topic à part et les poster à la suite du topic aventure actuel. Mais finalement, je me suis dis que ce nouveau sujet pourrait vous servir à vous aussi et qu'il serait utile peu importe la campagne en cours ! A titre perso, il me servira sûrement d'aide mémoire pour les relations entre mes personnages.

Ici donc vous pourrez raconter ce que vous voulez sur la vie de vos perso. Par exemple vous pourrez parler de la vie d'Amberina chez ses mamans, de ce que font les deux sanctebiquettes en ce moment, des études de Yerisha avec la dryade de cristal, les patrouilles et absences de Katanja ou les dernières vadrouilles de Veldrin, voir carrément des flashback lointains des vies de vos perso, qui ne vaudraient pas forcément que vous leur ouvriez un topic dédié ! Bref, il permettra de raconter tout ce que vivent vos perso et que vous n'avez pas l'occasion de faire passer ig !  [/HRP]


Dernière édition par Abermalt le Mar 30 Mar - 11:45, édité 1 fois
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Abermalt

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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeMar 30 Mar - 11:14

Peu après leur téléportation au repaire de la compagnie, Tym et Alduriandre s'étaient rapidement séparés du groupe pour explorer la demeure abandonnée, l'un guidé par la curiosité, l'autre par le besoin  de prendre connaissance de son nouvel environnement. L'aveugle venait d'arriver au bout de la salle, là où il pouvait sentir l'air froid qui franchissait la barricade démolie, quand un bruit se fit entendre sur la gauche de l'entrée.

Les sons étaient des informations pour Alduriandre et ceux-là l'informaient que son cousin était en train de semer le désordre non loin. La main collée au mur pour le guider, il approcha l'origine du vacarme, prêtant l'oreille pour discerner ce qui arrivait : des raclements de bois déplacés, des gravats qui cascadaient et le bruit d'autres objets, en métal, en os ou revêtus de cuir, que l'on écartait. Mais surtout, il y avait ce dialogue constant du druide avec lui-même :


"Ohoh regardez moi ça ! J'ai toujours pensé que les vrykuls buvaient dans le crâne de leurs ennemis. -Alors qu'en vérité, ils semblent plutôt orner leurs cornes à boire avec ces crânes... -Mais qu'est-ce qu'ils font de la cervelle alors ? Ha... Non, ne dites rien. Je ne veux pas savoir en fait.
_Qu'est-ce que tu as trouvé et est-ce que ça vaut tout ce raffut ? demanda alors Alduriandre en approchant, l'air agacé.
_Il y a tout un tas de choses laissées par les vrykuls ici." répondit le druide en agitant ses trouvailles dans l'air.

Au moins, il ne lui disait pas de "regarder par lui-même".


"_Nous sommes censés être en planque, fit remarquer l'aveugle. Donc à moins que tu aies trouvé quelque chose d'utile, ne commence pas à t'agiter pour des babioles brisées.
_Des babioles ? s'offusqua le cousin. Ces objets sont des trésors d'histoire et d'artisanat. Évidemment, nous n'avons pas trouvé de réel trésor, mais... -En fait, on pensait surtout à utiliser les planches et les débris pour boucher le trou à l'entrée. Ça ne sert à rien d'essayer de réchauffer l'endroit avec des courants d'air pareil.
_C'est... Vrai, admit Alduriandre. Mais hors de question de se lancer dans ce genre de bricolage bruyant sans en avoir référé aux officiers en charge de la mission.
_Donc... Nos deux pères, finalement. -Ha, après toutes ces années, voilà que tu dois à nouveau rendre des comptes au paternel."

N'ayant rien à ajouter, l'aveugle hocha la tête alors que son cousin faisait silence après un grognement agacé.
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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeMar 30 Mar - 11:25

Après l'accueil de la banshee et l'écoute de son rapport, les jeunes Rocvent eurent droit à un accueil moins formel de la part de leurs aînés. Ou du moins du capitaine :

"— Ha ! Je savais que vous ne me feriez pas faux bond ! Je suis spécialement rassuré de te voir Thenna, ajouta-t-il en laissant tomber sa main sur l'épaule de sa nièce. Quand Yerisha a annoncé qu'elle ne viendrait pas, j'ai bien cru perdre notre principal soutien magique.
_Ha oui ? Attendez, c'est elle le principal soutien magique ?" questionna alors la mage.

Avec une toux embarrassée, son oncle préféra changer de sujet en s'adressant à tous :


"— Quoiqu'il en soit, vous vous êtes fait attendre, jeunes gens ! Cet endroit n'a pas été simple à sécuriser.
— Et il me semblait pourtant que nous vous avons à tous enseigné la ponctualité, ajouta Grisvald en s'avançant vers le trio, provoquant un mouvement de recul de la part de Tym. Mais aussi la diligence en mission. Qu'est-ce qui vous a retardé ?"

Hésitants, deux sur les trois enfants échangèrent un regard avant que Thenna décide de faire un pas pour prendre la parole :

"Je ne veux pas vraiment le crier, mais je dois bien vous le dire parce que vous êtes en charge de la Compagnie et de la mission... commença-t-elle, gardant un ton bas pour que ses paroles ne sortent pas du cercle familial. J'ai contracté la malédiction worgen."

Elle vit son oncle se renfrogner, un pli soucieux sur le front.

"Mais volontairement."

D'abord la surprise puis la désapprobation se succédèrent sur le visage du capitaine, qui semblait attendre une explication.

"— Enfin... L'autre alternative était la peste morte-vivante, alors j'ai fait le choix de la maladie que j'avais une chance de maîtriser.
— Et ce fut le cas ? demanda alors Grisvald, d'un ton impérieux.
— Oui. Mais nous sommes allés au Bois de la Pénombre où des worgens ont mis au point une potion qui reproduit assez bien le rituel d'harmonie des elfes, juste au cas où.
— C'est la raison de notre retard, compléta Alduriandre. Elle voulait que nous l'accompagnions."

Suite à cette nouvelle, un silence s'installa entre les jeunes gens et leurs aînés. Puis finalement c'est Abermalt qui prit la parole, en plaçant une main rassurante sur l'épaule de sa nièce.

"— Merci de nous en avoir parlé. Je ne crois pas que cela influera énormément sur ton rôle au sein de la compagnie, mais c'était bien avisé de nous en faire part. La malédiction réclame d'être vigilant, même lorsqu'on pense l'avoir maîtrisée. Je suis désolé que tu te sois retrouvée dans cette situation, mais maintenant nous pourrons t'accompagner dans cette épreuve.
— Oh... C'est gentil, mais je ne m'inquiétais pas vraiment pour tout ça à vrai dir-
— Très bien ! reprit alors l'oncle, frappant dans ses mains. Dans ce cas, mettons nous au travail. Cette masure ne va pas s'organiser toute seule et si vous ne voulez pas grelotter dans vos couvertures toute la nuit, vous feriez mieux de nous aider à aménager cet endroit !"

Considérant que plus la discussion sur la malédiction s'étirait et plus elle aurait de chance de s'ébruiter, le capitaine préféra détourner l'attention des jeunes vers les tâches prioritaires, distribuant ses instructions avant de les laisser filer.


Dernière édition par Abermalt le Mar 30 Mar - 19:53, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeMar 30 Mar - 11:31

Tandis que la compagnie devait éliminer le dresseur de protodrakes et sa volée, Grisvald, Hildregarde et Abermalt s'étaient glissés dans les caveaux où les guerriers vrykuls endormis étaient entassés, afin d'offrir une diversion à leurs camarades  :

"— Ha, une mission spéciale dans les souterrains comme au bon vieux temps, avait déclaré Abermalt, tentant de donner du cœur aux morts-vivants qui l'accompagnaient.
— Nos temps dans les souterrains n'ont jamais été très bons, lui rappela Grisvald, sapant ainsi son initiative. Je n'ai pas besoin de te rappeler que notre dernière escapade t'a coûté un œil.
— Effectivement, admit le capitaine, sans se démonter. Mais c'est durant la première que tu as obtenu ton surnom, vieux Grisou ! déclara-t-il avec une tape dans l'épaule de son frère, qui n'eut pour résultat que de le faire pester davantage.
— Est-ce qu'un surnom ne doit pas témoigner les prouesses au combat d'un guerrier ? intervint Hildregarde, piquée par la curiosité. Celui-ci n'a pas l'air très glorieux.
— Et bien, pour le comprendre, il faut d'abord savoir ce qu'est un coup de grisou. C'est à dire, l'explosion plus ou moins accidentelle d'une poche de gaz dans une mine. Maintenant, pour ce qui est de notre histoire... C'était il y a bientôt quatre décennies en Hautebrande. Notre groupe devait escorter un paladin de la Main d'Argent dans les mines de Veine-Azur, où s'était réfugié un chevalier de la mort de la Horde, avec plusieurs captifs.
— Les chevaliers de la mort existaient donc déjà en ce temps ? questionna la val'kyr.
_Ils étaient différents à l'époque, expliqua Grisvald. Les corps de chevaliers humains possédés par les âmes de sorciers orcs.
— Mais ils étaient tout aussi versés dans la nécromancie. Et plutôt que d'attendre que l'on force un passage jusqu'aux prisonniers, ce benêt -dont l'audace à l'époque compensait plus que largement la stature- a décidé de libérer la voie en leurrant notre cible dans une caverne voisine. Quand il s'est rendu compte que le boyau sentait le gaz...
— Je le savais déjà, rectifia Grisvald. En lisant le rapport des mineurs avant notre entrée.
— ...il a brisé sa lanterne sur le crâne de l'ennemi...
— Je l'ai lancée contre les rochers.
— Et boum ! Tout s'est effondré !
— Seulement la caverne et une partie du boyau qui y menait.
— Le chevalier a été réduit en cendres. L'explosion nous a tous soufflés, j'ai du rester sourd pendant trois heures, continuait le guerrier, riant de sa propre histoire, avant de reprendre plus sérieusement : Combien d'hommes on a perdu ce jour là ?
— Deux... Mais ils étaient déjà tombés sous les coups du chevalier. Et de toute façon le paladin les a remis sur pieds.
— Et tu as failli y laisser tes jambes ! Heureusement qu'il savait faire des miracles celui-ci.
— C'était son travail après tout.
— C'était donc un sacré coup de grisou, concéda la val'kyr.
— Et c'est depuis ce jour qu'on l'appelle Grisou dans la famille. Il faut remercier notre sœur qui a dû te trainer par le col.
— Si j'avais su qu'elle trainerait aussi mon nom dans la poussière...
— Maintenant que j'y pense, commença Hildregarde. Les vrykuls et les nains dans l'ancien temps avaient eux aussi un nom pour ces explosions. Mais il n'était pas très sophistiqué.
— Peu importe, dit Abermalt. Je veux l'entendre.
— Hm. Je suppose que dans votre langue on pourrait le traduire par "Un pet de Ragnaros"."


Dernière édition par Abermalt le Mar 30 Mar - 19:47, édité 1 fois
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Abermalt

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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeMar 30 Mar - 11:38

Après sa première métamorphose, Thenna n'avait cessé de se demander comment la malédiction affecterait sa vie, au quotidien mais aussi dans sa pratique de la magie, ou vis à vis de ses capacités de combat et de ses troubles de l'humeur. Elle avait donc demandé conseils aux quelques worgen qu'elle connaissait, notamment parmi sa famille.

Maintenant, alors qu'elle descendait l'escalier des salles vrykules à la rencontre de la compagnie partie en mission, elle se remémorait les différents conseils reçus :


"En fait, c'est comme avoir une bête dans ton esprit, lui avait dit Tym. Mais le rituel et les potions permettent de l'apprivoiser... Ou disons de la comprendre suffisamment pour la raisonner. Tu ne pourras jamais la repousser, car cette bête se nourrit de choses comme la colère ou le besoin de survivre. Alors tu dois l'accepter comme faisant partie de toi. Puis t'en faire une alliée et rester à l'écoute de ses instincts. Sauf que ces instincts se résument principalement à tuer, manger et... Dominer, oui. Mais à force, tu verras que ce n'est pas si difficile de trouver des compromis."

Leur cousin, Alduriandre, semblait toutefois avoir une opinion tout à fait opposée :

"Les instincts worgen ne seront quasiment jamais en accord avec ta nature humaine. C'est pourquoi tu devras les réprimer autant que possible. Je dépend au quotidien de mes sens comme l'ouïe et l'odorat et ils se trouvent dupliqués par la malédiction. Si je ne peux pas gérer cet afflux de sensations, je prends le risque d'agir à l'instinct et donc de commettre des erreurs. C'est pourquoi je n'adopte ma forme worgen que si mes objectifs concordent avec ses instincts primitifs : survivre ou éliminer une cible."

Enfin, son oncle lui présenta un avis étonnamment pragmatique sur la question :

"Et bien, j'ai passé plusieurs années dans le corps d'une bête sauvage, alors je suis ressorti de cette expérience avec une aisance naturelle à mouvoir cette nouvelle forme. Aussi, les passes d'arme que j'ai répétées et intégrées toute ma vie en tant qu'humain, j'ai pu les reproduire assez rapidement en tant que worgen. Je pense que t'habituer à ton nouveau corps et à ses capacités sera donc une étape déterminante pour appréhender la malédiction."

"Il y a aussi le problème de la rage animale, avait continué le vieux soldat. La furie des combats, l'odeur du sang et l'imminence du danger ne feront que grossir cette rage et si tu ne parviens pas à la canaliser, elle pourra trop facilement t'aveugler. Tu devras donc t'efforcer de garder la tête froide. Mais pour une mage et combattante, je considère que c'est déjà acquis."

En dehors de l'avertissement vis à vis de la rage et de l'instinct féral bien connus des worgen, ces avis avaient un autre point commun qui laissait la mage pensive :

"De toute façon, chacun vit la malédiction d'une manière différente. Peut-être que tu devrais voir comment ça affecte ta perception des arcanes ?"

"Évidemment, je ne peux que parler pour moi et certains parviennent à canaliser leurs instincts bestiaux... D'une façon ou d'une autre. Mais je pense qu'il vaut mieux les écarter de toute réflexion rationnelle."

"Toutefois, puisqu'aucun membre de la famille ne t'a entraînée, je ne sais pas quel est ton style de combat. Mais je te suggère de réfléchir à la façon dont tu peux y intégrer les capacités de ta forme bestiale."

Le fait que chaque worgen ait un rapport unique avec la malédiction était prévisible, mais il rendait ces retours d'expérience un peu surfaits. Quoiqu'il en soit, il faudrait donc qu'elle s'en remette à la méthode empirique, bien connue des mages.

Alors que le groupe de la compagnie s'engageait dans les salles basses, elle récapitula dans son esprit les informations essentielles avec lesquelles partir au combat :

Être attentive à ses instincts.
Sauf quand elle avait besoin de garder les idées claires, comme pour lancer un sort.
Tester la façon dont son corps worgen percevait l'usage de la magie.
Tester ses capacités physiques pour comprendre comment adapter son style de combat.
...
Survivre à cette expérience pour en bénéficier plus tard était évidemment un plus.
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Katanja

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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeMar 30 Mar - 13:03

HRP:
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Abermalt

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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeMar 30 Mar - 13:28

­(Ouais, c'est Alt+0151. J'essayerais de temps en temps, mais je trouve qu'il prend de la place et décale trop les répliques. A voir selon que je trouve qu'il aère le texte ou qu'il le gonfle, peut-être que je ferais l'effort de retenir la combinaison de touches.)
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Yerisha



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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeJeu 8 Avr - 20:01

[HRP] Je vais profiter du poste pour présenter des petits événements ailleurs, liés à d'autres persos, peut être également amener des fragments de bg, etc. Ce sera au gré de ma fantaisie, de mes envies et de mes idées ! 
Et vu que la mise en page sur forum, ça reste bof même avec des tirets qui vont bien, voici un lien google doc. [/HRP]



Einyth se hâtait dans le couloir merveilleusement frais de l’un des bâtiments du Territoire du Lion, le port de l’Alliance à Krasarang et sa base principale en Pandarie. Dehors, l’air était chaud, moite et suffocant - un faible vent soufflait depuis la jungle, charriant avec lui des odeurs de putréfaction et une humidité malsaine, tandis que le soleil brillait dans un ciel parfaitement dégagé depuis plusieurs jours. Einyth pouvait tolérer des températures élevées, mais pas accompagnées d’un tel taux d’humidité - personne, ou presque, ne le pouvait. Les multiples embarcations pandarènes qui peuplaient en temps normal la baie séparant Krasarang et le Territoire de la Forêt de Jade et le village de Paw’don avaient disparu, les pandarens préférant attendre que la chaleur passe chez eux, au frais.
Einyth, elle, ne pouvait se soustraire à ses devoirs militaires, étant attachée à la garnison du Territoire, et elle s’apprêtait à accompagner une patrouille lorsqu’un garde était venu la trouver pour lui indiquer que deux nains l’attendaient dans le bureau du département archéologique de la garnison. Cette ‘demande’ était accompagnée d’un ordre contresigné par l’un des aide de camps du Haut-maréchal, qui relevait Einyth de ses activités habituelles pour la journée.
Tandis que le garde allait informer le sous-officier commandant la patrouille qu’il allait devoir lui trouver un remplaçant, la naine s’était dirigée vers l’endroit indiqué, partagée entre le plaisir d’échapper à une journée de corvée dehors et une certaine perplexité quant à cette convocation et à l’identité de ces deux nains qui l’attendaient, lesquels n’avaient pas jugés bon d’indiquer qui ils étaient. Bien sûr, de nombreux nains servaient dans les armées de l’Alliance, et plus particulièrement ici, à Krasarang - le premier commandant du Territoire du Lion avait été un nain, le Haut-maréchal Doublenattes, vétéran des conflits dans les Tarides. Toutefois, le fait que la hiérarchie locale semble laisser les coudées franches à un tel duo était assez inhabituel.
— Entrez !
Einyth reconnut de suite la voix qui lui parvint à travers la porte, qu’elle ouvrit avec des sentiments mêlés pour pénétrer dans le bureau du département d’archéologie. Celui-ci était assez vaste, mais particulièrement encombré : des étagères se dressaient contre presque tous les murs, chargées de divers dossiers, livres, et coffrets, tandis que de nombreuses boîtes d’échantillons proliféraient sur le sol et les tables, limitant drastiquement l’espace disponible. Le département d’archéologie du Territoire du Lion avait été créé pour bénéficier de l’assistance de la Guilde des Explorateurs en leur permettant d’effectuer leurs recherches. Néanmoins, les moyens alloués au département, plus particulièrement en terme de stockage, restaient trop faibles en comparaison de l’appétit insatiable de ses membres qui mettaient continuellement à jour de nouveaux artefacts, qu’ils devaient classer avant d’éventuellement les envoyer à Forgefer.
Les deux nains qui attendaient Einyth s’étaient tant bien que mal ménagés un espace, dégageant deux sièges pour s’installer derrière une table qui n’était que partiellement couverte d’objets divers. Ils avaient tous les deux l’apparence de guerriers vétérans, et arboraient chacun des insignes indiquant leur qualité d’officier, mais l’un était un sombrefer, qui fumait une courte pipe de soldat, et l’autre un barbe-de-bronze ou un marteau-hardi, lequel fumait un cigare qu’Einyth reconnut comme un produit local, particulièrement prisé des soldats du Territoire en permission et des contrebandiers qui faisaient de leur mieux pour les exporter sans payer de taxes.
Le sombrefer était connu d’Einyth : Brogan Peau-de-fer, capitaine de la Légion Ragenclume, était vétéran aguerri qui avait combattu sur de nombreux fronts - dans le Mont Rochenoire même, contre les divers ennemis qui avaient tentés de s’en emparer, mais également dans les régions avoisinantes puis, lorsque les Sombrefers avaient rejoint l’Alliance, au cours de plusieurs campagnes lointaines contre de nombreux ennemis. Il en portait les marques - l’un de ses yeux était en permanence à moitié fermé du fait d’une blessure ancienne, en plus de nombreuses autres cicatrices, plus ou moins visibles, dont il tirait une fierté incongrue aux yeux d’Einyth.
Celle-ci l’avait connu lorsque les Sombrefers étaient encore sous le joug de Ragnaros. Fervent partisan d’une nation sombrefer puissante, Brogan ne voyait que peu d’inconvénient à ce que celle-ci soit dominée par le seigneur du feu dans la mesure où celui-ci renforçait les sombrefers. Et lorsque son influence avait régressé avec la mort de Dagran Thaurissan, il avait accepté la venue du Marteau du Crépuscule avec enthousiasme. Einyth n’avait réussi à le convaincre d’accepter l’entrée des sombrefers dans l’Alliance que difficilement, et tardivement - et encore aujourd’hui, elle le savait, Drogan soutenait particulièrement l’idée que le fils de Moira Thaurissan régnerait un jour sur tous les nains.
Néanmoins, c’était un soldat d’une loyauté à toute épreuve, et maintenant que les sombrefers faisaient parti de l’Alliance, il la servirait avec le même dévouement qu’il avait servi Thaurissan auparavant - sans compter qu’il était également un commandant des plus compétent, qui s’était hissé dans les rangs de la Légion Ragenclume grâce à ses compétences. Cela avait cependant pris du temps - il n’avait été promu capitaine que peu de temps après le cataclysme, et Einyth se rendait compte que ses cheveux et sa barbes comportaient une part croissante de blanc.
— Einyth ! s'exclama-t-il joyeusement en ôtant sa pipe de sa bouche. Cela fait trop longtemps… Quand était-ce la dernière fois que je t’ai vue ? Lorsque notre reine nous a officiellement fait entrer dans l’Alliance, je crois bien ?
— C’est exact, capitaine, lors de la cérémonie à Hurlevent.
— Oui, je m’en souviens - tu as ensuite profité de l’occasion pour passer quelques jours à Rochenoire… quant à moi, je devais rejoindre Kul Tiras, participer à l’organisation de l’attaque contre la capitale de ces foutus zandalaris… une quasi-débâcle, j’ai eu de la chance d’en sortir vivant…
L’autre nain, qui était pour le moment resté silencieux, se râcla la gorge et ôta le cigare qu’il fumait de sa bouche.
— Votre avis sur cette question pourra attendre un autre moment, capitaine Peau-de-fer, fit-il d’un ton réprobateur. Nous sommes ici pour autre chose…
— Bien sûr, fit Drogan avec un froncement de sourcil agacé. Einyth, je te présente le major Dáinhear, des services inter-armés de l’Alliance.
La naine salua. Les différentes hiérarchies militaires des peuples constituant l’Alliance différaient les unes des autres, ce qui se révélait souvent compliqué lors des opérations regroupant des éléments de différents peuples. Aussi existait-il toute une branche de services dont les officiers ne commandaient pas directement des troupes, mais s'occupaient de la coordination de celles-ci, plus particulièrement lorsqu’il s’agissait de troupes issues de différents peuples. Parmi les nains, c’étaient le plus souvent des barbes-de-bronze, intégrés depuis longtemps à l’Alliance, qui postulaient pour ce genre de poste, mais Einyth hésitait quant à l’origine de Dáinhear : à première vue, il avait plutôt l’apparence d’un marteau-hardi - traits rudes, et une silhouettes légèrement plus trapue que celle des barbe-de-bronze. Néanmoins, son visage n’arborait aucune marque clanique, et Einyth sentait chez lui une certaine affinité avec la Lumière.
— Vous avez récemment eu des ennuis avec un nécromancien mogu, je crois bien, lança-t-il en examinant attentivement Einyth.
— C’est exact, major, dans les contreforts de Kun Lai. Les pandashans ont sollicité l’aide de l’Alliance pour contrer cette menace, et j’ai participé à l’expédition. Le nécromancien a été détruit, mais son caveau également, hélas.
— Ce n’est peut-être pas plus mal… maugréa Dáinhear avant de tirer sur son cigare. Vous connaissez Bael Modan, je suppose ?
— En effet, major, répondit Einyth en se retenant d’ajouter ‘évidemment’. C’est un site archéologique prometteur, même si jusqu’à présent, les fouilles n’ont pas donné grand chose, il me semble.
— c’est également et avant tout une forteresse naine d’importance, et depuis le cataclysme, un élément majeur de la présence de l’Alliance en Kalimdor. Depuis le cataclysme, et encore plus depuis la chute de Teldrassil, évidemment... Bael Modan a été presque constamment sous attaque ces dernières années, et n’est pas passée loin d’une destruction totale à plusieurs occasions.
Dáinhear considéra son cigare pensivement avant de poursuivre.
— Les choses se sont bien sûr améliorées, avec l’établissement d’une trêve, cependant, Bael Modan reste d’une importance capitale pour l’Alliance… et se trouve actuellement confronté à une nouvelle menace. Les hurans.
— Les hurans, major ? demanda Einyth, surprise.
— Tout à fait. Que savez-vous d’eux ?
— Pas grand chose, major. C’est une race primitive, que l’on trouve en Kalimdor, plus particulièrement dans les Tarides, ainsi qu’à Kul Tiras et dans certaines îles de la Grande Mer. Ils sont sauvages, peu accessibles à la diplomatie, et manient une magie proche du druidisme, mais ils ont rarement représenté une grave menace… il me semble.
— Pas exactement. Durant la guerre contre le Fléau, une liche, Amnennar le porte-froid, fut envoyée afin de convertir les hurans. Elle ne fut éliminée que tardivement, et définitivement qu’après le cataclysme avec la destruction supposée de son phylactère. Les hurans se replièrent alors dans leur bastion, au sud des Tarides : Tranchebauge. Leurs terriers s’étendent sous un couvert d’épineux qui forment une voûte épaisse, difficilement pénétrable. Et Bael Modan se trouve pour ainsi dire à leurs portes.
Dáinhear s’interrompit à nouveau, songeur. Einyth jeta un coup d'œil à Drogan, qui haussa les épaules en retour et lui fit signe de patienter.
— Ni la Horde, ni l’Alliance, n’ont jamais tenté quelque chose d’envergure contre eux à Tranchebauge. Après tout, comme vous le disiez, ils ne représentaient qu’une nuisance mineure, et d’autres menaces plus graves existaient… jusqu’à récemment. En même temps que le Fléau revenait en force, les hurans ont lancé une série d’attaques dans les Tarides, et également en Mulgore. Bael Modan est assiégé, isolé : sa chute aurait de graves conséquences.
— C’est pour cela que le Conseil des Trois Marteaux a demandé aux sombrefers de renforcer Bael Modan, intervint Drogan avec un grand sourire, sa voix empreinte d’une fierté légèrement moqueuse qui fit froncer les sourcils de Dáinhear.
— Les troupes de Forgefer et des Marteaux-Hardis sont déjà engagées dans les Royaumes de l’Est, auprès de nos alliés, précisa-t-il. Les terres de Hurlevent sont particulièrement touchées par la résurgence du Fléau, et les Maleterres doivent être surveillées pour éviter que les morts-vivants ne descendent au sud, ou simplement submergent les forces qui se trouvent dans la région. Le Mont Rochenoire, de par sa position, n’a pour ainsi dire pas été affecté par les morts-vivants.
— La reine m’a chargé de commander ce corps expéditionnaire, précisa Drogan avec orgueil avant de pointer Einyth de sa pipe. Et je veux que tu m’accompagnes : j’aurais besoin de tes compétences, et je ne parle pas d’archéologie.
— La liche est revenue ? hasarda Einyth.
— Nous ne le savons pas encore, répondit Dáinhear sombrement. Mais les hurans s’adonnent toujours à la nécromancie, et ce de manière massive : les forces des hurans comptent de nombreux nécrolytes, et une foule de morts-vivants. Ces derniers ne sont pas simplement des hurans relevés, mais des abominations de tous genres constitués d’animaux des Tarides, et d’ailleurs. De plus, il semblerait que des réprouvés assistent les hurans.
— Cette vermine… commença Brogan avant que Dáinhear ne l’interrompe.
— Il s’agit de toute évidence de renégats de la Horde, de loyalistes envers Sylvanas. Nos efforts pour défendre Bael Modan et lutter contre les hurans sont coordonnés avec la Horde : nous sommes alliés en la matière.
— Ils feraient mieux de ne pas l’oublier… maugréa Drogan. Si mes nains se font attaquer par ces traîtres, je n’hésiterais pas à…
— Vous en référerez à moi, l’interrompit à nouveau Dáinhear. Mais pour le moment, inutile d’évoquer cette possibilité. Votre réponse, Einyth ? Acceptez-vous d’intégrer le corps expéditionnaire sombrefer sous commandement du capitaine Drogan Peau-de-fer ?
— Je… oui, bien sûr. J’accepte, major, répondit Einyth après un instant de silence, prise de court.
— Je savais que je pouvais compter sur toi, s’exclama Drogan avec un large sourire. Tu auras un grade de sous-officier, et tu feras partie de mon conseil. Tu vas voir, après ça, je t’obtiendrais de solides recommandations, et tu n’auras plus à croupir ici, dans la jungle.
Einyth esquissa un vague sourire et inclina légèrement la tête en remerciement. Même si elle n’appréciait que partiellement la jungle et sa chaleur humide, elle appréciait particulièrement les recherches archéologiques sur les mogus et sur les pandarens, dont elle trouvait l’histoire commune fascinante, et jusqu’à présent, elle n’avait jamais souhaité être affectée ailleurs. Néanmoins, ce n’était pas quelque chose que Drogan pourrait comprendre : l’Histoire, le passé des autres peuples, le laissait généralement indifférent, et il ne voyait guère d’intérêt à l’étudier. Quant à celui des sombrefers, il préférait un récit simple, qui évitait de s’attarder sur la complexité des guerres naines ainsi que sur les ambitions de son peuple, et leurs conséquences.
— Bien, fit Dáinhear avec un bref hochement de tête. Nous partons dans deux heures : mettez vos affaires en ordre d’ici là, pendant que nous réglons les détails administratifs. Vous pouvez disposer.
Einyth salua, avant de sortir du bureau pour se diriger vers ses quartiers. Ses affaires seraient rapidement mises en ordre, d’autant plus avec le peu de temps qui lui était imparti. Elle n’aurait sans doute pas la possibilité de dire adieu à grand monde - la plupart des membres du département d’archéologie devaient être sur un chantier de fouille à cette heure-ci, et ne rentreraient pas avant plusieurs heures. Et si elle annonçait qu’elle partait à Bael Modan, elle aurait sans doute droit à des questions incessantes et de nombreuses remarques - d’envie, de mise en garde, etc.
De toute façon, elle n’avait guère envie d’en parler. La situation exposée par le major Dáinhear lui avait semblé particulièrement sombre, et l’enthousiasme de Drogan pour des combats dangereux lui était assez familière. Par ailleurs, une menace suffisante pour isoler une forteresse naine, de toute évidence pas tant de l’Alliance - après tout, c’était les Tarides - que de la Horde, qui se trouvaient dans leur territoire, était extrêmement inquiétante, sans parler de l’extension de cette menace en Mulgore. Le fait, toutefois, qu’elle accompagne une troupe de sombrefers, était de nature à lui remonter le moral : son peuple savait se battre, et serait à même de faire face aux hurans dans leur propre tanière. Quant à elle, ce n’était pas la première fois qu’elle faisait face aux ténèbres.
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Yerisha



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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeVen 18 Juin - 20:38

[HRP]Un petit texte pour présenter un peu ce que Sylhein aura fait avant de revenir pour l'assaut contre les kvaldirs ! Consultable directement avec ce lien, parce que sur forum j'ai la flemme de retoucher pour la mise en forme ! J'espère que tu noteras Kat que j'ai fait des joli — pour les dialogues ![/HRP]
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Katanja

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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeSam 19 Juin - 9:35

HRP rabat-joie et pénible:
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Abermalt

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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeDim 27 Juin - 0:52

Après avoir franchi le portail menant à Oribos, Grisvald et Hildregarde s'étaient immédiatement tournés vers les différents auxiliaires pour commencer leurs recherches. S'en remettant à la rigueur des étranges scribes qui prenaient note des passages dans la cité, ils leur avaient donné les noms des trois disparus ainsi qu'une description, réaliste à défaut d'être flatteuse.

Malheureusement, la Cité d'Éternité n’avait vu arriver aucun des enfants. Les deux morts-vivants quittèrent donc ses merveilles -sans valeur à leurs yeux- et, suivant des conseilleurs aux indications cryptiques, ils étaient partis pour le Bastion.

Là-bas, ils étaient censés trouver les créatures les plus à même de les aider dans leurs recherches : les kyrians. Leur devoir sacré étant de porter les âmes des défunts à travers le Voile, ils devaient certainement posséder les connaissances et instruments nécessaires pour localiser les égarés. Dans leur description, Hildregarde avait en tout cas reconnu les êtres ayant inspiré la fondation de sa propre caste, aussi partait-elle confiante sur cette piste. Grisvald quant à lui se demandait si ces créatures étaient aussi portées sur les réponses sibyllines que celles d'Oribos.

Au terme de leur voyage, ils arrivèrent dans un endroit tout à fait enchanteur. Le ciel y était d’un bleu apaisant, l'atmosphère était chaude et le vent frais, le zénith était éternel bien que le soleil fut absent. Le Bastion semblait avoir été conçu pour être propice à la méditation et à la contemplation, jusqu'au moindre brin d'herbe remuant paresseusement, jusqu'à la moindre aspérité rocheuse qui changeait le souffle du vent en mélodie.
Cette splendeur ne chatouilla pas vraiment ce qui restait de sensibilité à Grisvald et Hildregarde. A croire que la malédiction de ceux coincés entre la Vie et la Mort consistait à ne pouvoir apprécier les merveilles ni de l'un ni de l'autre. Le chevalier et la val’kyr se dirigèrent donc vers le regroupement le plus proche, sans se laisser arrêter par le paysage.

**

Célia lisait un parchemin au Repos de l’Aspirant -un énième pamphlet relatif à l’importance de laisser derrière soi son ancienne vie- lorsqu’elle vit un individu approcher et engager la conversation avec un aspirant. Il n’avait pas l’air recommandable et ressemblait à l’un de ces chevaliers de la mort venus d’Azeroth pour aider les royaumes de l’ombre. Comme il était étrange que les êtres qui avaient inspiré tant de terreur sur son monde natal soient des alliés dans cette après-vie en crise. Mais celui-là n’était-il pas un peu petit pour un chevalier d’élite ? L’air de rien, Célia décida de laisser traîner une oreille indiscrète, afin de se distraire de sa lecture.

Pour le visiteur -dont la voix était accompagnée d’une autre, indicative d’une stature plus menue- les choses ne semblaient pas se passer comme prévu. Il posait aux aspirants des questions auxquelles ils ne savaient pas répondre et lorsqu’il demandait à voir quelqu’un qui le saurait, on lui annonçait que ces personnes étaient indisponibles. Par dépit, on l’orienta vers un régisseur et la frustration contenue du visiteur commença à déborder. Les régisseurs étaient des créatures serviables par nature, toujours ravies d’aider leur prochain, mais ils étaient aussi souvent impressionnables. Les plus jeunes supportaient mal les reproches -ou pire, les remontrances- qui pouvaient les laisser en état de choc, alors que des régisseurs chevronnés encaissaient mieux ce type d’attitude. Les plus anciens pouvaient même émettre leurs propres critiques, à l’instar de Mikanikos.

Mais ce n’était pas le cas de celui qui se faisait présentement invectiver par les nouveaux venus. Ceux-ci méprisaient l’idée que la petite créature aux allures de “sous-fifre” puisse leur être d’un quelconque secours. La rouspétance du chevalier s’immisça ainsi dans l’esprit de Célia et vint en gratter le vernis de dévotion à la Voie pour déterrer les souvenirs de son ancienne vie, rescapés de toutes les tentatives de les purifier. Cette voix lui était familière, réalisa-t-elle. Elle replia son parchemin et le mit de côté avant de se lever pour atteindre le lieu de la dispute. Mieux valait qu’elle intervienne avant que quelqu’un appelle un centurion à le faire.

Grisvald était en train d’expliquer à tous les imbéciles peinturlurés en bleu autour de lui pourquoi, exactement, son problème était trop complexe pour être réglé par une peluche de plumes lorsque l’une de ces “aspirantes” vint se planter devant lui. Son sourire mutin laissa place à une expression troublée quand elle fit face à son visage mutilé et elle demanda simplement :


“Grisvald ?”

Celui-ci cilla en s’entendant ainsi appeler par une personne dont il reconnaitrait la voix et le visage entre mille.

“Célia ?” demanda-t-il alors, par étonnement plutôt que pour dissiper un doute quelconque.

Un être normalement constitué aurait sans doute senti sa gorge se nouer à la vue de sa défunte épouse dans l’après-vie. Cela aurait été probablement son cas, s’il avait été vivant. Mais comme il ne l’était qu’en vertu du fait qu’il n’était pas non plus techniquement mort, il choisit de laisser réagir son interlocutrice encore douée d’émotivité. Celle-ci, après s’être recomposée une figure, se tourna vers les aspirants alentours pour leur indiquer que tout allait bien et qu’elle s’occuperait de ce visiteur, puis avec une douceur précautionneuse, elle enjoignit le régisseur encore choqué à aller manger un morceau, pour oublier ses peines. Cela fait, elle revint à son interlocuteur qu’elle approcha sans gêne aucune pour inspecter sa face à moitié dissimulée par son heaume.


“_Qu’est-ce qui est arrivé à ton visage ? demanda-t-elle.
_Les Réprouvés, indiqua son époux. Ils ont voulu me priver de mon identité en me l’arrachant.
_Oh, dit Célia en se redressant. Malheureusement pour eux, ton identité consiste essentiellement en tes devoirs envers le royaume, n’est-ce pas ?”

Grisvald hocha la tête. Il se souvenait que cela lui avait été reproché quand Gilnéas avait été au bord de la guerre civile.

“_Tu as changé aussi… Tu es plus...
_Bleue ?
_Jeune.
_Une âme change de forme plusieurs fois au Bastion, expliqua la défunte. Pour l’heure, je ressemble à ce qui accommode le plus ma perception de moi-même, probablement. Puis je ressemblerai à l’un des kyrians que tu as pu croiser et peut-être qu’un jour on m’accordera mes ailes. A ce moment, j'aurais sans doute changé de nom après avoir oublié jusqu’au mien. Sacrifier son identité est chose commune ici.”

Le silence se fit sur ces considérations. Les val'kyr connaissaient des tas d'incantations relatives à la résurrection. Par exemple, pour ramener une discussion à la vie, il fallait se racler la gorge dans un son discret quoique paradoxalement distinct. L’aspirante se tourna vers elle, comme si elle la remarquait pour la première fois :

“_Oh, désolée. Je m’appelle Célia, dit-elle en tendant vers le spectre un doigt en guise de poignée de mains. Grisvald et moi étions époux de notre vivant.
_Et je m’appelle Hildregarde, répondit la val’kyr en battant des ailes pour se donner de la hauteur, ignorant par là même la marque de sympathie. Je suis une val'kyr, Messagère de la Mort et Porteuse des Défunts. Le chevalier et moi-même sommes actuellement en mission. C'est peut-être le destin qui vous a mis sur notre route. Car si vous étiez son épouse, vous devriez vous sentir suffisamment concernée pour offrir une aide substantielle à nos recherches.
_Ha oui ? Et pourquoi cela ? demanda l’aspirante, la tête penchée dans l’attente d’une réponse convaincante.
_Parce que nous cherchons des disparus. Nos deux nièces et ton fils, indiqua Grisvald en prenant bien soin de se détacher du désastre que représentait sa progéniture.
_Tu as perdu notre fils ? s’étonna Célia qui marqua une pause, dans un effort pour remettre les choses en ordre. Non, tu as d’abord retrouvé notre fils…
_Ce n’était pas de mon fait. Abermalt a réuni ce qui restait de notre famille et…
_...Et tu l’as ensuite perdu ?
_Il s’est perdu tout seul. C’est un adulte, maintenant.”

Célia laissa échapper un soupir de frustration puis prit une grande inspiration méditatoire.

“_On m'a expliqué ici que pour suivre la Voie, il fallait abandonner tout souvenir de son ancienne vie. Mais j’ai rapidement réalisé que je n’avancerai pas avant de savoir ce qu’il était advenu de toi et de nos enfants. Alors j’ai attendu votre arrivée, en me disant que le plus tard serait le mieux. Et voilà que tu te présentes maintenant, pour me dire que notre fils est perdu dans les royaumes de l'ombre. Ce n’est pas vraiment la réunion que j’imaginais.
_Nous aiderez-vous tout de même ? demanda Hildregarde, qui ne perdait pas de vue le sujet.
_Oui, bien entendu, déclara l’aspirante. Mais pour accéder aux ressources des kyrians, vous devrez d’abord prêter allégeance au Bastion, ajouta-t-elle avant de s’emparer d’une plume et d’un parchemin sur une table.
_J’ai déjà prêté allégeance à Gilnéas de mon vivant, objecta Grisvald.
_Et à la Lame d’Ébène maintenant, rappela la val’kyr.
_Ce sont des choses que je prends au sérieux, je n’en fais pas la collection.
_Ce n’est que le temps que cette… Situation exceptionnelle soit résolue. Voyez cela comme une opportunité. Approcher les Transcendés ne serait même pas envisageable en temps normal, expliqua Célia en s'appliquant à griffonner le parchemin. Si vous ne l’avez pas fait, vous devriez retrouver le Marche-droit Adrestès à Oribos. Il est notre ambassadeur auprès des vivants. Et morts-vivants, ressentit-elle le besoin d’ajouter.
_Retourner à Oribos ? s’offusqua Hildregarde. Mais nous en venons !
_Oui. Ensuite il faudra revenir ici, faire vos preuves au Creuset des Aspirants, puis prêter serment au Siège des Hymnes Éternels et enfin passer par le Repos des Héros pour prendre connaissance de vos devoirs. Peut-être qu'ils vous laisseront accéder aux Forts Élyséens, mais je ne puis l'assurer.
_C’est une plaisanterie ? s’indigna Grisvald.
_Non, c’est une bureaucratie, rétorqua Célia en roulant le parchemin pour le glisser à sa ceinture. Nous avions eu un bref aperçu de celle de Dalaran quand il a fallu y déposer notre nièce, tu te souviens ? Et bien, tu risques de souhaiter être revenu là-bas."

Ce fut au tour de Grisvald de soupirer. Mais à défaut de techniques de méditation, il n’avait que l’apathie de sa condition de mort-vivant pour tempérer sa frustration.
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Abermalt

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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeDim 27 Juin - 1:01

Le portail avait amené Tym et Ve’tust dans une forêt singulière. Il y régnait le même clair-obscur que dans certaines parties recluses d’Orneval, là où les bois se paraient d’une nuit éternelle pour accueillir les bêtes ayant besoin de répit. Cette pénombre là était bleue, un bleu doux plutôt que froid. Le bouquet d’odeurs qui emplissait l'air invitait aussi au repos, un peu comme si toute la forêt avait été conçue pour endormir les instincts bestiaux et permettre une vie -ou plutôt une après-vie- paisible. Évidemment, cela ne faisait qu’exacerber la méfiance de Tam, qui voyait d’un mauvais œil toute tentative de l’apaiser.

Ils étaient arrivés près d’une rivière et la négociante s’avança vers l’emplacement de son ancien campement. Tym la suivait d’un pas distrait en observant ce nouvel environnement. L’Explorateur et le Connaisseur ne cessaient d’ailleurs d’en noter les détails. Par exemple, les arbres autour d’eux avaient un tronc bombé, comme s’ils abritaient une autre forme de vie en gestation. Il y avait aussi beaucoup de lucioles. Mais à bien y regarder ça n’en était pas, il s’agissait plutôt des fantômes luisants de papillons et d’autres insectes. Une ombre passa au-dessus d’eux et en levant la tête, ils purent observer la frondaison spiralée d’un arbre gigantesque, peut-être aussi grand qu’un arbre-monde. Un regard aux alentours leur permit de repérer d’autres géants semblables, au loin. L’Innocente fit remarquer que ces arbres devaient être drôlement hauts, ou le ciel drôlement bas, parce que les étoiles se prenaient dans leurs branches, attachées par des filaments disposés eux-mêmes en motifs spiralés. A la réflexion, les étoiles ne tenaient même pas vraiment dans le ciel, et certaines semblaient être tombées au creux des fleurs ou dans la rivière qui étincelait de leur multitude. Comme si la voûte céleste n’était que l'œuvre d’une divinité fantaisiste et enfantine, qui l’avait bricolée avec les moyens du bord.


“_C’est ici que je l’avais posée, indiqua Ve’tust en pointant le sol du doigt. Elle a dû glisser à l’eau et être emportée par le courant. A moins qu’elle ait été prise par une fée ou un spriggan. Ce qui serait plus ennuyeux.
_C’était il y a longtemps ? demanda Tym.
_Le concept de temps est différent entre ici et chez vous. Je pourrais vous dire que j’ai égaré ma sacoche récemment et je ne crois pas que cela signifierait la même chose pour vous que pour moi.
_On peut peut-être encore la retrouver à l’odeur. Est-ce que les gens ont une odeur ici ?
_Le concept d’odeur est tout aussi différent, théorisa Ve’tust alors que le worgen commençait à la renifler. Mais il existe. Vous sentirez probablement la manifestation extérieure d’une aura.”

Elle regarda faire le druide tandis que celui-ci se penchait sur le sol pour tenter de discerner l’odeur qu’il venait de mémoriser. Celle-ci ne ressemblait à rien de ce qu’il avait senti jusque-là et peut-être que le terme d’aura était alors le plus exact. Celle de la négociante était piquante, voire électrisante, et s’associait dans son esprit à des traits de caractère plutôt qu’à une quelconque effluve. Ve’tust sentait donc la patience et l’assurance tranquille d’une âme qui avait engrangé un vécu conséquent. C’était une sensation assez simple à distinguer, surtout parmi la végétation dont le bouquet mêlait à la fois de véritables odeurs fleuries et des sensations comme le glissement de l’esprit dans la quiétude d’une sieste. La langue commune manquait vraiment de mots pour décrire toutes ces choses, se dit-il alors.

“_J’ai quelque chose, renseigna Tam qui pataugeait maintenant dans la rivière. Vous voyez ce nénuphar ? Il a été plié par le passage de quelque chose de lourd. Mais pas assez pour tordre les plus grands.
_C’est peut-être simplement un animal, proposa Ve’tust après s’être portée à ses côtés.
_Non. Y a que des empreintes d’animaux au pas lourd ici. Ils auraient tout piétiné et tordu. Et les poissons ne font que pousser les tiges sur le chemin. Ce qui passait là était gros et ça flottait.
_Et l’odeur ?
_Elle continue un peu par ici. C’est difficile de suivre l’odeur d’un truc qui est tombé à l’eau. En plus la rivière descend en cascades. Plus elle sera tombée et plus l’odeur va disparaître.”

A défaut d’alternative, le duo entreprit donc de suivre le courant de la rivière, descendant les différents plateaux pour fouiller les alentours de chaque cascade. Peut-être les grues qui peuplaient l’endroit avaient-elles emporté la sacoche ? Les oiseaux étaient bien agressifs, mais rien qu’un coup de dent ne pouvait régler. Tout en fouillant les lieux, Tym questionnait Ve’tust sur les royaumes de l’ombre et ce qui s’y tramait actuellement. La négociante tâchait donc de lui répondre, d’une voix distraite. Ce n’est qu’après plusieurs heures de recherches qu’ils finirent par découvrir la sacoche, pendue à une racine qui jaillissait en travers de l’une des cascades. Simple formalité pour le worgen qui escalada la roche et la végétation pour la dénicher.

Lorsqu’il rapporta le sac à Ve’tust, celle-ci vérifia consciencieusement son état et en tira finalement une unique pièce, qu’elle lui tendit.


“_C’est une pièce de négociant, indiqua-t-elle. Elles sont très prisées car elles permettent aux créatures de l’Ombreterre d’employer nos services. Ici vous pourrez peut-être vous en servir pour obtenir l’hospitalité de la Cour de la Nuit, vous fournir une armure plus adaptée ou simplement pourvoir à vos besoins de vivant.
_Oh… On peut s’en servir pour rentrer chez nous ? demanda le druide.
_Certainement. Vous pourrez payer un voyage pour Oribos et de là rejoindre le portail ouvert vers votre monde.
_Je pourrais m’en servir pour retrouver mes cousines disparues ? demanda-t-il encore.
_En partie. Vous pouvez payer des négociants qui pourront vous dire tout ce qu’ils savent. Ou vous vendre ce dont vous avez besoin pour les retrouver.
_Merci, dit alors le worgen, soulagé. Et vous, qu’est-ce que vous allez faire maintenant ?
_Troquer les choses que j’ai trouvées aux abords de l’Antre, certainement. Puis je repartirai. Mon cartel m’a confié une mission et je ne peux guère y déroger.”

Sur ces considérations, le druide et la négociante s’échangèrent leurs adieux et Ve’tust prit la route, laissant seul Tym avec ses pensées, formulées à voix haute :

“_Il va falloir dépenser cette pièce sagement, déclara-t-il alors.
_En effet, lui répondit Hans. Nous devrions la garder pour payer notre voyage et profiter que nous sommes ici pour obtenir le plus d’informations possibles sur ce qui a pu arriver à nos cousines.
_Au contraire, objecta Allan. Nous devrions l’utiliser pour acheter tout ce dont nous avons besoin pour parcourir ces royaumes de l’ombre à leur recherche. En chemin, nous trouverons certainement de quoi payer le voyage pour nous trois.
_Il va nous falloir des armes, intervint Tam.
_Des armes pointues, précisa Tommy.
_On pourrait payer un aller simple pour l’endroit où il n’y a pas d’après vie, dit Marvin qui commençait à trouver que la mort ne ressemblait vraiment pas à la mort.
_Peut-être qu’on devrait commencer par acheter une carte ? suggéra Flora.
_Peut-être bien… Ou vous pourriez simplement demander votre chemin.” dit une voix familière, bien qu'extérieure à son esprit, au-dessus d’eux.

Se retournant avec un sursaut, le worgen leva le museau vers une renarde perchée sur une branche au-dessus de la rivière. Une renarde qui malgré une apparence spectrale lui était reconnaissable.


“_Ermeline ? Qu’est-ce que vous faites ici ? ...Vous êtes morte ?
_Et bien j’allais te poser la même question. Mais non, il ne fait pas vraiment bon mourir en ce moment. Je viens simplement enquêter sur ce nouveau grand déséquilibre qui frappe notre petit monde. Je ne suis pas réellement ici toutefois, vois plutôt ça comme une forme de projection onirique. Avoir un représentant de son espèce au sein de la Cour de la Reine offre certains privilèges. Et toi alors, quel bon vent t’amène dans l’après-vie des serviteurs de la Nature ?
_Hmm… C’est une longue histoire, mais on est tombés ici par accident, expliqua Tym. Je dois retrouver mes cousines, on a été séparés. On nous a donné cette pièce, alors on pensait…
_Oh. Tu devrais la garder pour le moment, l’interrompit la renarde en sautant à terre, à deux pas de lui. Qui sait quand tu pourrais en avoir vraiment besoin. Suis-moi plutôt. Tu pourras avoir tout ce que tu veux, sans rien dépenser.
_Hrrm… fit le worgen, avant d’emboîter le pas à la renarde d’un air hésitant. J’imagine qu’en échange vous voulez que je vous aide à quelque chose ?
_Ha, peut-être bien ! s’esclaffa la goupil. Qu’est-ce qui te fait penser ça ?
_Une intuition, simplement.”
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Abermalt

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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeMar 29 Juin - 20:19

Alors qu’il fuyait précipitamment Azeroth après sa défaite dans la Cathédrale Sanguine, une mauvaise nouvelle attendait le Comte Cortès en Revendreth : le Seigneur Denathrius avait été destitué, par nul autre que le prince renégat et ses rebelles, associés à de viles créatures extérieures. Par conséquent il ne faisait pas bon être un loyal sujet du Maître et le Comte décida qu’il gagnerait à ce que nul n’apprenne son retour au bercail. Il fit alors déplacer ses possessions vers une résidence secondaire abandonnée de la Province des Braises.

C’est donc là qu’il passait désormais son exil, penché sur l’établis où il menait ses expériences. Et c’est donc là que vint le trouver son plus loyal serviteur purotin :


“_Qu’est-ce que vous faites seigneur Cortès ?
_Ce que je fais habituellement, Mucus. Tenter d’extraire l’anima d’âmes qui ne sont pas défuntes.”

Malheureusement, une partie de ses recherches et la majorité de ses échantillons de pierres d’âmes étaient restées sur Azeroth. Avec seulement quelques fragments d’âmes mutilées à disposition, ses avancées étaient donc plus qu’incertaines. Ce qu’il lui fallait, c’était de nouveaux sujets d’expériences et du matériel adéquat. Et il n’y avait qu’un endroit en Revendreth où il pourrait en trouver.

“Tout compte fait mon brave Mucus, nous sortons ce soir, annonça-t-il en se levant de son fauteuil. Apporte moi Morticia et réveille Thieflin, qu’il porte un message au Marché nocturne. Nous partons faire affaire.”

***

Le Marché Nocturne était un lieu réputé de contrebande qui, comme la plupart des activités illicites dont la popularité avait éventé le secret, restait tacitement toléré par les autorités du royaume pour le bénéfice qu'il leur offrait. Et parce que ces autorités étaient de toute façon actuellement en pleine restructuration de leurs effectifs, il fallait bien le dire.

Ainsi, aux frontières de l'Entre-Deux, dans les ruines d'un domaine au propriétaire depuis longtemps oublié, les venthyrs échangeaient biens et services avec des négociants venus leur apporter les produits exotiques d'autres royaumes.

Cortès avait fait le chemin en carrosse et même si le marché observait une certaine neutralité pour le bien des affaires, la situation actuelle le rendait quelque peu paranoïaque. C’est pourquoi il était parti avec son éventail de couteaux ensorcelés, en plus de Morticia, sa lame domestique. Mucus était bien sûr présent, parce qu’il fallait quelqu’un pour porter le vase d’anima qui servirait à effectuer ses transactions.

A leur arrivée, le petit messager que le Comte avait envoyé au devant de leur diligence voleta jusqu’à eux.


“_Alors, as tu trouvé quelque chose d’intéressant ? lui demanda Cortès.
_Oui, maître, répondit la créature ailée à la voix grinçante. Il y a un spécimen qui vient d’arriver et qui a attiré tous les curieux. Je pense qu’il devrait vous intéresser tout particulièrement.
_Vraiment ? Et bien allons voir cela…”

Le Comte et ses serviteurs se mirent en route, guidés par le démon messager qui les mena jusqu’aux coins les plus reculés du marché, au rebord de Revendreth. Là, un attroupement bruyant s’était formé autour de deux négociants qui encadraient une cellule de confinement dont le contenu n’était pas tout à fait visible. Cortès fendit la foule, laissant Morticia s’interposer entre lui et ceux que son passage pouvait contrarier. Thieflin s’était posé sur son épaule droite et il entendait Mucus qui piétinait derrière, encombré par le port du vase d’anima dans cette forêt de jambes. A mesure qu’il approchait, il put discerner la harangue des deux vendeurs :

“_...une créature vivante !
_Une créature fascinante !
_Ne vous laissez pas berner par sa frêle constitution, car nous l’avons trouvée aux portes de l’Antre !
_On sent d’ici le vice qui émane de son âme ! Approchez mesdames et messieurs, venez constater par vous-mêmes !
_Une créature vivante ! Nul ne sait d’où elle vient, si ce n’est d’au-delà du Voile !”

Cortès reconnut les négociants comme un duo réputé sur le marché. Ils n’y venaient pas si souvent, mais ils étaient connus pour offrir un spectacle divertissant durant leurs ventes, même si le produit n’était pas toujours à la hauteur de leur performance. Le Comte avait d’ailleurs appris à différencier les deux compères et leurs noms lui revinrent vite en mémoire : Il y avait Ve’rol, celui qui parlait avant de réfléchir et Ve’nal, celui qui réfléchissait à ce que vous vouliez l’entendre dire. La mention de “créature vivante” l’intéressa d’ailleurs particulièrement et il jeta un regard en coin au démon sur son épaule, qui lui rendit un sourire avec des airs de “Je vous l’avais bien dit”.

Des aristocrates s’étaient approchés de la cellule de confinement pour observer la créature de plus près, tapant parfois la paroi avec la garde de leur rapière, pour agiter la bête qui restait assise et n'offrait guère de distraction. Un venthyr particulièrement sinistre s’avança à son tour, en restant cependant à bonne distance de la cage. Il avait le dos voûté et le visage creusé, le corps marqué par d’anciennes contusions. Et c’était bien étrange, car les venthyrs n’étaient normalement pas sujet aux faiblesses comme l’âge et les maux persistants.


“Moi je sais d’où elle vient ! scanda l’estropié. Cette chose vivante vient d’Azeroth ! Ce sont ces créatures qu’a engagé le prince renégat pour semer le malheur dans notre royaume ! J’étais à Nathria lorsqu’elles sont venues s’en prendre à notre Maître ! Voyez les horreurs dont elles sont capables, voyez celles qu’elles m’ont infligées avec leurs armes ensorcelées et leur magie d’autres plans ! Elles ont assassiné la cour et massacré les enfants de la pierre ! Elles ont mis à sac la demeure éternelle de Revendreth et souillé le symbole de notre royaume ! Elles sont allées jusqu'à libérer les âmes dépravées, confiées aux bons soins de notre seigneur ! Vous aussi vous avez entendu les rumeurs ! Elles sont marquées par l’Antre et commettent des crimes aussi terribles que ses résidents !”

Des cris d’horreur s’échappèrent de la foule. Les négociants furent un instant frappés de stupeur, suffisamment pour que le Comte constate qu’ils ne savaient pas réellement ce qu’ils vendaient. Mais lui, il avait eu un aperçu de la barbarie des créatures d’Azeroth. Et cela aviva un peu plus son intérêt pour le produit. Par ailleurs, le reste de l’assistance regardait maintenant avec dégoût la créature, qui avait décidé d’assumer son rôle de bête effrayante. Tirant une lame dissimulée, elle se jeta contre la paroi de la cellule de confinement, frappant en direction des curieux qui s’en étaient approchés. Les aristocrates effarouchés s’éloignèrent vivement de la cage, comme si elle risquait d’exploser et de relâcher sur eux la bête sauvage. Évidemment, il n'en fut rien.

“Vous lui avez laissé ses armes ?! cria encore l’estropié. Inconscients que vous êtes ! Cette chose n’attend qu’une seule occasion, une seule, pour vous sauter à la gorge et vous vider de votre anima ! Ensuite elle l’apportera à son maître, le prince renégat !”

Maintenant, la foule était définitivement horrifiée. Et proprement outrée par le monstre qu’on essayait de lui vendre. Les venthyrs se dispersèrent en échangeant des murmures précipités et soucieux à propos du triste spectacle auxquels ils venaient d’assister. Bientôt, il ne resta plus devant la cellule de confinement que Cortès et ses serviteurs, ainsi que les deux négociants qui tentaient vainement de retenir la foule qui les fuyait.

“_Bien sûr que cette créature est mauvaise, mais cela ne rendra son anima que plus délectable, non ?!
_Allons, Ve’nal, dit alors le Comte. Vous devez bien savoir que nous ne pouvons extraire l’anima des âmes vivantes, n’est-ce pas ? Hm, pas encore tout du moins, ajouta-t-il à demi-mots.
_Oh, mais il n’y a pas que ça ! intervint son compère Ve’rol, avec l’énergie de celui qui tire désespérément sa dernière carte. Cette créature possède aussi un cristal gardien !
_Comme le dit mon cher associé, renchérit Ve’nal. Un cristal gardien gorgé d’âmes vicieuses, qui plus est !
_Vraiment ? Et où est-il donc ?
_Et bien, elle le porte sur elle, indiqua Ve’rol.
_Évidemment… Dans ce cas sortez la de sa cage, je souhaite l’observer.”

Les négociants échangèrent un regard en considérant cette requête. Mucus intervint alors, d’une voix incertaine :

“_Vous êtes sûr patron ? C'est-à-dire qu’on vient de nous expliquer que la bestiole était dangereuse.
_Et après ? Elle est seule et il y a toute une clientèle de combattants aguerris ici, répliqua le Comte en déployant ses coutelas volants autour de la cellule de confinement. Elle n’irait pas loin, même si elle réussissait à nous échapper. Les azerothiens ne sont pas dénués d’instinct de conservation, n’est-ce pas ?” dit-il à l’adresse de la créature emprisonnée, qui lui rendit un regard revêche.

Elle avait l’air frêle, bien qu’elle était d’une stature haute. Elle portait des vêtements épais, qui la couvraient de la tête aux pieds en ne laissant finalement visibles que ses yeux et son nez. Pourtant Cortès réussit à l’identifier comme de l’espèce appelée “humaine”. Quelque chose chez elle l'intriguait, sans qu'il sache encore bien quoi. Elle devait certainement cacher encore beaucoup d’armes sous son manteau, mais le Comte avait confiance en ses propres capacités, ainsi que celles de ses serviteurs.


“_Par ailleurs, je sais qu’ils ont besoin d’être au moins cinq pour réellement poser problème, ajouta-t-il d’un ton nonchalant.
_Ne vous inquiétez pas mon seigneur, dit alors Morticia. Si elle tente quoique ce soit d’audacieux, elle finira découpée en tellement de petits morceaux qu’un chirurgien maldraxxi ne pourra pas la recoudre.”

La lame animée vint se placer entre son maître et la prisonnière, aussi menaçante que pouvait en avoir l’air une épée bâtarde dont les ornements pourtant très riches n’incluaient aucun trait qui laisserait penser à un visage. D’ailleurs les yeux de l’humaine sautaient d’un bord à l’autre de l’arme, à la recherche de ce qui était censé être son regard.

Quand le Comte eut confirmé sa requête aux négociants, le champ de confinement s’évanouit soudain et la créature vivante se trouva cernée par les couteaux ensorcelés, qui fondirent sur sa gorge sous la commande d’un geste subtile de leur maître. Leurs pointes pressées contre son épiderme la dissuadaient de tout geste brusque. Cortès la saisit alors par le menton et la souleva du sol pour ôter son masque et la dévisager. Vivante, encore jeune, une carnation colorée et une certaine vigueur dans la résistance toute informelle qu’elle opposait à ses gestes.


“_Ça ferait un cobaye suffisamment robuste, fit remarquer le démon sur son épaule.
_En effet, Thieflin. En effet.”

Elle semblait aussi être une combattante, ce qui ouvrait d’autres possibilités à l’esprit ambitieux du Comte. Pour autant, elle ne tentait rien alors même qu’elle était désormais à l’air libre. Elle avait donc bien un instinct de conservation après tout. Et bien qu’elle soutenait présentement son regard, il la vit lorgner plusieurs fois d’un côté et de l’autre du marché. Elle observait son environnement en quête d’informations, elle apprenait. Et toujours ce petit quelque chose dans son attitude mesurée qui le dérangeait. Décidant de ne pas prolonger ses observations plus que nécessaire, le venthyr porta ses longs doigts fins au cou de l’humaine, avant de tirer le médaillon dissimulé sous son manteau.

Le bijou, qui se révéla être une boussole, réagit aussitôt qu’il le saisit au creux de sa main. Des spectres hurlants et armés jaillirent du pendentif, provoquant un mouvement de recul chez le venthyr, qui ne relâcha ni sa poigne sur l’humaine, ni son flegme altier.

Il relâcha cependant la boussole, levant sa main libre pour libérer son anima en une gifle cinglante, qui lacéra les spectres. Ceux-ci se tortillèrent de douleur avant de se replier dans l’artefact. D’un air satisfait, le Comte reposa l’humaine à terre. Autour d'eux, les curieux avaient à nouveau tournés la tête, attirés par les cris des âmes damnées.


“_Comme vous pouvez le constater, cette créature a énormément de potentiel, dit Ve’rol tout en commandant à la cellule de se reformer autour de la créature.
_Pour celui qui saura le voir, précisa rapidement Ve’nal.
_Et je le vois, répondit Cortès, avant de déclarer : Très bien, je vous l’achète.”

Les négociants échangèrent un regard rapide, s’accordant à saisir l’aubaine. Cette vente qui s’annonçait désastreuse s’avérait finalement concluante.

“_Excellent choix ! dit Ve’rol.
_Maintenant pour ce qui est du prix, dit Ve’nal en considérant la flasque d’anima portée par le purotin. Je vois que vous êtes venu avec une somme convenable.
_’Convenable’.” répéta le Comte.

Comme leur nom l’indiquait, il était dans la nature des négociants de marchander et donc de proposer des prix excessifs pour leurs produits, simplement afin de pousser leur interlocuteur à entamer les négociations. Mais Cortès ne souhaitait pas s’attarder au marché, surtout en sachant que son acquisition avait tant attiré l’attention. Il tira donc un morceau de parchemin et une plume ensorcelée de sa besace et, dans le même temps que les mots s’inscrivaient sur le document, fit signe à Mucus de déposer le récipient d’anima devant les marchands. Il conclut finalement l’accord d’une façon qui devait à la fois les satisfaire et donner le sentiment qu’il avait joué le jeu :


“Soit, mais vous utiliserez une partie de cet anima pour téléporter la bête et sa cellule à ces coordonnées.” dit-il en faisant voler le parchemin vers les négociants.

Ve’nal étant déjà occupé à soulever le vase d’anima, le document finit sa course entre les mains de son associé.


“_Coordonnées que vous me ferez le plaisir d’oublier ensuite, n’est-ce pas ?
_Bien entendu, assura Ve’rol. Le silence est d’anima.
_Et le nôtre est inclus dans nos frais de transaction, soyez en assuré, précisa Ve’nal.
_Fort bien.”

Le Comte se tourna vers sa nouvelle propriété, tandis que les deux négociants calibraient leur engin de téléportation. Du coin de l'œil, il vit le parchemin des coordonnées se consumer dans la flammèche de l’un des marchands, puis il revint à la créature vivante. Celle-ci semblait s’intéresser aux couteaux volants qui, dès lors que leur propriétaire avait relâché son attention sur eux, s’étaient mis à orbiter lentement autour de sa cellule. Elle avait toujours cette lueur farouche dans le regard, tandis qu’elle observait et assimilait la moindre information qu’on lui donnait à voir. Même si ses gestes -ou leur absence- laissaient croire qu’elle restait docile, ses yeux trahissaient sa réflexion. Réflexion qui tendaient vers son évasion, à n’en point douter.

“_Vous êtes sûr de pouvoir la rentabiliser patron ? demanda alors Mucus, planté à ses côtés. C’est une bonne partie de vos économies que vous venez de céder. Je pensais qu’on aurait pu en garder pour animer un vive-pierre, histoire de garder le domaine.
_Inutile, mon cher Mucus, répondit le Comte bien confiant. Je viens tout juste d’acquérir un gardien. Et un cobaye. Ainsi qu’une source presque infinie d’anima. Cette âme sera parfaitement rentabilisée. Mais il faudra que chacun de nous y mette du sien.”

Après avoir reçu divers degrés d’approbation de la part de ses serviteurs, Cortès regarda le flux lumineux du dispositif de téléportation envelopper l’humaine. Celle-ci soutint son regard une dernière fois avant de disparaître et le Comte put enfin mettre le doigt sur ce qui l’intriguait chez cette créature captive. Elle n’avait pas peur. Et ce malgré la précarité de sa situation. Il faudrait donc lui apprendre.
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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeSam 3 Juil - 14:24

Grâce à la plume de val’kyr, le voyage entre Helheim et Maldraxxus n’avait pas été si long pour l’Inexpiable. Le capitaine Sally en avait ainsi profité pour expliquer à la mage comment les choses fonctionnaient dans les domaines de la Mort et comment elles ne fonctionnaient plus depuis quelques temps. Tout comme elle lui parlait du Geôlier, de ses manigances, de la pénurie d’anima et de ses conséquences sur l’Ombreterre, Thenna observait le grand néant de l’Entre-deux dans lequel flottait le navire. Si l’on supposait que sur son plan d’existence, les énergies cosmiques qui animaient l’espace entre les mondes s’apparentaient aux Arcanes, elle restait songeuse devant ces manifestations de l’anima. S’agissait-il de la composante des âmes ou de la manifestation de leur expression ? Et chacune des étoiles dans ce firmament coloré était-elle un monde hébergeant des esprits ? En tout cas, la vision qui s’offrait à elle était apaisante, à la manière d’une aquarelle mouvante dans laquelle la mage laissait errer son regard tout en prêtant l’oreille à sa lointaine ancêtre.

Ou peut-être pas vraiment son ancêtre. Sally Rocvent, comme elle l’avait indiqué, faisait partie de sa lignée mais n’avait jamais eu d’enfant. Sa branche de l’arbre généalogique s’était donc terminée avec elle. De son vivant, Sally avait fait partie des explorateurs gilnéens partis à la découverte des mers du sud. Elle avait accompagné les premiers colons de Kul'tiras sur les rivages de l'île et eut même l'occasion de croiser le fer avec les drusts.

Mais elle se démarquait aussi de sa lignée par son esprit indépendant et lorsqu'il fut évident qu'une nouvelle nation allait naître sur Kul'tiras, elle choisit de se détacher de l'autorité en formation. Elle passa alors le reste de sa vie en piratesse, vivant de la contrebande et du mercenariat. C'est à cette époque qu'elle avait fait la rencontre de Vladilhien, qui se sentait à l'étroit dans sa forêt elfique surprotégée. Naviguant d'île en île avec leur équipage, ils avaient découverts bon nombre de trésors fascinants avant de succomber à une escapade malheureuse. Elle avait alors dû faire face à l'Arbitre dans l'après-vie.


"Après ça, j'ai purgé ma peine à Revendreth, raconta le spectre. Pas très longtemps considérant que ce que je faisais était plus souvent illégal qu'immoral. Puis ils m'ont envoyé au Bastion et voilà-t-y pas qu'après avoir appris à m'approprier mes fautes et à en faire mes forces, on me demandait de faire table rase de tout mon passé et de mes expériences. Juste après qu’ils m’aient bleuie, je leur ai dit “Salut moussaillons” et je me suis tirée. J'ai retrouvé Vlad' qui venait de lâcher son service à Maldraxxus -il avait reconstruit son petit corps et il était pas tenté de devenir une liche- et ensemble on a mis notre anima en commun pour invoquer une réplique de notre bateau ici bas. Ensuite on a réuni ce fier équipage et maintenant nous voilà, voguant dans l'Entre-Deux sans compte à rendre au grand Dessein et à tous ses fonctionnaires à tête de lanterne."

Le temps de cette histoire, le navire arrivait en bordure d’un déferlement particulier d’anima dans l’espace. Ondulant comme un ruban, dont la couleur vert-bouteille était d’aussi mauvaise augure que celle des vagues de Helheim, il cascadait vers un maelström lointain jusqu’à former l’un de ses bras spiralé. Sally cria alors à tous de s’attacher au navire et, décalant de côté, l’Inexpiable s'immisça dans le fleuve pour se laisser porter par le flot d’anima. Celui-ci était bien plus puissant qu’il y paraissait et le navire accéléra subitement, si bien que Thenna eut le sentiment qu’il tombait plus qu’autre chose. Même si elle avait noué une corde à sa ceinture, la glissade était si brutale qu’elle avait provoqué sa métamorphose et la worgen se cramponnait maintenant de toutes ses griffes au bois grinçant de l’embarcation. Considérant les acclamations enthousiastes autour d’elle, elle se dit que les pirates étaient plutôt habitués à ce genre de manœuvre.

Et puisque le navire filait à toute vitesse, leur destination ne tarda pas à se dessiner au centre du tourbillon d’anima. S’il fallait décrire le territoire qui se présentait devant elle, Thenna n’aurait probablement pas employé le mot “terre” pour commencer. A son sens, cela ressemblait plutôt à ce qui se serait passé si un Titan avait eu un ulcère à l’estomac. Un ulcère qui se serait détaché et aurait chuté dans les sucs gastriques, avant d’être remonté par la force d’une toux grasse le long d’un oesophage glaireux, puis mastiqué par une dentition gâtée et enfin recraché dans le vide spatial en s’imprégnant de la salive malodorante du gargantua à l’hygiène douteuse. La déjection résultante avait alors croisé plusieurs rochers venus s’y agglutiner, des pustules avaient poussé à sa surface, puis des champignons et enfin des poils -pour une raison ou une autre. Un vol draconique tout entier se serait alors écrasé sur son sol comme une pluie de météorites, en ne laissant que des os éparpillés sur les reliefs de chair et de roche. Finalement, une civilisation avait émergé de ce cauchemar purulent et commencé à assembler tout le ram-dam organique et moins organique en une architecture qui ressemblait atrocement à celle du Fléau.

Et quelqu’un quelque part avait jugé que tout cela était bon.

Le bateau termina son voyage en glissant de bord jusqu’à sortir du courant, projeté dans l’Entre-deux en direction de ce qui devait être Maldraxxus. Thenna ne savait pas vraiment comment fonctionnait la pesanteur ici, mais elle s’imaginait qu’à cette vitesse, le navire aurait dû s'écraser contre le continent flottant et pas simplement finir sa course en ballotant d’un bord et de l’autre. Pourtant, c'est ainsi que l’Inexpiable s’arrêta, dans une vallée isolée et reliée au reste de Maldraxxus par un tunnel rocheux.

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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeJeu 8 Juil - 0:57

Après un aller-retour rapide à Oribos, afin de régulariser leur situation en annonçant à un certain “marchedroit” leur intention de prêter serment au Bastion, Grisvald et Hildregarde retrouvèrent Célia au Repos de l’Aspirant. La défunte épouse les mena alors à un endroit voisin, appelé le Creuset de l’Aspirant. Ce second lieu était par déduction celui où les novices du Bastion faisaient tout ce qu’il y avait à faire pour justifier le repos accordé dans le premier.

Dans ce creuset, Grisvald dut subir plusieurs épreuves :

Il lui fallut d’abord se mesurer à plusieurs aspirants en combats singuliers, ce qui fut vite expédié car ses adversaires étaient des novices en beaucoup de matières. Mais il dut ensuite faire de même face à des automates destinés à tester ses aptitudes martiales, ce qui fut moins vite expédié. Sauf dans le cas du dernier colosse invincible, qui l’envoya rapidement dans les roses. Ce fut une expérience bien peu enrichissante et passablement humiliante. Si Hildregarde en appelait à la traîtrise, Célia, qui savait exactement ce qui l’attendait, s’en était toutefois bien amusée.

Il dut ensuite se soumettre à un rituel qui permettait à ses souvenirs de se manifester. Ainsi, devant l’audience et le jugement des autres aspirants, il lui fallut revivre les batailles précédentes de son existence. Ce fut une expérience intrusive et relativement déplaisante. Et il aurait préféré ne jamais revoir la face monstrueuse des ogres qu’il avait affronté de son vivant. Hildregarde fut toutefois satisfaite de voir qu’il avait participé à tant de batailles.

Après cela, il participa à quelques activités logistiques du Creuset, qui étaient supposées lui donner un aperçu du fonctionnement de la société kyriane. Mais, selon lui elles étaient surtout révélatrices des défaillances actuelles de cette société. Si Célia pensait la même chose, elle n’en laissait rien paraître et tentait de communiquer son enthousiasme à participer à ces tâches essentielles. A l’inverse, Hildregarde communiquait clairement son désintérêt pour ce travail de sous-fifre.

Enfin, le gilnéen fut mené jusqu’à une caverne dans laquelle il devait accomplir un autre rituel lié à ses souvenirs. Cette fois cependant, ceux invoqués étaient plus profondément enfouis, plus personnels. Raison pour laquelle il n’y eut pas d’audience en dehors de Célia et Hildregarde. Cette épreuve avait sans doute été la plus difficile, car des mauvais souvenirs, il en avait accumulé une bonne réserve. Parfois relatifs à des aspects de sa vie qu’il ne soupçonnait pas, ou remontant plus loin qu’il l’aurait imaginé. Des angoisses refoulées, une violence intériorisée, des colères mal dirigées… Son état de mort-vivant ayant émoussé sa sensibilité, il ne fut pas complètement submergé par la résurgence de ces souvenirs. Abattre leur manifestation physique fut cependant une toute autre histoire et lorsque Célia s’attarda à lui demander s’il voulait prendre le temps d’en parler, elle s’adressait à un dos tourné.

Quand il en eut fini avec ces travaux -qui n’étaient pas au nombre de douze mais avaient éreinté sa carcasse tout comme- Grisvald fut présenté à une grande dame ailée qui, croyait-il, allait finalement lui accorder le statut qu’il recherchait. Malheureusement, ce ne fut pas le cas et la créature, qu’on lui avait expliqué être une Transcendée, lui déclara solennellement qu’il avait gagné le droit de se rendre au Siège des Hymnes Éternels afin de recevoir sa juste récompense pour ses efforts en tant qu’aspirant. Avant de partir, elle lui apposa la marque du Bastion, l’investissant de l’anima du domaine pour marquer son admission dans les rangs des kyrians. Malgré la perception trouble de son propre corps et âme, le mort-vivant sentit ce soudain afflux d’énergie rayonner sans pour autant s’offrir à lui. Comme le coffret d’un formidable pouvoir dont on ne lui avait pas encore confié les clés.

Il se mit donc en route, accompagné de la val’kyr et de sa défunte épouse. Le chemin jusqu’au siège étant long -parce qu’il avait valeur de pèlerinage aux yeux des kyrians- une discussion s’initia entre ces êtres à différents stades de leur décès :


“_Nous allons d’abord faire halte au Repos du Héros pour trouver ton régisseur attitré, expliqua Célia.
_Les petites créatures à plumes ? demanda Hildregarde. Inutile, elles ne feraient que nous encombrer.
_Tous les alliés des kyrians s’en voient assignés un, insista la kyriane. Pour les guider et...
_Pourquoi notre fille n’est-elle pas avec toi ? la coupa Grisvald, abrupt. Médira, tu ne l’as pas oubliée ?”

L’aspirante se renfrogna.

“Non. Bien sûr que non. Nous sommes arrivées à Oribos en même temps mais nous avons été… Séparées dans le flux des âmes. Tu sais, quand j’ai compris que j’étais coincée sur la Voie parce que je n’arrivais pas à vous oublier, elle est la première que j’ai essayé de trouver.”

Comprenant que le silence de son compagnon était une invitation à continuer, elle reprit :

“Il y a plusieurs royaumes dédiés aux enfants, malheureusement, dit-elle avec une grimace. Mais ce sont souvent des lieux de passage dans lesquels les âmes évoluent avant de pouvoir réaliser leur Dessein. Je l’ai retrouvée dans l’un d’eux. A vrai dire je suis allée la voir plusieurs fois, même contre l’avis de mes mentors. Et puis un jour, elle n’était tout simplement plus là. Les auxiliaires chargés de ce royaume m’ont dit qu’elle était passée à l’étape suivante de son après-vie.
_Ils t'ont dit laquelle ? Ces auxiliaires sont étonnamment cryptiques pour des créatures vouées à guider les âmes.
_C'est vrai, admit Célia avec un ricanement. Mais il semblerait qu’une de tes ancêtres possède un royaume dédié à votre lignée et puisque notre fille est tout de même de ton sang, elle a fini par les rejoindre.
_Une ancêtre ? questionna le mort-vivant. Notre maison à Gilnéas a eu un fondateur, mais…
_Plus loin encore que cela, l’interrompit l’aspirante. C’est une grande femme. Elle se fait appeler Matriarche. Je doutais qu’elle soit humaine, mais il s’avère que les humains étaient des géants par le passé, récita-t-elle, plutôt fière de ses connaissances.
_Oui. J’ai appris cela, admit Grisvald en échangeant un regard avec la val’kyr à ses côtés. Que fait Médira là-bas ?
_Elle continue ce que ta famille fait visiblement depuis des lustres, elle apprend l’art de la guerre.
_Et ça ne te dérange pas ? demanda le mort-vivant après un temps de silence.
_Je sais que c’est ce qu’elle aurait fait de son vivant avec toi, répondit la défunte avec détachement.
_Pas nécessairement… commença Grisvald. Elle aurait pu devenir…
_Dis moi plutôt, le coupa soudain Célia. Comment as-tu perdu notre fils ?”

Devant cette question aussi abrupte que la sienne, le chevalier fouilla le regard de la défunte. Bien qu’elle était formulée comme une accusation, il n’y avait pas de reproche ou d’animosité dans ses yeux bleus luisants. Mais puisqu'il tardait à répondre, c’est Hildregarde qui prit la parole.

“_Lui et les autres jeunes âmes fougueuses se sont lancés à la poursuite d’un navire ennemi, qui les a menés dans Helheim. Je n’ai malheureusement pu récupérer que le jeune loup aveugle. Quant aux autres, je leur ai laissé des plumes enchantées, afin de leur offrir une chance de survivre à la tempête.
_Donc… Notre fils, la fille de Brunehilde et la fille de Mellicent, récapitula Célia, pensivement. Helheim... Le domaine de Helya ? suggéra-t-elle ensuite.
_En effet, reconnut la val’kyr miniature. Je suis étonnée que vous en ayez entendu parler. Mais la malveillance de la sorcière est telle que son nom a dû être maudit dans bien des royaumes.
_On peut dire ça… Cette horrible bonne femme a mené une attaque sur l’un de nos temples, il y a peu, dit l’aspirante. Et vous leur avez donné des… Plumes ? interrogea-t-elle, tandis qu’Hildregarde maudissait le nom d’Helya dans sa langue, pour faire bonne mesure.
_Oui, reprit le spectre sur un ton plus posé. Elles portent une partie de mon pouvoir, ce qui me permet de les retrouver plus facilement. Si je me trouve dans le même royaume qu’elles, du moins.
_Intéressant… Cela me donne une idée…”

Ainsi lancée, Célia évoqua aux deux morts-vivants l’existence de toute une panoplie de cloches et de bourdons conçus pour aider les kyrians dans leurs méditations. Outre le fait d’émettre un son qui plongeait les aspirants dans une transe introspective, certaines étaient aussi capables d’amplifier leurs capacités extrasensorielles, si par exemple ils souhaitaient entrer en communion avec le Bastion via l'anima qu'ils partageaient. Un tel usage permettrait probablement à la val’kyr d’augmenter sa capacité à détecter ses propres plumes !

L’idée délivrée avec enthousiasme par la kyriane fut accueillie par le contentement mesuré des morts-vivants. C’était tout de même une très bonne idée et le groupe chemina avec un peu plus d’entrain, motivé par ce nouvel objectif. C’est alors qu’ils arrivèrent en vue d’une agora posée sur un rocher flottant à la manière de la nouvelle Dalaran. Le Repos du Héros, leur présenta Célia.

Mais l’attention de l’aspirante ne se portait pas sur cette grande place. Devant eux, sur une colline non loin de la route, il y avait un régisseur en train de travailler sur une plateforme dallée et vers lequel Célia se dirigea à grands pas en s’exclamant :


“Zenza ! C’est justement toi que je cherchais ! Comment vas-tu ma chérie ?” dit-elle en se portant auprès de la petite créature, devant laquelle elle s’agenouilla.

Quand ils l’atteignirent à leur tour, Grisvald et Hildregarde purent entendre les réponses de la régisseuse à la voix fluette :


“_Très bien. Mieux que le téléporteur. Beaucoup de passages, la plateforme très vite usée. Bonjour, fit-elle en saluant les deux arrivants. Vous venez l’emprunter ? Ce sera bientôt prêt.
_Non, nous n’aurons pas besoin d’aller plus loin, la rassura Célia. Mikanikos t’a encore chargée de la maintenance ?
_Houih, dit la créature avec un ululement dépité. Il ne veut toujours pas me laisser revenir à la Forge Éternelle.
_Oh c’est vraiment dommage, dit l’aspirante d’un ton compatissant, avant de se tourner vers ses compagnons de route. Zenza est une régisseuse, mais aussi une forgelite. Elle est très douée et très inventive. Parfois elle s’inspire même des créations d’autres royaumes ! C’est certainement ma régisseuse préférée de tout le Bastion, déclara-t-elle tout sourire, en passant une main sur la tête plumeuse.
_Si elle est si douée, intervint Grisvald. Pourquoi lui interdit-on d’accéder à la forge ?
_Le premier forgelite dit que si ça n’est pas utile à la Voie… Hou-ouh si ça explose durant les tests et bien ne ça n’a pas sa place dans le Bastion, indiqua la régisseuse sans se détourner de son ouvrage.
_Ce premier forgelite est un chef sage, déclara alors Hildregarde.
_Et tu veux que ce soit elle, notre régisseur attitré ? demanda encore Grisvald, d’un ton ennuyé.
_Tout à fait, affirma la kyriane. Elle pourra s’occuper de vous fournir un équipement plus approprié. Et aussi de l’entretenir. Et vous êtes venus avec un problème très particulier, alors il vous faudra des solutions particulières.
_Possiblement, admit le mort-vivant.
_Et elle sait jouer de la musique, ajouta son interlocutrice
_Je ne vois pas en quoi cela nous intéresse, contesta Hildregarde.
_Cela m’intéresse, moi, rétorqua l’aspirante. Car à l’évidence, je ne peux pas compter sur vous deux pour égayer le voyage.
_D’accord, d’accord, elle peut venir, concéda le chevalier.
_Formidable! Maintenant qu’elle est disponible, tu peux lui demander gentiment et délicatement de nous accompagner.” dit Célia en attrapant la petite boule de plumes par les épaules et en la plaçant face au mort-vivant.

Celui-ci lança à son épouse un regard terne, lui demandant muettement s’il devait vraiment faire cela. Elle lui rendit un regard encourageant, ainsi qu’un hochement de tête l’invitant à procéder. Avec un soupir excédé, il tira son épée dont il abattit la pointe juste devant le bec de la petite créature. Celle-ci eut bien évidemment un mouvement de recul, prise de peur devant la lame runique.


“Toi. Tu seras désormais notre serve et notre intendante. Tu nous suivras le temps de notre mission et sera chargée d’entretenir armes, armures ainsi que de pourvoir à tous nos besoins logistiques ou relevant de tes compétences. Ton destin est lié au nôtre et ton existence n’a plus d’autre but que l’accomplissement de notre objectif. Relève toi maintenant. Cette halte est terminée, nous reprenons la route.”

Et sur ce, il se détourna de la régisseuse pour reprendre la marche. Zenza pivota la tête vers Célia à la recherche de soutien. Car malgré l’entrée en matière très solennelle, elle ne pouvait suivre ce premier commandement, étant déjà debout. L’aspirante soupira mais lui adressa ensuite un sourire rassurant avant de se lever elle-même, lui indiquant de suivre.

“_Et bien nous pourrions fêter cela avec un peu de musique pour nous donner de l'entrain, qu'en dis-tu ? demanda-t-elle à la régisseuse.
_Ça me ferait très plaisir, déclara celle-ci en produisant un instrument qui ressemblait à une grossière clarinette.
_"Gentiment et délicatement", répéta-t-elle ensuite en s'adressant à son défunt époux. Je me demande si c’était bien une bonne idée d’élever deux enfants avec toi, voulut-elle le taquiner.
_Tu n’étais pas très douée pour cela non plus, lui rappela alors le chevalier.
_Ha oui ? J’ai dû oublier.”

Le reste du voyage se fit sous le son de l'instrument, dont la mélodie était aussi inélégante que son aspect et qui fit grincer des dents le mort-vivant.


Dernière édition par Abermalt le Sam 11 Sep - 10:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeLun 12 Juil - 23:50

“Est-ce que vous pouvez me redire pourquoi je dois porter ça ? demanda Tym en serrant la ceinture de son costume bigarré. Pourquoi est-ce que je ne peux pas être un aventurier d'Azeroth comme tous les autres qui viennent ici ?"

Ermeline l'avait emmené dans les coulisses d'un théâtre où elle l'avait présenté à la troupe déjà en place, comme l'acteur d'une nouvelle production.

La troupe en question était composée de ce qu'il comprit être les véritables habitants de Sylvarden : des satyres qui n'en étaient pas et des fées aux airs enfantins. Ce qui n'empêchait pas la fée metteuse en scène de se prendre très au sérieux. Elle avait écouté d'un air dubitatif le pitch de la renarde astralement projetée mais s'était finalement laissée convaincre et leur avait donc ouvert l’accès aux costumes.

Le druide avait accepté de suivre jusque-là, mais après avoir enfilé les souliers, les collants et la tunique colorée, des doutes s'étaient formulés dans son esprit. Ermeline, qui ajustait maintenant une paire d'ailes sur ses épaules, lui expliqua donc les choses patiemment :


“_Parce que les aventuriers d'Azeroth portent des armures d'Azeroth. Et nous, nous cherchons une armure faë. Tu incarneras donc Sidh le Worg, un chasseur fae très populaire ici et qui, tiens toi bien, prenait la forme d'un loup.
_Ce n'est pas une tenue de chasseur.” grogna Tam, qui savait de quoi il parlait.

En ce qui le concernait, le chasseur authentique était un animal prédateur et ne portait donc pas de tenue du tout.


“_Pas encore, convint Ermeline. Mais ici il est de coutume de laisser aux acteurs des offrandes selon leur performance. Avec un peu de troc ensuite, on obtient tout ce qu'on veut.
_Mais je suis pas vraiment acteur, rappela Tym.
_Qu'est ce que tu racontes ? Tous les êtres civilisés portent un masque pour vivre dans leurs communautés. C'est pour ça qu'on parle de “rôle dans la société”, non ?” questionna la renarde.

Après avoir ajusté ses épaulettes ailées, elle fit se retourner l'acteur improvisé avant de s'emparer d'un masque orné de deux plumes aux allures d’antennes duveteuses et le posa sur son museau.


“_Sûrement… admit le worgen.
_Qui plus est, ton personnage n'est pas trop difficile à jouer. La principale caractéristique de Sidh, ce sont les trois hurlements qu'il pousse avant de donner la mort. Il suffira de rassembler toute la force de Goldrinn que tu peux invoquer. Tu devrais t'en sortir.”

“N'en soyons pas si certains, dit amèrement Hans dans son esprit. Si la bêtise est une science, nous en avons des pionniers par ici.”

Tym roula des yeux avant qu'un autre s'exprime, à haute voix cette fois :

“_Mais si le but est de s'équiper pour partir à l'Aventure, récapitula Allan. Pourquoi ne pas le faire au fil de péripéties enrichissantes ?
_En faisant quoi ? En affrontant les drusts, les gorms ? Les dévoreurs peut-être ? questionna la renarde fantasmagorique en rabattant sur sa tête une capuche percée de trous dans lesquels elle glissa ses oreilles. Non, non. Je n'ai pas besoin que tu risques ta vie ou de te faire dépouiller par des spriggans avant de commencer la quête que j'ai pour toi.
_Ha nous y voilà ! s'exclama Hans, attirant ainsi l’attention de tous les alter ego sur cette information. Et quelle est donc encore cette quête ?
_Et bien...
_J’espère qu’il y aura des gens à tuer ! déclara Tommy.
_Pas exactement des gens, mais…
_Et des gens à sauver ? questionna Flora.
_C’est un peu le but, oui, mais pas...
_Et que ce sera mortellement dangereux, dit alors Marvin.
_Ça oui.
_Une quête, ça c’est la promesse d’une Aventu…” commença Allan, avant qu'une grosse patte vienne se projeter astralement sur son museau, lui coupant la parole.

“_Oui, tout ça à la fois, reprit la renarde excédée. Est-ce que vous vous souvenez de Souk ? demanda-t-elle ensuite en relâchant sa pression sur la truffe.
_Le dieu singe ? Qu’on a croisé en Pandarie ?
_Oui. Tes petits amis avaient réussi à sauver son âme du Vide et elle aurait dû arriver ici pour renaître. Mais ça n’a pas été le cas à cause de ce que tu sais.”

L’Antre, oui. Tym en avait entendu parler. Contrairement à ce qu’en disait Marvin, il n’avait jamais pensé que c’était une bonne idée de mourir. Mais il n’aurait pas non plus pensé qu’il y avait un moment pire qu’un autre pour le faire.

“Donc je me disais qu’il serait bon que quelqu’un qui se soucie de l’existence des pauvres petits dieux oubliés d’Azeroth aille sauver son âme. Et comme tu es druide, que tu connais Souk et que tu es arrivé ici de manière tout à fait fortuite, je me suis dis que c’était un signe !” déclara la renarde.

Passant sa langue sur son doigt, elle ébouriffa les oreilles du worgen en les saupoudrant au passage de paillettes féeriques, ajoutant la touche finale au costume tout comme elle venait de le faire à son argumentaire.


“_Et voilà, tu es magnifique ! Un vrai loup-faë !
_J’ai l’impression d’être un chien de salon déguisé en papillon, grogna Tam.
_Ne t’en fais pas, mes illusions vont s’ajouter à cela, voulut le rassurer la renarde.
_A quoi ça sert de me faire porter ça, s’il y aura de la magie ? râla encore le Loup.
_Parce que porter le costume a un pouvoir évocateur sur l’esprit, qui aidera mes illusions à s’y glisser. C’est une simple question d’association d’idées, vraiment, expliqua la goupil. Ils verront un loup qui est un faë et ils accepteront alors plus facilement le portrait que je vais en dépeindre. Ce qui me permettra de travailler les détails, puisque le concept de base sera bien assimilé.”

Tam ne répondit rien, mais continua d’exprimer son désaccord en grognant. Tym en profita alors pour revenir au sujet qui l’intéressait :

“_Vous savez, moi je voulais d’abord retrouver mes cousines, indiqua-t-il. Je ne pensais pas aller dans l’Antre à moins qu’elles y soient.
_Mais si elles y sont, un petit détour ne coûte rien, argumenta Ermeline.
_Je suppose que non, répondit pensivement le druide, qui supposait plutôt que oui, mais tenait tout de même à considérer l’idée.
_Et qui plus est, il y a certaines conditions pour que les vivants puissent quitter l’Antre. Je ne sais pas lesquelles et je ne sais pas si tu les remplis. Il sera donc plus avisé de ne pas partir seul, pour augmenter les chances que ce ne soit pas un aller simple.
_Des conditions ? répéta Hans. Effectivement, c’est un détail qui a son importance et au sujet duquel nous aimerions que vous élaboriez.
_Ha ! s’esclaffa la goupil, tout comme elle se détournait d’eux, sa grande queue en panache balayant l’air dans le mouvement. Si je pouvais, je le ferais, mais je n’en sais pas plus que vous sur ce point. Oh ! Ça va être à nous, prévint-elle alors en se dirigeant vers le rideau menant à la scène. Fais simplement ce que je te dis, mets-y de l’emphase et on devrait finir la soirée sous les ovations !”

S'éclaircissant la gorge, la renarde spectrale passa le rideau en scandant d'une voix amplifiée par ses illusions.

"Mesarbres et mesfaës, amis de la Cour de la Nuit, je vous remercie d'être venus si nombreux pour cette représentation des grandes légendes de Sylvarden. Ce soir, les habitants d'Azeroth interpréteront pour vous Comme Chien et Chat, la rivalité éternelle entre Sidh le Worg et Sidh le Chat !"

Depuis l'envers du décor, Tym chercha du regard l'acteur de l'autre personnage de la pièce et ses yeux ne tardèrent pas à tomber sur le fantôme d'un gros chat persan, affublé lui aussi d'une paire d'ailes de fée.

"Merde." lui dit simplement le spectre, avec suffisamment peu d'entrain pour qu'il se demande s'il s'agissait de la salutation habituelle des artistes ou de l'expression de son déplaisir d'être ici.


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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeDim 25 Juil - 18:51

Après leur arrivée mouvementée dans Maldraxxus, Sally avait confié le bateau à Vladilhien et était descendue seule avec Thenna sur le plateau pestilentiel. Maintenant, elle menait la mage en direction du tunnel qui devait relier cette vallée au reste du royaume.

“_Qu’est-ce que c’est que cet endroit au juste ? demanda la vivante.
_Maldraxxus, le terrain où se forme l’Armée Immortelle, expliqua la morte. Les défenseurs attitrés des royaumes de l’ombre. Même s’ils sont connus pour faire à peu près autant de mal que de bien là où ils passent.
_Est-ce que c’est censé être le champ de bataille éternel que certaines cultures guerrières aiment imaginer comme après-vie pour leurs combattants ?
_Disons que c’est l’original, oui. Mais pas mal de ces cultures guerrières ont été un peu déçues par certains aspects alors le Dessein les a vouées à créer leur propre champ de bataille éternel.
_Certains aspects ?
_Hmhm. Par exemple… Chez les vivants, la nécromancie est généralement une hérésie, tandis qu’ici c’est tout le cœur de la guerre. Aussi, l’honneur est optionnel. Ce qui ne plaît pas aux vétérans qui rêvaient d’une meilleure guerre à défaut d’un espoir de paix. Le côté immortel et éternel est aussi très relatif. Ici, on s’incarne en simple troupier et il faut vaincre pour évoluer et se modeler. Et quand ton corps est détruit et ben il est détruit, recyclé par les charognards. C’est un grand jeu de dupes et beaucoup de guerriers ont jugé qu’ils valaient mieux que ça. Tu saisis l’idée ?
_Hmm, je m’y fais.” dit simplement la mage avant qu’elles s’engouffrent toutes deux dans le tunnel.

Celui-ci était bien entendu nauséabond et guère invitant. La surface semblait tapissée de chair, elle-même vérolée.


“_J’ai cru voir des nécropoles volantes en arrivant ici. C’est… Normal ? Sur Azeroth il y a eu un déferlement de morts-vivants et ils utilisaient exactement ce type de forteresse.
_Le Fléau ? Oui j’en ai entendu parler. Un jour, y a eu un énorme déferlement d’âmes venues de Lordaeron. Puis de Quel’thalas. En l’apprenant, on s’est risqués à jeter un œil à Oribos et Vlad’ a vu tous ses lointains descendants arriver d’un coup. Puis les âmes sont reparties aussi sec, rappelées par la nécromancie. Y a même des thalassiens morts depuis des lustres qui ont été enlevés. Vlad’ est tombé loin de chez lui, alors il n’avait pas à s’inquiéter mais… C’était la première fois que je le voyais se soucier de son pays natal. Depuis, les disparus reviennent au compte goutte de temps en temps.”

Le spectre marqua une pause tout comme elle se remémorait ces événements, funestes même pour les morts. La mage s’égara à imaginer le phénomène, se souvenant que les massacres du Fléau avaient touché Quel’thalas et Lordaeron, mais aussi Dalaran… Et elle s’arrêta avant que la tête lui tourne.

“_Mais ici, les nécropoles sont juste une arme de guerre normale. Tu sais, y a pas de grands secrets à la nécromancie, reprit Sally. Tous les parchemins et les sorts utilisés par vos sorciers viennent d’ici.
_Ce qui veut dire… Les sorts pour relever les morts ? suggéra Thenna.
_Et les manuels pour coudre une abomination, compléta la piratesse. Des recettes de pestes. Les enchantements de phylactères. L’ossomancie… Ce genre de choses.
_D’accord… Je pensais que c’était les inventions d’esprits fous… J’aurais préféré, ça voulait dire qu’il y avait peu de chances d’en revoir quelque part.
_Oh les vivants qui deviennent nécromanciens sont fous. D’abord ils sont fous d’avoir voulu percer les secrets de la Mort et ensuite fous d’avoir aimé ce qu’ils ont pu y voir. C’est pour ça que je préfère te demander si tu tiens encore le coup, avant de t’en dire plus.”

La mage marqua une pause pour y réfléchir. Peut-être qu’il y avait effectivement des choses qu’elle n’avait vraiment pas envie de savoir. Peut-être qu’il valait mieux ne pas trop chercher à comprendre, au risque de tomber sur ce qui était une évidence pour les morts mais un bouleversement pour les vivants. D’un autre côté…

“_Honnêtement, ces dernières années il est arrivé des choses sur Azeroth qui me font relativiser, dit-elle d’un air un peu bravache.
_Ha ! s’esclaffa son ancêtre. Le monde moderne doit être un sacré foutoir alors.
_Un peu… Sans doute. J’ai quand même une question… Qui est-ce qu’on doit aller voir au juste ?
_Oh oui. Le sujet qui nous intéresse vraiment. Je t’ai parlé des défunts qui avaient créé leur propre champ de bataille éternel pour les âmes de leur peuple ? Et bien notre ancêtre en a produit un pour sa lignée. Notre toute première ancêtre. La première femme à avoir engendré un membre de ce qui deviendrait notre famille. Tu sais ce que c’est qu’un vrykul, non ?
_Oui, évidemment, déclara Thenna avant de relever le nez. Je suis une mage, je suis instruite.”

Le rire de Sally résonna dans le tunnel où la chair sclérosée avait laissé place à la roche. Le souterrain continuait de s’enfoncer dans l’obscurité, seulement percée par quelques gemmes vertes à la lueur tamisée. Pendant un temps, l’idée traversa l’esprit de la vivante qu’elle était en train de se faire duper, mais elle prêta tout de même attention aux paroles de la défunte.

“_Bien, reprit celle-ci. Cette vrykule là vient d’un endroit appelé les Pics Foudroyés. Tu remarqueras comme ça a formé la racine de nos noms de famille. Le clan des Pics Tempêtueux, la tribu du Sommet-Venteux de Tirisfal, les Foudrecol d’Arathi, les Monts-d’Orage d’Alterac,  jusqu’à la famille Rocvent de la nation de Gilnéas.
_Établie sur le domaine du Pic-Tempête en plus de ça, compléta Thenna.
_Tout juste. La généalogie, c’est amusant jusqu’à ce que tu réalises que tes ancêtres manquaient d’imagination.
_Mais si elle a son propre domaine dans l’après-vie, pourquoi on doit la chercher dans cet endroit ?” demanda la mage, dont le ton plaintif révélait à quel point elle le trouvait déplaisant, cet endroit.

Quand son guide s’arrêta devant elle, elle manqua de la percuter dans la pénombre. Elles venaient d’arriver dans une cavité au centre de laquelle trônait une plateforme ornée d’ossements et gravée de runes.

Tout comme elle s’emparait d’une flasque et s’avançait jusqu’à la plateforme, Sally expliqua :


“Quand la pénurie d’anima a commencé, la Matriarche a voulu mener son enquête. Elle est venue ici, car c’est à Maldraxxus qu’elle a le plus de contacts et qu’elle pensait trouver des réponses.”

D’un geste précautionneux, elle versa le liquide à l’éclat bleuté sur les runes, de sorte à ce qu’il s’écoule dans les gravures.

“Malheureusement, le Primat qui dirige les lieux était parti pour la même raison. Et avant qu’il ait pu revenir, les choses ont empiré, les accès entre les différents royaumes ont été coupés et elle a perdu le contact avec son domaine. Évidemment, elle aurait pu faire appel à mes services, mais elle a préféré rester pour préserver son fief dans Maldraxxus et récupérer de l’anima pour son royaume.“

Le liquide luisant emplit les runes et, une fois le motif complet, c’est toute la plateforme qui s’en trouva éclairée.

“_Pour ça, elle crèche dans une nécropole et participe à l’instruction des nouvelles âmes pour les forces alliées du Primat, conclut la piratesse. C’est un téléporteur, approche, dit-elle ensuite.
_Il fallait vraiment qu’elle s’installe dans une nécropole ? se plaignit la mage en avançant à petits pas.
_Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Certains ne se contentent pas d’un simple pied à terre. Ils veulent une résidence secondaire qui puisse voler.”

Laissant sa descendante d’un certain degré s’engager sur le téléporteur, Sally lui emboîta le pas immédiatement après qu’elle ait disparu.

L’intérieur de la nécropole dans laquelle elles arrivèrent était, comme on pouvait s’y attendre, sinistre. Mais pas autant que ce que l’on attendait d’une nécropole du Fléau. Les zombies, ou plutôt les troupiers squelettes qui s’y trouvaient ne laissaient pas traîner des morceaux ou des humeurs partout. D’ailleurs, ils n’erraient pas comme des pantins hagards, mais semblaient en pleine possession de leurs moyens et formaient des rangs disciplinés. Ce qui ne rassurait pas beaucoup plus Thenna.

Dans la grande salle unique de la nécropole, il y avait d’autres individus. De tailles variées, plus ou moins décharnés et aux silhouettes plus ou moins identifiables. Plusieurs parmi eux portaient le capuchon universellement reconnu comme celui des acolytes de forces occultes. Au fond de la salle, la mage aperçut un grand épouvantail d’ossements, richement orné et vêtu de longues robes. Un frisson parcourut son échine alors qu’elle réprimait l’envie soudaine de changer de forme. Évidemment, au pays des zombies, les liches étaient sans doute reines. Autre détail perturbant, elle crut voir la silhouette menue d’une enfant qui circulait entre les rayonnages en os d’une bibliothèque embarquée. Elle choisit toutefois de ne pas y prêter attention, se disant que c’était peut-être simplement une gnome.

Par contre elle ne put manquer la haute silhouette d’une vrykule toute en armure qui se dirigeait vers elles, en écartant les bras d’un air invitant, un sourire sous son épais casque à cornes.


“_Ha, petite Sally ! s’exclama la Matriarche. Tu es venue m’apporter une cargaison d’âmes, j’espère !
_Ça peut se négocier, rétorqua la capitaine. Mais je viens d’abord vous amener cette âme vivante. C’est une descendante de la dernière génération. Elle s'était perdue.”

A ces mots, la vrykule plia le genou pour observer Thenna attentivement. Elle n’avait pas des yeux de vrykul, constata la mage. Mais les yeux de quelqu’un qui a accumulé le pouvoir durant des éons, au point qu’il lui débordait par les rétines.

“_Perdue, hein ? Depuis que les vivants ont commencé à marcher parmi les morts, je me demandais si mes descendants seraient assez fous ou assez braves pour franchir le Voile. Comment t’appelles-tu mon enfant et à quelle catégorie appartiens-tu ?
_Je m’appelle Thenna Rocvent. Et je suis des deux.” répondit l’humaine sans trop savoir pourquoi elle se sentait fière d’affirmer ça devant son antique aïeule.

Celle-ci eut un rire sonore pour toute réponse, puis reprit son inspection. Elle semblait mesurer l’humaine sous toutes ses coutures.


“_Ils me les font de plus en plus petit, dit-elle, d’un ton désapprobateur. La malédiction de la chair continue de sévir ? À ce train là, ils seront bientôt aussi chétifs que des gnomes.
_Je ne sais pas, répondit Sally qui n’était elle-même pas bien haute. Mais elle peut se transformer en bête.
_Ha, du druidisme ? demanda la Matriarche à l’adresse de Thenna.
_Oui, quelque chose comme ça, répondit l’intéressée.
_Je pensais que ça avait disparu des pratiques. Sans vouloir offenser Freya, je trouvais cette magie trop timorée.
_Pas cette forme là, assura la gilnéenne.
_Tant mieux. On est une famille de guerriers, pas de jardiniers. Tu es vraiment de la dernière génération ? Tu as l’air en âge de porter la suivante, fit remarquer la vrykule. Et tu as les hanches pour.” ajouta-t-elle en manipulant l’humaine de ses grosses mains gantées, comme on inspecte une poupée.

Celle-ci ne savait pas si elle avait droit à ce genre d’attention parce qu’elle était encore vivante ou si chacun de ses ancêtres y était passé.


“_Je suis une mage, voulut-elle justifier en se détachant. On est généralement très pris par nos études et il y a eu pas mal de guerres ces dernières années…
_Ha ! Une intellectuelle et une vaillante. C’est bien, approuva l’aïeule. Il en faut. Beaucoup de guerres tu dis ? Et notre famille a participé à toutes ?
_De ce que j’ai compris, intervint Sally, les conflits d’Azeroth ont de plus en plus souvent un enjeu global. Et avec les jeux d’alliance de ses nations, tout le monde se sent concerné par ce qui arrive à l’autre bout du monde.
_En tout cas, dit la Matriarche après un temps de considération. Je n’ai pas vu tant de nos descendants arriver. C’est que vous survivez au moins. Et puis évidemment, il y a l’Antre.” ajouta-t-elle plus sombrement.

Ce dernier détail amena une question dans l’esprit de la mage, qu’elle s’empressa de formuler :

“_Est-ce que ma mère est arrivée jusqu’à vous ?
_Comment s’appelait-elle ? demanda la Matriarche avant de se hasarder à toute réponse.
_Brunehilde Rocvent. Son âme était retenue dans un corps mort-vivant, mais on l'a finalement délivrée.”

Dites moi que ça n'a pas été en vain et qu'on ne l'a pas sauvée d'une damnation pour la jeter dans une autre, implora-t-elle intérieurement.

“De la famille de Gilnéas ?” dit la géante qui marqua une pause pensive.

Considérant les circonstances et voyant l’importance que sa chétive interlocutrice portait à la question, elle préférait y réfléchir à deux fois. Malheureusement, cela ne changeait rien à la réponse donnée.


“Désolée, mais la dernière Rocvent qui nous soit arrivée, c’est cette petite.” dit la Matriarche en pointant du doigt la silhouette menue dans la bibliothèque. Et Thenna eut un frisson dérangé quand elle réalisa qu’il s’agissait bien d’une enfant.

“Et c’était il y a un moment maintenant, continua l’ancêtre sans ciller. Je suis navrée, mais il y a bien des chances qu’elle soit tombée aux mains du Geôlier.” déclara-t-elle à sa descendante.

Celle-ci semblait hébétée par l’idée qui se frayait un chemin glaçant dans son esprit, jusqu’à rejoindre le récit bouillant de ce qu’on lui avait raconté sur l'Antre : les tourments, les tortures et les créatures monstrueuses qui y rôdaient. La rencontre de ces deux idées en une réalisation catastrophique lui empoisonnait l’esprit et lui brouilla la vue, jusqu’à ce qu’une grande main lourdement gantée lui tombe sur l’épaule, avec un poids à lui plier les genoux.


“_Reprend toi petite, lui dit alors la vrykul aux yeux ardents. C’est aussi pour ça que je suis ici. Il y a des vivants qu’on appelle Sans-Entrave qui vont et reviennent de l’Antre en nous rapportant des âmes prisonnières. S’il y a des membres de notre famille là-bas, il y a une chance qu’on les retrouve.
_Comment… Comment on devient Sans-Entrave ?, demanda alors la mage, tandis que les engrenages de son esprit tournaient en plein brouillard.
_On le devient pas, dit Sally. On saute dans l’Antre et on le découvre bien assez vite. Mais je t’encourage pas vraiment à faire ça, prévint-elle tout de même. Et tu disais vouloir retrouver tes cousins, non ?
_Ha, parce qu’il y en a d’autres ?” demanda la géante en se tournant vers le spectre.

Celle-ci eut un geste évasif de la main, c’était une longue histoire.


“M’enfin, quoique tu décides, on t’en dissuadera pas non plus, déclara la Matriarche à la vivante, en ignorant le roulement d’yeux exaspéré de la piratesse. Par contre, il faudra t’y préparer. On va pas te laisser partir comme ça dans tes frusques azerothiennes et sans notion de comment fonctionne l’anima.”

Se voulant rassurante, elle pressa l'épaule de la mage entre ses doigts. Elle eut un sourire satisfait en voyant le regard confus retrouver son éclat. Dans les yeux de chacun de ses descendants brûlait la flamme du combat. Et c'était son devoir de l'aviver.
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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeLun 27 Sep - 2:14

Quand la petite embarcation de ses ravisseurs était arrivée en vue de ce qu’ils appelaient Revendreth, Altaya avait pu longuement observer ce royaume de l’ombre. A première vue, il lui rappelait la description qu’on lui avait faite de l’Outreterre : un énorme lopin de terre qui flottait dans le néant. Mais plutôt que les rebuts d’un monde brisé, celui-ci évoquait un extravagant domaine royal.

Tout n’était que remparts et châtelets, ceints de murs épais reliant d’immenses tours et encadrant des manoirs, eux-mêmes voisins de cryptes et de cathédrales. L’architecture y était volontairement sinistre -ornée de pointes, de gargouilles et de crochets- mais en grande partie sinistrée, notamment les murailles extérieures dont les pierres déchaussées avaient disparu dans le néant. Le lieu lui évoquait Gilnéas, si la noblesse représentait les neuf dixièmes de la population et que, d'une façon ou d'une autre, il y avait tout de même suffisamment de main-d'œuvre pour construire un manoir à chacun. Peut-être que cette main-d'œuvre se trouvait maintenant dans les cryptes...

L’esclavage devait être commun, avait pensé l'humaine. Raison sans doute pour laquelle on venait la vendre ici. Ça, ou alors tous les voisins étaient bons maçons.

En approchant un peu plus de leur destination, elle put voir qu’on la conduisait dans un domaine en ruines, au bord du monde. Elle avait reconnu là l’emplacement d’un marché clandestin, ce qui signifiait que l’esclavage était au moins réglementé et que la transaction de sa petite personne était illicite ou suffisamment risquée pour être tenue secrète. Ce royaume avait donc des lois que suivait même l’élite apparemment pullulante.

Nichée dans une cellule et mise en exposition, elle avait alors regardé les deux têtes de lanterne faire leur cirque. Elle s’était trouvée entourée de badauds, comme l’ogre enchaîné de la foire aux monstres à Val-Tempête et avait alors pu observer les habitants de Revendreth. Tous semblaient bien afficher divers degrés de noblesse, que ce soit dans leurs manières ou dans leurs atours. Ils étaient grands et émaciés, la peau d’un gris maladif, les yeux noirs et la gueule garnie de crocs qui leur débordaient des lèvres. Des créatures portant les marques d’une avidité et d’une soif sans fin… Mais pour quoi ?

Altaya ne tarda pas à le découvrir en observant les transactions du marché. Les venthyrs comme ils se faisaient appeler échangeaient des biens contre de l’anima et de l’anima contre des biens. Parfois contre des services. Ils étaient moissonneurs, traqueurs, gardiens, duellistes ou bourreaux. Ils parlaient de torture, mais avec raffinement. Comme si la souffrance était une forme d’art particulièrement lucrative ici. Elle n’avait pas retenu grand chose de ses cours théologiques, mais ce qu’elle put grappiller des conversations lui fit comprendre qu’elle se trouvait dans une sorte de purgatoire. Ce qui n’était pas une perspective réjouissante, ni pour le présent, ni pour l’avenir. L’humaine n'était pas enchantée de voir que les créatures chargées de lui faire expier ses crimes étaient d’aussi bonne compagnie que la cour des nobles de Hurlevent.

Ils avaient aussi tout un panel de serviteurs, ce qui réglait la question de la main-d'œuvre. Les venthyrs affichaient notamment leur fortune à travers les accoutrements de leurs purotins, de petits hommes trapus qui servaient de porteurs, pour des charges plus ou moins lourdes. Les habits des bossus allaient donc des frusques crasseuses au veston bien en pli et ils faisaient parfois office de majordomes ou de conducteurs de calèche. Des gargouilles -petites et grandes- s’animaient pour porter des missives ou monter la garde lors d’une transaction plus risquée que les autres. D’énormes molosses servaient tantôt de monture, tantôt de chiens de garde et des lames ensorcelées flottaient docilement à portée de main.

Plusieurs heures étaient ainsi passées pendant lesquelles Altaya observa les créatures à la peau grise. Pendant un bref moment, il s’était mis à pleuvoir du sang et personne ne sembla y prêter grande attention. L’humaine vit pourtant quelques récipients et verres discrètement exposés au ciel. Les venthyrs n’étaient donc plus aussi riches qu’ils s’en donnaient l’air mais la fierté ne leur permettait pas de l’admettre. Un autre point qui lui rappelait Gilnéas en sa triste période. Quand pendant la disette qui avait fait suite à l'isolement du royaume, son père s'était trouvé tout un tas d'excuses pour sauter des repas afin que ses enfants n'aient pas à le faire.

Plus tard, après que la sinistre intempérie fut passée et après qu’elle se soit amusée à effrayer les nobles venus l’asticoter -toujours comme l'ogre de la foire aux monstres- un acheteur s’était démarqué. Il n’avait pas eu besoin de se présenter aux deux négociants et possédait une certaine variété de serviteurs et d’accessoires ensorcelés, ce qui le plaçait en haut du panier de cette société aristocratique.

Contrairement aux autres venthyrs, il n'avait pas été intimidé par la réputation des vivants d'Azeroth. Et contrairement aux deux marchands, il avait su se défaire du mécanisme de défense de sa boussole maudite. Ce qui révélait une certaine expérience à la fois avec les vivants et avec les âmes récalcitrantes.

Il l’avait jaugée avec un regard plein de viles promesses, et elle pouvait presque discerner les pièces qui se mettaient en place dans son esprit. Mais tout comme il l'inspectait en tant que marchandise, elle l'avait détaillé en tant qu'ennemi. Elle nota qu'il était droitier et que le poids porté sur l'un de ses pieds révélait une blessure au flanc gauche. Son épée ensorcelée et son purotin restaient à sa droite, négligeant visiblement cette faille, tandis que la gargouille voletait au-dessus de son épaule gauche, certainement par habitude.

Alors, tandis que la transaction se concluait et que sa téléportation commençait, un plan d'évasion avait pris forme dans l’esprit d’Altaya.


***

Malheureusement, ce premier plan n’avait pas abouti comme elle l’espérait. Elle avait pourtant eu le temps de le peaufiner en attendant que le Comte et ses serviteurs la retrouvent dans la crypte où on l’avait téléportée. Elle avait repéré une voie de sortie et conçu un plan d’attaque qui lui permettrait de neutraliser le venthyr et ses serviteurs pour prendre la fuite rapidement.

Au retour du Comte, elle s’était attendue à ce qu’il la considère comme un bien acquis et la sous estime. De ce qu'elle avait observé au marché, les venthyrs étaient du genre à vous suspendre au plafond au bout d'une chaîne, pour soliloquer de façon dramatique à propos des tourments qu'ils vous réservent. C’est pourquoi elle avait attaqué dès l’instant où sa cellule s'était ouverte.

Et c'est là que fut son erreur. Elle partait du principe que les vices dont semblaient se nourrir ces créatures les rendaient faillibles alors qu’en vérité elles en tiraient leur force. Tous les coups en traître que l’on pouvait imaginer leur porter, tout le mal que l’on envisageait de leur faire, elles l’avaient déjà infligé à un pair ou en avaient extirpé les saveurs à une âme malheureuse.

Elle comprit alors que Revendreth n’était pas qu’un purgatoire, car on attendait normalement d'expiateurs qu’ils réprouvent les crimes de leurs pécheurs. Au lieu de ça Revendreth était un terrain de jeu où de bien sombres âmes contemplaient l’abject, se complaisaient dans le sordide et pouvaient exprimer leur noirceur de manière créative.

Les espoirs d'évasion d'Altaya furent donc vite écrasés et à peine avait-elle effectué son pas de l'ombre qu'elle s'était trouvée clouée au mur, son armure et ses chairs percées par l'éventail de couteaux. Elle aurait évidemment crié si ses cordes vocales avaient été fonctionnelles, mais le venthyr avait tout de même pris plaisir à la regarder grimacer de douleur.


“J'espère que cette démonstration dissuadera toute initiative audacieuse, avait alors dit le Comte. Je n'aimerai pas avoir à endommager votre enveloppe charnelle plus que nécessaire.”

Suite à cette déclaration, il lui avait retiré ses armes ainsi que son attirail de fioles et autres accessoires, puis l’avait suspendue au plafond de la crypte, par des chaînes nouées aux poignets. Et c'est alors que les tortures -ou les recherches, dépendant du point de vue- avaient commencé.

Le postulat de départ était que l'on ne pouvait extraire l'anima que des âmes défuntes. Les recherches du Comte avaient alors pour ambition de mettre à l'épreuve cette théorie et de cueillir les vices des vivants. Il avait à cet effet apporté une pierre tombale vierge, qu'il présenta comme une stèle du vice. Un objet important dans la culture venthyr et dont il expliqua le fonctionnement comme s'il s'agissait de l'invention la plus commode depuis le fil dentaire, qui chez les siens devait plutôt tenir de la corde de piano.

Puis, pendant ce qui avait paru être plusieurs jours, Altaya était passée sous bien des instruments.

D’abord, des incisions avaient été pratiquées sur son corps, pour utiliser son sang comme vecteur de son essence vitale, mais aussi pour l’affaiblir et la rapprocher de la mort. L’humaine s’était attendue à la torture physique, car ce n’était pas exactement la première fois qu’elle se trouvait dans cette position. Toutefois, pour les précédentes, des renforts s'étaient toujours tenus proches et elle avait donc pu estimer combien de temps il lui faudrait tenir. Ici, ce n’était pas le cas et elle dut se préparer à endurer indéfiniment toutes sortes de douleurs avant qu’une opportunité se présente pour elle de s’échapper.

De force, elle avait été chargée d’anima afin que son âme puisse être sondée. La douleur en avait été tout à la fois chaude et froide, électrisante et piquante. L’exercice l’avait épuisé mentalement plus que physiquement et c’est dans un état hagard qu’elle avait entendu le venthyr se plaindre d’interférences. Interférences venues des âmes pirates liées à la sienne mais aussi d’une autre âme… Contenue dans son corps ? Tout comme il faisait ce constat, le Comte avait pointé du doigt son ventre tout en appelant son purotin pour lui dire “Tu vois Mucus, c’est ça que font les vivants quand ils pensent que personne ne les regarde.” et les deux êtres avaient affiché une grimace dégoûtée. L’humaine avait juré intérieurement, alors que s’installait la pensée dérangeante qu’elle avait désormais deux vies à sauver et un avenir qui n’était plus uniquement le sien à préserver. Son esprit, désormais encombré par l'appréhension des mois de développement à venir, s’était alors avéré incapable de formuler un plan sur le long terme.

Pour le Comte cette découverte n’était évidemment qu’un obstacle à ses recherches et il entendit bien le contourner en employant un pouvoir inattendu, celui des démons. Brandissant une pierre d’âme, il avait extirpé celle de sa prisonnière afin de l’isoler pour l’étudier plus sereinement, dans son cabinet. La sensation avait été inédite -désagréable pour le moins- et Altaya fut prise d’un grand froid alors que le souffle de vie la quittait. La chaleur lui était revenue quand l’âme avait rejoint le réceptacle, mais une étrange impression de dissociation persistait, le sentiment de ne pas être à l’endroit où son corps se trouvait. Ce qui d'un certain point de vue philosophique, était sans doute vrai. En tous les cas, depuis que le venthyr avait emporté son âme, son absence dans la crypte ne signifiait plus pour Altaya qu’elle pouvait se réfugier dans le sommeil, bien au contraire. Elle était sujette à des cauchemars et des migraines réguliers tandis que le Comte cherchait à assaillir son esprit.

La torture physique avait donc laissé place à celle plus éprouvante de l’âme et le temps était passé ainsi, sans possibilité pour l’humaine de s’en donner une mesure. Le fait que la douleur continue signifiait cependant que les expériences du venthyr n’aboutissaient pas et Altaya en vint presque à souhaiter qu’il trouve une solution nouvelle, sinon pour stopper ses tourments, du moins pour qu’ils prennent une autre forme.

Elle fut bientôt exaucée, car le Comte revint à la crypte avec une nouvelle théorie : Une expérience de mort imminente pouvait permettre d’obtenir un instantané des vices commis par une âme jusqu’à maintenant. Et pour rendre l'expérience ludique, mais aussi occuper son démon de pierre, le Comte avait choisi de faire ingérer à l'humaine ses propres poisons.

Bien qu’au bord de l’inconscience, Altaya savait encore reconnaître le contenu de ses fioles et elle put limiter les dégâts par un jeu de dupes. Quand le venthyr et son assistant avançaient sur elle une flasque de poison, elle tendait les lèvres afin qu’on la prive du liquide après une ou deux gorgées et s’efforçait de ne pas laisser paraître les effets sur son corps. Ce qui n’était pas vraiment difficile, tant celui-ci avait été épuisé par la torture. Et quand au contraire c’était un antidote ou une potion de soin qui se présentait, elle résistait mollement afin qu’on la force à avaler tout rond le liquide salvateur.

Malheureusement, parmi les substances qu’elle transportait, il y en avait une contre laquelle aucun antidote ne pouvait lutter. Quand la fiole au liquide rouge sombre approcha ses lèvres, elle ne fit pas semblant de lutter, mais son opposition fut tout aussi vaine que si elle avait été feinte.

Et alors que le sang worgen lui glissait dans le gosier, elle sentit une force nouvelle remonter le long de son échine et progresser dans chacun de ses membres qui enflaient jusqu’à dessiner une silhouette monstrueuse. La fureur animale fut comme un coup de fouet à son esprit, décuplant ses sens pendant un bref moment de lucidité. L’odeur rance de la crypte confinée lui emplit les narines et elle put sentir jusqu’aux effluves de vins capiteux émanant du cabinet du Comte. Celui-ci empestait une odeur amère qui évoquait l'ambition malveillante, attisant un peu plus la colère bestiale.

Ses lèvres devenues des babines écumantes se retroussèrent sur ses crocs alors qu'un voile rouge lui tombait devant les yeux. Ses pattes griffues touchant désormais le sol, la worgen avait bondi en avant, seulement retenue par ses chaînes. Et avant que sa conscience soit submergée par la malédiction, reléguée à l'arrière-plan de son esprit, la dernière chose sur laquelle se porta son regard était la gorge du venthyr, juste en dessous du rictus satisfait qu'il affichait après avoir reculé de quelques pas prudents.
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Yerisha



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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeDim 15 Jan - 18:24

Un vent puissant et régulier soufflait sur l’Île des Gardiennes, apportant avec lui une humidité froide et le parfum de l’océan. L’hiver s’était installé sur les Îles Brisées, mais cette année les tempêtes glacées qui écumaient les océans avant de venir battre ses rivages possédaient indéniablement une force supplémentaire, surnaturelle et maléfique. Plusieurs navires, malmenés par les éléments et déviés de leurs courses, avaient dû venir chercher refuge dans l’archipel pour panser leurs plaies, quand ils ne s’étaient pas tout simplement échoués, incapables de résister plus longtemps aux vents.

L’origine de ces tempêtes, ou plutôt de l’énergie supplémentaire qui les animait, était facile à déterminer : la secte des primalistes qui s’était récemment développée était déterminée à restreindre autant que possible l’accès aux Îles des Dragons, tout en semant le chaos à travers Azeroth via des invocations élémentaires. Et si la majeure partie de ces menaces en dehors des Îles des Dragons avait été éliminées, il était plus que probable que des primalistes agissaient toujours ici et là, ce qui était le sujet de discussion entre deux kaldorei, l’une en armure de gardienne, l’autre en vêtements de cuir.

— Un nombre considérable de nos congénères ont rejoint leur rangs, fit la gardienne d’une voix légèrement rauque et clairement autoritaire. La paix conclue avec la Horde a engendré de nombreux mécontentements, et l’occasion présentée par les primalistes…

— Les kaldorei ne sont pas les seuls à avoir embrassé la cause des primalistes : des membres de toutes les races d’Azeroth l’ont fait, ou peu s’en faut. De nombreuses autres personnes ont également été déçus par la paix, sans parler de ceux qui recherchent plus de pouvoir…

— Sans doute, répondit la gardienne avec indifférence. Mais ce qui m’importe actuellement, ce sont les traîtres à notre peuple : ce sont eux que nous traquons avant tout. Quand aux autres primalistes, leurs congénères, l’Alliance, la Horde, ou encore les dragons s’en occuperont.

— Même si vous ne vous occupez que des kaldorei, cela représente une tâche assez considérable, surtout pour une organisation qui a été pour ainsi dire ravagée. Je doute qu’en une demi-douzaine d’années à peine, vous ayez eu le temps de trouver et former beaucoup de nouvelles recrues.

— Justement.

La gardienne fixa son interlocutrice de son œil unique, la couvrant d’un regard sévère et pénétrant. Le côté gauche de son visage présentait un aspect étrange, proche de l’écorce, mais au milieu l'œil était fermé. La blessure, Sylhein le savait, datait de la dernière invasion de la Légion : infligée par quelque démon, elle avait heureusement pû être traitée par un druide malgré sa sévérité, d’où son aspect actuel.

— Nous continuons la reconstitution des Gardiennes, ce qui n’est guère aisée, poursuivit la gardienne. Nous subissons toujours la méfiance de Tyrande, et d’autres personnes plus ou moins importantes. Les trahisons successives que nous avons subies sont toujours vives. Et maintenant, de nouveaux traîtres à notre peuple surgissent et rejoignent les primalistes. Nous devons montrer que les gardiennes sont toujours une organisation capable de défendre notre peuple, tout comme nous devons montrer à nos recrues, actuelles et potentielles, la justesse de nos poursuites et la puissance dont nous disposons pour les mener à bien.

— Une excellente idée, marmonna Sylhein. Avec juste ce qu’il faut d’esprit retors. Mais pourquoi me contacter, alors ? Je ne suis pas une gardienne, quand bien même…

— Je le sais bien, rétorqua la gardienne sèchement. Il est dommage que tu n’ais pas repris ta formation, à ton retour… c’est ce que ta mère aurait voulu…

— Laissons-la en dehors de cette discussion.

— Elle a pourtant son importance pour celle-ci. Mais pour répondre à ta question… comme tu l’as fait remarquer, les primalistes sont une organisation qui transcende peuples, races, factions, et cela peut nous poser problème : nous aurons plus de mal à appréhender un kaldorei dans les territoires de la Horde, voire de l’Alliance, que chez nous. Par ailleurs… même dans les terres kaldorei, la présence des gardiennes n’est pas toujours très bien acceptée, ou du moins elle peut se faire particulièrement remarquer. Et nos ennemis récents nous connaissent, parfois bien.

— Ce qui veut dire ? demanda Sylhein en haussant un sourcil. Des gardiennes ont rejoint les rangs des primalistes ?

— Ce n’est pas quelque chose que tu as besoin de savoir, répondit la gardienne d’un ton sec. Non, nous cherchons ton aide pour nous aider à surveiller les agissements d’un certain kaldorei ici, dans les Îles Brisées.

— Vraiment ? Aussi proche de votre principale base de pouvoir ?

— Oui, vraiment. Avec le ralliement des shal’dorei et des tribus de Haut-Roc à la Horde, ces deux régions nous sont devenues difficiles d’accès. Stormheim reste de manière générale un endroit dangereux et hostile, et Val’sharah… la plupart des druides gardent toujours en mémoire la trahison de Cordana, et les ravages causés par la Légion dans leurs forêts.

— Il y a eu plusieurs traîtres dans les rangs des druides eux-mêmes.

— On peut être un druide et un imbécile. Ce n’est pas si rare, et les druides sont généralement lents à changer d’avis. Mais ce n’est pas le sujet…

— Certes. Qu’est-ce que tu attends de moi, exactement ?

— Nous avons une cible… suspicieuse. Un druide de la griffe d’une certaine importance, suffisamment pour qu’une action directe ne soit pas aisée. Il se nomme Koerl Mantécorce.

— Une cible suspicieuse ? fit Sylhein avec ironie. Je ne savais pas que les gardiennes s'embarrassaient de soupçons… quelles sont donc les suspicions qui pèsent sur lui ?

Sans relever, la gardienne commença à exposer les différents éléments rassemblés par les gardienne sur le druide qu’elle avait mémorisés.

— Ces dernières années, il s’est régulièrement élevé contre la paix conclue avec la Horde, mais également contre l’Alliance, qui nous l’a imposée, contre Tyrande pour l’avoir acceptée, etc. Il a combattu à Sombrivage, où de nombreux druides sont morts, certains proches de lui, et avant cela il avait perdu des proches lors de la chute de Teldrassil. Malgré la virulence de ses attaques, il n’a jamais agi contre notre peuple, du moins à notre connaissance, et s’il s’est retiré du Cercle Cénarien, il est resté à Val’sharah, au contact des druides de la forêt. Mais avec l’émergence des primalistes, ses critiques sont devenues bien plus virulentes qu’avant, et il y a un peu moins d’un mois, il a brusquement quitté Val’sharah. Il y est revenu il y a de cela deux jours, et semble depuis faire profil bas.

— Ce qui, je suppose, est inhabituel pour lui et plutôt suspect.

— Couplé à son récent voyage, oui, absolument. Sans parler du fait qu’au moment de son retour, une violente tempête soufflait sur les Îles, et que Koerl n’est pas connu pour être un maître de la forme de vol.

— M-mh… Qu’attends-tu de moi, exactement ? Que j’établisse sa culpabilité afin que vous puissiez l’arrêter ? Que je l’arrête moi-même ? Que je l’élimine discrètement ?

— Avant tout, le surveiller et établir si oui ou non il s’est rallié aux primalistes, ce qui devrait être simple. Dans le même temps, découvrir les raisons de son retour à Val’sharah, s’il s’agit de chercher de nouveaux adeptes, de préparer de nouvelles tempêtes, ou quoi que ce soit d’autre - et d’y mettre dès que possible un terme. Enfin, oui, l’arrêter, ou si cela se révèle trop difficile pour toi, nous alerter, et en dernier recours l’éliminer. Pour des raisons évidentes, nous préférerions l’avoir vivant.

— Certes. Et s’il, hum, recrute de nouveaux adeptes ?

— Tu nous donneras leurs noms et nous nous en occuperons. Afin d’éviter si possible leur entière… conversion, précisa la gardienne, son visage imperturbable.

— Louable intention, grimaça Sylhein en retour. D’autres informations à me communiquer concernant Koerl ?

— Quelques unes, oui. Je t’en ferai part si tu acceptes cette mission. D’autres questions ?

— Pourquoi me la confier à moi, cette mission ? Je comprends que vous cherchiez quelqu’un n’appartenant pas aux Gardiennes, mais vous devez bien avoir d’autres contacts, notamment parmi les druides de Val’sharah…

— Nous en avons, en effet. Mais je pense que tu es plus adaptée pour cette mission, et plus fiable aussi. Je sais que tu disposes de différents alliés, certains hors de l’Alliance, qui pourraient se révéler utiles, et je suis convaincue que tu tiens également à arrêter le recrutement des primalistes parmi les kaldorei. Par ailleurs, sans être une gardienne, tu n’es pas en reste pour mener des actions discrètes, et n’étant pas une gardienne, tu sais mieux que nous déguiser qui tu es. Et tu es également la fille de ma sœur.

— Est-ce que ce dernier point constitue réellement une raison… valable, concernant le choix de ma personne ?

— C’est parce que tu es ma nièce, pas seulement parce que tu étais destinée à nous rejoindre, que j’ai continué à garder un… œil sur toi, après que tu aies arrêté ta formation de gardienne. Et, par extension, c’est grâce à cela que j’en sais autant sur toi.

— Je me passerai volontiers de ce genre d’attention, surtout de la part des Gardiennes…

— Si ça peut te rassurer, les autres Gardiennes ne savent pas grand-chose de toi. Comme je viens de te le dire, c’est moi qui ai continué à m’intéresser à toi, ces dernières années. Et cela parce que tu es ma nièce, principalement. C’est moi qui ai proposé ton nom pour cette enquête, et je t’ai présentée comme une kaldorei indépendante, quoique toujours motivée par le bien de son peuple, et surtout anonyme. Tu peux me faire confiance.

— Si ce n’était pas le cas, je ne serais pas ici, rétorqua Sylhein avec un rictus, avant d’ajouter après quelques secondes de silence : bien, j’accepte d’aller enquêter sur ce Koerl pour toi, et de faire… ce qui devra être fait.

— J’en suis heureuse. Je compte sur toi pour agir rapidement.
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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeJeu 19 Jan - 16:04

C’était un vieux refuge des saisons, visiblement abandonné depuis plusieurs années, plus certainement depuis la dernière invasion de la Légion. Sous la végétation qui avait entrepris de recouvrir l’entrée en partie effondrée, on pouvait distinguer une ouverture étroite et déchiquetée, mais qui semblait toujours suffisante pour laisser passer quelqu’un, fusse au prix de quelques contorsions. C’était en tout cas ici, selon toute vraisemblance, que Koerl Mantécorce se trouvait actuellement en compagnie de ses nouveaux adeptes. L’occasion idéale pour l’appréhender, une occasion que Sylhein ne voulait pas laisser passer : la phase observation était terminée.

— Tu penses que nous sommes assez nombreux ?

Sylhein détourna son regard de l'entrée du refuge pour le porter sur Eljáh et les autres personnes qui l’avaient rejoint pour investir le refuge et appréhender les personnes qui s’y trouveraient.

— D’après les informations que nous avons pu rassembler, Keorl se trouve là avec trois autres kaldorei. Ils sont peut-être ici pour rencontrer des émissaires des primalistes, mais quoi qu’il en soit, ceux-ci ne devraient pas être nombreux non plus. Au pire, ils seront six ou sept là-dedans. Nous sommes cinq et nous bénéficierons de l’avantage de la surprise, sans compter que deux des kaldorei n’opposeront sans doute pas une très grande résistance.

— Espérons… rentrer là-dedans pour me retrouver sous terre ne me donne absolument pas envie… Une quel’dorei n’est pas du tout faite pour la vie souterraine !

— Je suis déjà allé dans plusieurs refuges des saisons, mais celui-ci ne m’insipire pas confiance, renchérit un jeune humain en reniflant en direction de l’entrée voilée par la végétation. Cet endroit à une odeur… étrange. Inhabituelle.

— Il est abandonné. Plus aucun druide n’est venu ici depuis longtemps.

— Il y a… autre chose, je pense, intervint une jeune orque. La présence des éléments est subtile dans cette forêt, difficile à cerner, mais ici… quelque chose ne va pas, j’ai l’impression.

— Rien de vraiment étonnant dans la mesure où nous avons affaire à des primalistes, fit la dernière personne du groupe, une sin’dorei en armure.

— Au moins un, oui, rectifia Sylhein. Les autres kaldorei n’en sont certainement pas, et ne possèdent aucune affinité avec les éléments à ma connaissance. Pour le moment, du moins…

— Remémore-nous leurs… affinités actuelles, alors, je te prie, lança la sin’dorei. Le message que tu m’as envoyé n’était guère riche en détails…



Au cours de ces dernières années, Ruisselune s’était bien développée, et plus particulièrement depuis la chute de Teldrassil : l’afflux de réfugiés darnassiens à Val’sharah avait également provoqué une croissance du commerce entre les kaldorei et ces anciens réfugiés gilnéens, et par extension un certain resserrement des liens entre les deux communautés. Quelques kaldorei s’étaient même installés dans la petite ville, pour diverses raisons; celles de Findriel Sûremains étaient tragiques.

Darnassien, il avait réussi avec sa famille à évacuer Teldrassil avant que l’incendie n’engloutisse entièrement l’arbre, et lorsque Tyrande avait lancé sa contre-attaque pour reprendre Sombrivage, il avait répondu à son appel : simple charpentier, il n’avait pas participé directement aux combats, au contraire de sa femme et de ses deux filles - lesquelles avaient été tuées par la Horde. Son fils, artisan comme lui, avait également péri lors d’un raid soudain contre l’une des bases kaldorei.

Ces événements l’avaient brisé : incapable de poursuivre son travail à Sombrivage, il avait été évacué à Val’sharah. Mais une fois arrivé sur place, il avait découvert qu’il ne pouvait plus continuer à vivre parmi d’autres kaldorei, et il avait fini par échouer à Ruisselune. Là, il avait entièrement sombré dans la misère et le désespoir, passant son temps à boire, à se lamenter et à provoquer des incidents mineurs - jusqu’à récemment. En effet, il y avait quelques jours de cela, Koerl s’était rendu à Ruisselune, où il s’était longuement entretenu avec Findriel.

Sylhein avait suivi le druide renégat, et avait pu entendre la majeure partie de leur conversation, laquelle n’avait rien de particulièrement original mais confirmait la trahison de Koerl : promesses de vengeance, d’une restauration de la grandeur kaldorei, d’un monde nouveau où la Horde comme l’Alliance seraient dispersés pour laisser place à un ordre nouveau dans lequel la paix régnerait : plus de guerres, plus de morts tragiques, plus de familles déchirées. Sur les activités concrètes des primalistes, presque rien, mais bien sûr ce n’était pas ça que Findriel voulait entendre : ce qui l’intéressait, c’était les promesses pleines de mensonges que lui servait Koerl.

Après cette visite, l’ancien charpentier avait radicalement changé : Sylhein avait chargé Löwett, un jeune gilnéen de Ruisselune qui suivait un apprentissage druidique auprès des elfes de Val’sharah, de garder un oeil sur lui, ce dont il s’était acquitté avec efficacité. Findriel, qui auparavant passait ses journées et ses nuits à boire, pleurer et maudire l'entièreté d’Azeroth en injuriant tous ceux qu’il voyait, était devenu sobre, discret et nerveux. Deux missives lui étaient parvenues, dont la dernière datait d’aujourd’hui et à la suite de laquelle il s’était mis en route vers le nord de la forêt - vraisemblablement pour rejoindre ce refuge des saisons abandonné.



Lors de la dernière invasion de la Légion Ardente, le Temple d’Elune de Val’sharah et ses servants avaient subi de plein fouet l’assaut de Xavius et des démons, et avaient assisté impuissants à la corruption d’Ysera. Puis, lorsque la Quatrième Guerre avait éclaté et que Teldrassil avait été incendié, le Temple avait accueilli de nombreux réfugiés kaldorei. Pour les prêtresses d’Elune et les druides de la Lune qui officiaient là, cette période avait été faite d’épreuves; certains avaient été submergés par des sentiments d’inutilité, de la futilité de leurs actions, d’incapacité à apporter à leur peuple de quoi les garder en sécurité. Quelques-uns étaient partis pour Sombrivage, participer à la contre-offensive de Tyrande et reconquérir les terres kaldorei.

La paix était ensuite arrivée, une paix insatisfaisante : Teldrassil n’était plus, Sombrivage avait été dévasté et souillé, Orneval abritait toujours des bastions de la Horde, sans parler des nombreux morts kaldorei. Les responsables et les acteurs de l’incendie de Teldrassil n’avaient pas été jugés, pas même inquiétés; au contraire même, dans plusieurs cas un retour à des frontières d’avant la guerre avaient confortés la domination de la Horde dans certains territoires disputés.

Malgré tout cela, la plupart des kaldorei avaient entrepris de surmonter peines et déceptions liées à ces événements, avec cependant quelques malheureuses exceptions. Ashylane Ligelune était de celles-ci : incapable d’accepter les pertes que son peuple avait subi et l’incapacité de l’Alliance à défaire la Horde, mais surtout incapable de comprendre l’inaction d’Elune, celle-ci s’était peu à peu éloignée de sa déesse et de son temple, ainsi que du reste des kaldorei vivant à Val’sharah. Elle avait fini par s’établir seule dans une maison isolée, amère et seule.

Comme pour Findriel, c’était Koerl qui l’avait tirée de sa solitude, lui rendant visite discrètement pour s’entretenir avec elle durant de longues heures. Pour Sylhein, il avait été plus difficile d’écouter leur conversation, mais de ce qu’elle avait pu entendre, le discours de Koerl était sensiblement le même que pour le charpentier, avec quelques variations : il apportait la promesse d’un nouveau pouvoir à servir, d’un pouvoir qui ne se cachait pas comme Elune, mais qui agissait et agirait toujours pour protéger les siens. Et peu de temps après cette visite, Ashylane avait quitté sa maison pour se diriger vers le nord…



La dernière acolyte de Koerl était différente des deux premiers : Nelea était une mercenaire qui avait depuis plusieurs années déjà abandonné sa place chez les Sentinelles, ainsi que son peuple, préférant à son devoir l’appât du gain. En plusieurs occasions, elle avait été soupçonnée de travailler pour certaines organisations ouvertement maléfiques, et ses limites morales étaient devenues de plus en plus incertaines. Mais avec la fin de la Quatrième Guerre et la paix relative qui s’en était suivie, elle s’était faite plus discrète, réservant ses talents pour des conflits mineurs, des rivalités privées sans grandes répercussions - jusqu’à présent, semblait-il.

Lors de ses nombreuses filatures du druide renégat, Sylhein avait eu l’occasion de les voir ensemble à plusieurs reprises, et elle avait pu établir l’identité de Nelea grâce aux Gardiennes qui, sans la rechercher activement, considéraient la mercenaire comme une menace criminelle mineure et gardait donc quelques informations sur elle. Par ailleurs, contrairement à Findriel ou Ashylane, toutes les rencontres que Sylhein avait pu observer entre Koerl et Nelea dénotaient une certaine… connaissance de l’un avec l’autre. Soit Nelea avait été la première proie de Koerl dès son retour à Val’Sharah, avant que Sylhein ne commence à le surveiller, soit elle était déjà convertie aux primalistes et avait rejoint Koerl pour l’assister dans ses actions dans les Îles Brisées… à moins que les deux elfes ne soient des connaissances antérieures, ce qui ne semblait toutefois pas être le cas d’après les informations que Sylhein avait pu réunir.

Quoi qu’il en était, l’ancienne Sentinelle était réputée être une guerrière chevronnée, à ne pas sous-estimer, et cela d’autant plus si elle était déjà acquise aux primalistes ou autrement liée à Koerl. De toute évidence, contrairement à Findriel et Ashylane, le rôle de Nelea était clair : servir de garde du corps à Koerl.
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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeVen 27 Jan - 1:11

Le tunnel qui s’enfonçait sous terre n’était pas encore en trop mauvais état : les refuges des saisons étaient conçus pour être sûrs et d’une robuste ne requérant qu’un minimum d’entretien, ce qui se vérifiait pleinement ici. Une fois les premiers mètres passés et la lumière du jour laissés derrière soi, on aurait presque pu croire que ce refuge était toujours occupé par des druides depuis longtemps plongés dans leur sommeil. Seules plusieurs traces de pas dans la poussière témoignaient d’un passage récent.

Sylhein ouvrait la marche, quelques mètres en avant du reste du groupe. La kaldorei s’était renseignée auprès de différents druides de Val’sharah, et elle avait ainsi une bonne idée de la disposition générale de ce refuge - les grandes salles de sommeil, les alcôves privées, les quelques réserves, les tunnels secondaires, etc. Elle pouvait également deviner l’emplacement de certains tunnels d’aération, quand bien même elle n’espérait pas en avoir besoin : si c’était le cas, cela signifierait que la situation était vraiment désespérée.

Derrière elle venait le reste du groupe : tout d’abord Lyanæl, la sin’dorei, armée d’un bouclier et d’une épée - plus pratique pour combattre dans des espaces réduits, puis Korushi, l’orque, qui éclairait leur progression. Avançait ensuite avec prudence Eljáh, la quel’dorei, prête à utiliser sa magie, tandis que Löwett l’humain fermait la marche, ses mains nimbées d’une pâle lueur pour lui permettre de voir où il mettait les pieds.

Après avoir traversé une salle aux dimensions modestes, une antichambre, les premiers échos d’une conversation encore lointaine parvinrent aux oreilles de Sylhein. Les paroles étaient inintelligibles, mais elle pouvait distinguer au moins deux voix : celle de Koerl, autoritaire et froide, ainsi qu’une autre, plus grave et puissante, qui n'appartenait sans doute pas à un kaldorei. Lorsque Sylhein commença à percevoir des mots distincts, elle fit halte et attendit que le reste du groupe la rejoigne.

— Ils sont dans la salle centrale, leur chuchota-t-elle après quelques minutes. Il y a au moins un inconnu, peut-être un orc ou un tauren. Mais ils ne semblent pas s’attendre à nous, au vu du bruit qu’ils font.

— Espérons-le, répondit Lyanæl à voix basse. Tu veux toujours y aller en première pour les prendre à revers ?

— Oui, si j’arrive à me glisser dans la salle. Donnez-moi dix minutes avant d’intervenir. Si quelque chose ne va pas, je reviens…

— … et nous aviserons, grimaça la sin’dorei. Bien, vas-y.

Avec un hochement de tête rapide, Sylhein reprit son avancée dans le couloir. Les voix se faisaient de plus en plus distinctes au fur et à mesure de sa progression. La conversation tournait visiblement autour de la recherche de quelque chose, des ‘trésors oubliés’ apparemment, et de la question de trouver des guides - un point sur lequel la voix inconnue semblait opposée. Un autre problème qui semblait diviser les interlocuteurs était celui de la réaction des tribus, et Sylhein perçut une troisième voix, basse et grondante, tandis qu’elle arrivait à la fin du tunnel.

Avançant avec précaution, tous ses sens en alerte pour détecter la présence d’un garde éventuel, la kaldorei continua à s’approcher pour finalement jeter un coup d’oeil : comme elle l’avait prévu, l’ouverture du tunnel était légèrement surélevée, et une rampe menait ensuite à la grande salle de laquelle partait plusieurs autres tunnels. Sylhein considéra cela rapidement avant d’étudier le petite groupe qui se tenait au milieu de la salle, dans la lumière diffuse de plusieurs lampes : les quatre kaldorei prévus se trouvaient bien là, Findriel et Ashylane légèrement en retrait, Nelea à côté de Koerl qui faisait face à un tauren de Haut-Roc, reconnaissable à ses bois, et à ce qui lui semblait être un drogbar. Un kobold se tenait à l’écart, ou plutôt avait été placé à l’écart dans la mesure où des cordes l’empêchaient de bouger et de parler.

Tous semblaient concentrés sur la conversation en cours, aussi Sylhein se glissa discrètement hors du tunnel pour aller s’embusquer en attendant que le reste de son groupe intervienne.



— Ne bougez plus ! lança Lyanæl d’une voix puissante et inflexible. Koerl Mantécorce, vous êtes en état d’arrestation ! Veuillez vous rendre sans résistance, vous et vos complices !

Au milieu de la salle, les membres du groupe surpris se tournèrent vers la sin’dorei qui les dominait depuis le haut de la rampe, silhouette encore indistincte dans la pénombre tandis que derrière elle se déployaient Korushi, Eljáh et Löwett.

— Qu’est-ce que ça veut dire, Koerl ? tonna le tauren avec fureur. Vous avez été suivi ?

— Dernière sommation !

— Vous allez regretter de nous avoir interrompus, rétorqua Koerl avec un rictus mauvais.

Un soudain flash de lumière éclata depuis Lyanæl, aveuglant le groupe en contrebas. Poussant un rugissement, le tauren s’élança en avant tout en dégainant son arme, tandis que le drogbar se reculait en trébuchant. Du côté des kaldorei, Nelea se plaça rapidement pour protéger Keorl tout en clignant des yeux, tandis que Findriel et Alyshane semblaient totalement perdus.

— Je suis navré pour toi, Findriel, lança le druide renégat en commençant une incantation. Je ne pensais pas avoir à t’utiliser ainsi tout de suite, mais comme tu peux le constater, on me force la main…

— Quoi ? Qu’est-ce que vous…

Alors que Lyanæl flanquée de Korushi s'élançait pour encaisser l’assaut du tauren et que derrière elles, Eljáh et Löwett jetèrent leurs sorts, déchirant brièvement la pénombre de lueurs vives et forçant leurs adversaires à réagir, une rune se dessina soudainement sous les pieds de Findriel. L’instant d’après, des motifs semblables s’illuminèrent sur sa peau et le kaldorei poussa un hurlement d’agonie tandis que des pointes rocheuses jaillissaient de son corps pour former un cocon de pierre autour de lui, étouffant d’un coup ses cris. Après quelques secondes supplémentaires, la formation de roches éclata, révélant un élémentaire qui poussa un profond rugissement, faisant vibrer la terre.

— Amusez-vous bien avec mon ami, et pardonnez-moi de ne pas…

Keorl s’interrompit brusquement en percevant un mouvement derrière et tenta maladroitement d’esquiver l’attaque de Sylhein. Celle-ci s’était faufilée dans la salle avant que Lyanæl ne lance son avertissement, et avait ensuite profité que celle-ci soit le centre de l’attention pour se rapprocher du druide afin de l’éliminer rapidement. Mais du fait de son mouvement de défense instinctif, les dagues ne parvinrent qu’à lui infliger une blessure sévère, non-immédiatement léthale, et avant que Sylhein ne puisse pousser son avantage et achever Keorl qui tombait au sol, Nelea s’interposa brusquement.

De l’autre côté, si Lyanæl n’avait eu aucun mal à repousser l’assaut initial du tauren, l’ajout de l’élémentaire ajoutait un danger non-négligeable qui l’avait forcé à la défensive, son bouclier brillant d’une lueur dorée comme elle bloquait coups de hache et coups de poings rocheux. Mais comme le tauren se reculait pour préparer une nouvelle frappe, des racines surgirent brusquement de sous ses sabots et commencèrent à monter à l’assaut de ses jambes : avec un rugissement de fureur, le guerrier commença à les trancher frénétiquement avant que celles-ci ne parviennent à ses bras, mais ses efforts n’étaient guère efficaces.

Profitant de ce répit, Lyanæl se concentra sur l’élémentaire pour lancer une riposte lors de sa nouvelle attaque, son épée arrachant quelques éclats de roche à la créature qui ne sembla pas particulièrement affectée. Cependant, profitant de l’ouverture, Korushi frappa de ses deux armes qui produisirent une violente explosion électrique dont l’énergie parcourut le corps de l’élémentaire, lui arrachant un nouveau rugissement. Mais alors que l’orque plongeait pour frapper à nouveau, un revers de la créature l’envoya voler à travers la salle.

De son côté, Eljáh s’efforçait d’assister Sylhein du mieux qu’elle pouvait en forçant Nelea à la prudence lorsqu’elle perçut un soudain afflux de magie élémentaire qu’elle identifia rapidement comme une incantation du drogbar. Laissant Sylhein se débrouiller seule quelques instants, elle interrompit rapidement son sort en préparation pour puiser dans ses réserves de mana, formant rapidement une boule de feu qu’elle envoya filer sur la créature souterraine : celle-ci eut à peine le temps de s’entourer d’une armure de pierre avant que le sort ne l’atteigne, des flammes magiques l’entourant aussitôt, craquelant sa protection et calcinant les chairs là où l’armure cédait. Le drogbar tomba au sol.

Mais même sans devoir affronter un adversaire supplémentaire, Sylhein avait fort à faire : la réputation de Nelea n’était pas usurpée, et face à une paire de dague l’épée longue qu’elle maniait lui conférait un avantage certain. Après avoir tenté en vain quelques feintes pour l’éloigner de Keorl, Sylhein renonça et recula vers l’entrée d’un tunnel afin de gêner Nelea dans le maniement de son arme, mais celle-ci ne poursuivit pas son adversaire, revenant protéger le druide renégat qui, toujours au sol, soignait peu à peu sa blessure. Dans une nouvelle tentative pour distraire Nelea, Sylhein projeta vivement un couteau de lancer sur lui, mais un rapide mouvement d’épée de la mercenaire le dévia et l’envoya se perdre dans l’obscurité.

En périphérie des affrontements, Ashylane restait figée : elle n’avait jamais possédé un véritable esprit martial, et en tant que prêtresse d’Elune ses tâches n’avaient jamais incluses de combats. Par ailleurs, la promptitude avec laquelle Koerl avait sacrifié Findriel l’avait choquée : certes, elle n’estimait guère l’elfe, un artisan sans grande envergure, mais de là à le transformer en… cette créature élémentaire ? A quoi Koerl la destinait-elle, à une fin semblable ? Murmurant une prière, Ashylane se recroquevilla sur elle-même.

La créature élémentaire, quant à elle, cherchait toujours à écraser Lyanæl sans toutefois y parvenir, tandis que le tauren était maintenant entièrement immobilisé par des lianes épaisses, permettant aux deux lanceurs de sorts de se concentrer sur l’élémentaire. Celui-ci présentait plusieurs craquelure dues à l’explosion de foudre que Löwett tenta d’exploiter, lançant de nouvelles lianes à l’assaut de la créature pour tenter d'agrandir ces fissures, mais celle-ci, sentant visiblement d’où venait le danger, leva un bras dans la direction du gilnéen pour projeter sur lui une volée d’esquilles rocheuses. Celles-ci frappèrent de plein fouet l’humain qui s’effondra sur le sol avec un cri, et les lianes qui avaient commencé à assaillir l’élémentaire comme celles qui entravaient le tauren commencèrent à se racornir.

Malgré cela, l’action du jeune druide avait donné suffisamment de temps à Eljáh pour préparer son sort, et un manteau de flammes entourant soudain l’élémentaire : le sort de flammes consumait directement la magie qui maintenait la cohésion de la création, brûlant les liens rituels qui avaient fait de Findriel le vaisseau d’une abomination élémentaire, puissante mais instable. Rapidement, de larges pans de roche calcinée commencèrent à se détacher de la créature, qui finit bientôt par s’effondrer sur le sol tout en continuant à se fragmenter.

Se détournant de cette scène, Lyanæl se retourna pour affronter le tauren et s’avança d’un mouvement rapide pour le frapper avant qu’il ne soit entièrement libre. Un rugissement de douleur lui répondit mais avant qu’elle n’ait pu porter une nouvelle attaque, des fragments de lianes racornies volèrent en tous sens et le tauren, fou de rage, se précipita sur la sin’dorei, lui laissant à peine le temps de lever son bouclier pour parer un coup qui la secoua. Alors que le guerrier de haut-roc levait à nouveau son arme, il se tordit soudainement en arrière avant de s’effondrer, révélant derrière lui Korushi.

— Au tour du druide ! lança l’orque avec un rictus.

Alors que l’orque s'élançait sur Keorl et Nelea, ses armes chargées d’énergie élémentaire, Lyanæl s’avisa que le drogbar avait fini par éteindre les flammes qui le rongeaient, et qu’il avait entamé une nouvelle incantation. Sans attendre d’en voir le résultat, la sin’dorei le chargea, bouclier levé devant elle et épée prête à frapper, mais au moment où elle allait l’atteindre, la créature souterraine disparut soudain dans le sol pour prendre la fuite. Interrompant sa course avec une injure, Lyanæl se retourna, trop loin maintenant pour assister Korushi dans son assaut contre Nelea.

La mercenaire para sans peine les premiers coups de la chamane, mais la situation n’était plus en sa faveur : la plupart de ses alliés étaient morts ou hors de combat, et se contenter d’une posture défensive ne servirait qu’à retarder sa fin. Son seul espoir résidait dans une contre-attaque brutale et impitoyable, aussi passe-t-elle rapidement à l’offensive pour se débarrasser rapidement de l’orque. Mais malgré la supériorité martiale de la kaldorei, Korushi refusa de céder et continua à attaquer au mépris de sa propre défense : à deux reprises, l’épée de son adversaire la toucha et ouvrit des plaies profondes, mais la férocité de l’orque obligeait la mercenaire à se concentrer exclusivement sur elle.

D’un pas de l’ombre, Sylhein se retrouva derrière Nelea et plongea ses dagues dans le corps de la kaldorei, cherchant à la mettre hors de combat plutôt qu’à la tuer. Avec un cri de douleur, la mercenaire se cabra en arrière, et avant que Sylhein ne puisse lancer un ordre Korushi lança un cri de victoire et frappa, déchaînant une explosion de foudre qui secoua le corps de Nelea. Celle-ci s’effondra aussitôt tandis que l’orque tombait à genoux.



En haut de la rampe, Eljáh avait commencé à s’occuper des blessures de Löwett, entourant le druide d’un enchantement temporel pour ralentir l’écoulement de son sang, tandis qu’en bas, les affrontements finalement terminés, Sylhein et Lyanæl convergeaient vers le druide renégat toujours au sol.

— C’est fini, Keorl, lança Sylhein en toisant le kaldorei. Tes alliés, du moins ceux que tu n’as pas sacrifiés, sont morts ou en fuite - et Ashylane semble s’être rendu compte de ton vrai visage.

— Fini ? Ce n’est que le début, au contraire… bientôt, les Primordiaux seront tous libres, et Azeroth sera purifiée ! Et nous, les kaldorei qui avons choisi de les suivre, nous aurons une place de choix dans ce nouvel Azeroth, tandis que les races dégénérées créées par les titans seront éliminées !

Avant que Sylhein ne puisse répondre, Koerl se redressa à moitié et frappa le sol de son poing, produisant une violente déflagration qui l’envoya ainsi que Lyanæl voler en arrière dans un nuage de poussière et d’éclats de pierre. Sans perdre de temps, le druide renégat se changea en une sorte d’ours à l’aspect rocheux et s’enfuit dans l’un des tunnels, disparaissant rapidement dans l’obscurité. Alors que Lyanæl s’apprêtait à se lancer à sa poursuite, Sylhein l’arrêta avec une grimace.

— Nous ne sommes pas en mesure de le poursuivre, nous avons des blessés dont nous devons nous occuper. Commence par Korushi, je te prie, et poursuis ensuite avec Löwett.

— Très bien, acquiesça la sin’dorei en déposant ses armes tandis que Sylhein s’approchait d’Ashylane, laquelle avait également été jetée en arrière par l’explosion déclenchée par Keorl.

— Ashylane, prêtresse d’Elune, fit Sylhein comme la kaldorei levait des yeux hagards vers elle. J’ai besoin que tu soignes la kaldorei qui accompagnait Keorl pour l’empêcher de mourir. Peux-tu faire ça ?

Encore trop secouée pour répondre, la prêtresse se contenta de hocher lentement la tête avant d’accepter la main de Sylhein pour se remettre debout et s’approcher de la mercenaire, s’agenouillant à côté de son corps pour commencer à refermer ses plaies. La laissant œuvrer, Sylhein alla rapidement vérifier que le tauren était bien mort avant de se rapprocher des autres blessés. Korushi s’était déjà redressée, mais elle était assise et arborait un expression où la confusion le disputait à la douleur, et Lyanæl s’occupait à présent de Löwett en haut de la rampe.

— Comment va-t-il ?

— Pas très bien pour le moment, mais il survivra, répondit brièvement la sin’dorei sans tourner la tête. Juste le temps de stabiliser son état, et nous pourrons partir d’ici.

— Bien. Eljáh, viens avec moi : allons voir ce que ce kobold a à nous dire.

La mage sur ses talons, Sylhein redescendit rapidement la rampe pour s’approcher de l’endroit où le kobold gisait, toujours attaché, sa bougie toujours allumée sur sa tête. La kaldorei trancha rapidement les lanières de la muselière qui maintenait ses mâchoires fermées, mais avant qu’elle ne puisse poser la moindre question, la créature glapit :

— Vous pas prendre bougie !

— Du calme… nous ne sommes pas là pour…

— Vous pas prendre bougie !

— Nous pas prendre bougie, fit Sylhein tout en reculant d’un pas. Voilà.

— Ténèbres dévorer kobolds sans bougie ! Dévorer drogbar aussi ! Tout dévorer !

— Eljáh, peux-tu nous faire un peu de lumière ? Quelques bougies supplémentaires pour rassurer notre ami…

Avec un signe d’acquiescement, la mage fit rapidement apparaître une série de bougies illusoires qui répandirent bientôt une douce lueur autour d’elles, repoussant un peu plus l’obscurité. Le kobold cessa peu à peu de s’agiter.

— Bien. Comment te nommes-tu ?

— Moi Grizek ! Moi Ciruléens !

— Tu es loin de chez toi, Grizek. Tu as été enlevé ?

— Drogbar et tauren ! Eux attraper moi, emmener moi ! Longs tunnels, loin, loin, jusqu’ici ! Eux parler ensuite, beaucoup, puis grande bagarre !

— Et de quoi ont-ils parlé ?

— Vieux trésors. Trésors des dragons ! Trésors des titans ! Eux dire beaucoup de choses. Grizek pas tout comprendre, mais Grizek comprendre que eux chercher anciens trésors ! Très anciens !

— Des anciens trésors ? intervint vivement Eljáh avec curiosité. Des reliques des dragons et des titans ? Ils en cherchent dans Haut-Roc ?

— Eux parler d’endroits secrets sous les montagne. Moi connaître des endroits secrets, aussi. Eux capturer moi pour les emmener dans certains endroits secret, moi penser.

— Certes, convint Sylhein. Est-ce que tu pourrais nous emmener nous dans ces endroits secrets ?

— Moi vous guider dans endroits secrets… pour quelque chose en échange !

— M-mh… et que désires-tu en échange ? De l’or ? Des armes ? Une nouvelle pioche ?

— Cire ? Cire pour faire bougies ? Vous avoir grandes oreilles. Grandes oreilles, beaucoup de cire, non ? Bonne cire pour faire bonnes bougies !

— Ca ne fonctionne pas vraiment comme ça, intervint Eljáh en étouffant un rire. Mais bien sûr nous pouvons te donner de la cire, en échange de tes informations. Celle de la Vallée de Chantorage est très réputée…

— Ce sera les Gardiennes qui s’occuperont de cela, plutôt, comme elles s’occuperont de la suite, coupa Sylhein. Pour le moment, nous allons partir et t’emmener avec nous. Nous en avons terminer ici.
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Yerisha



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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeDim 5 Fév - 21:26

— Des reliques liées à Aile-de-Mort, ou aux titans… voire aux deux. Ce n’est pas entièrement une surprise, mais en avoir la confirmation est une bonne chose.
— Je me souviens que le Marteau de Khaz’Goroth avait attiré de nombreuses convoitises et semé un certain chaos dans les mains des drogbar… j’espère qu’il est en sécurité.
— Qu’en sais-je ? Les Gardiennes n’en ont pas  la garde. C’est le Kirin Tor qui s’en occupe, je suppose. Nous leur transmettrons les informations que tu nous as rapportées, et ils prendront les mesures qui s’imposent - du moins je l’espère.
— M-mh. D’accord. Et concernant Koerl lui-même ? Il y a de bonnes chances pour qu’il se cache à Haut-Roc à présent, et il possède peut-être d’autres alliés parmi les drogbar ou les taurens. Il risque d’être difficile à débusquer.
La gardienne dirigea son regard vers le nord et resta silencieuse quelques instants, avant de revenir à Sylhein. Celle-ci venait de faire son rapport concernant la capture manquée du druide, qui avait cependant permis d’obtenir certaines informations et des prisonniers.
— Nous allons nous occuper de cela. La Ligue des Explorateurs s’est rapprochée du Reliquaire, ce qui devrait nous offrir la possibilité de monter une expédition neutre à Haut-Roc incluant des gardiennes, sans que cela soit perçu comme une agression. Par ailleurs, nous devrions pouvoir déterminer les endroits qui l’intéressent, et directement les surveiller.
— Tu penses que cela suffira ? Il va sûrement se montrer particulièrement prudent, maintenant qu’il sait qu’il est activement recherché.
— Nous ferons ce qu’il faut pour le capturer. Si besoin est, nous informerons les tribus de Haut-Roc de la situation, mais ce n’est pas à moi seule d’en décider.
— Si tu le dis… en attendant, veux-tu que j’aille en éclaireur à Haut-Roc ? Je devrais pouvoir surveiller quelques endroits, les plus importants…
— Non, je préfère que tu ne participes pas à la suite de cette affaire. Ce n’est pas par reproche, ajouta la gardienne en levant une main. Même si Koerl t’a échappé, tu as pu établir sa culpabilité et nous apporter des informations concernant ses intentions, de même que des prisonniers. C’est une bonne chose. Mais à présent, d’autres gardiennes vont être impliquées.
— Effectivement, vu comme ça…
— Cependant, j’ai autre chose à te proposer. J’aimerais que tu ailles sur les Îles draconiques, à la fois pour me tenir informée de ce qu’il se passe là-bas, et pour contribuer à la traque des kaldorei qui ont rejoint les primalistes.
— Je risque d’avoir de la concurrence, concernant ce dernier point…
— Sans doute, oui. Mais au-delà de la simple élimination de ces traîtres, toute les informations que tu pourras obtenir d’eux permettra d’entraver leurs efforts pour recruter de nouveaux adeptes au sein de notre peuple. C’est aussi pour cela que je veux que tu ailles là-bas.
— Je comprends… je vais y réfléchir.



***



Citation :

Capitaine Rocvent

J’espère que cette lettre vous trouvera, vous et votre famille, toujours vaillants, et votre Compagnie toujours active.
Comme vous avez certainement dû le constater, la menace des primalistes continue de se développer. Je ne sais si vous avez déjà eu l’occasion de les affronter directement, mais je gage que si ce n’est pas le cas, votre Compagnie en aura tôt ou tard l’occasion. Ce qui m’amène à deux choses.

En premier lieu, concernant les primalistes eux-mêmes : un certain nombre de mes congénères ont rejoint leurs rangs, et font de ce fait l’objet de poursuites particulières de la part de mon peuple. Pour des raisons notamment liées aux événements de ces dernières années, les kaldorei semblent particulièrement sensibles aux ‘arguments’ des primalistes. Nous ne pouvons laisser ces trahisons proliférer, aussi je vous saurais particulièrement gré de m’informer de tout kaldorei primaliste dont vous auriez connaissance, et si vous veniez à en traquer, vous pourrez compter sur moi pour vous accompagner.

En second lieu, j’aurai une faveur à vous demander : récemment, j’ai, disons, recueilli une jeune chamane mag’har nommée Korushi. Celle-ci, pour des raisons familiales, a décidé de passer quelques années loin de la Horde, sans pour autant vouloir les passer dans le Cercle Terrestre. Accepteriez-vous de l’accueillir au sein de votre Compagnie ? Je pense qu’elle a besoin d’un cadre professionnel pour affiner ses qualités martiales, et je suis sûre que vos pérégrinations lui permettront également de progresser sur la voie des éléments et des esprits. Si vous souhaitez la rencontrer pour en parler avec elle, n’hésitez pas, elle a récemment été légèrement blessée et est en convalescence.

Me concernant, je vais prochainement m’embarquer pour les Îles des Dragons. Plusieurs traîtres kaldorei opèrent là-bas au sein des primalistes, et avec un peu de chance, certains pourront être ramenés à la raison. Par ailleurs, un rapprochement entre les kaldorei et les vols draconiques, plus particulièrement le vert, serait une bonne chose, au vu de l’histoire qui nous lie, et je vais tenter d’agir en ce sens.

Qu’Elune vous guide

Sylhein
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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeVen 7 Avr - 23:20

Citation :
À Sylhein,

Merci de vos nouvelles. Cela va peut-être vous surprendre, mais la Compagnie n'a pas été active depuis nos dernières opérations dans le Norfendre et dans les îles. Entre la thèse de Thenna et les quelques naissances qui ont gracié notre famille, c'est quasiment la moitié des effectifs qui se sont retirés.

Pour ma part, j'ai choisi de revenir à Gilnéas et d'y rebâtir un foyer pour la nouvelle génération. Et aussi pour ma retraite. Un bon investissement pour ces trésors que nous avons réuni au fil de nos missions !

Les mots ne sauraient en tout cas exprimer ma surprise de découvrir que vous avez maintenant une amie orque. Si elle désire apprendre à pêcher et à cultiver des choux, elle est la bienvenue car c'est ce que je fais de l'essentiel de mes journées.

Les primalistes dont vous parlez n'ont à ma connaissance pas encore posé le pied sur les terres de Gilnéas et j'entends qu'il en reste ainsi. Toutefois, je reste en contact avec les enfants et serait tenu au courant de quelque trouble qui réclamerait une intervention de la compagnie ailleurs dans le monde. Nous pourrons alors ménager une place à votre nouvelle camarade.

En vous souhaitant bonne chance dans votre périple,

Capitaine Abermalt Rocvent
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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeMer 5 Juil - 0:01

(Voici donc enfin les petites choses que je voulais poster pour combler l'ellipse entre SL et DF !)

Citation :

En vue de l’ouverture d’un chantier sur les terres de Gilnéas

La famille Rocvent recrute :


Bâtisseurs, contremaître, portefaix, bûcherons, charpentiers, maître queux, maître brasseur, blanchisseurs



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Durée du chantier prévue : 1 an.
Solde à discuter


Demander le Capitaine Abermalt Rocvent au port de Hurlevent


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MessageSujet: Re: Histoires de famille   Histoires de famille Icon_minitimeMer 5 Juil - 0:08

Elle avait le cœur battant, comme chaque fois qu’elle accédait à la salle dérobée. Non pas qu’elle fût réellement en danger, mais la transgression de l’interdit, la peur de se faire attraper et la menace de conséquences fâcheuses suscitaient chez l’adolescente une certaine effervescence.

Dévalant un escalier étroit, elle atteignit la pièce de leurs réunions secrètes : un observatoire transformé en sous-sol durant le chaos logistique de la reconstruction. Là elle retrouva d’autres étudiants, de son âge ou presque, eux aussi dissimulant leurs visages sous des capuchons et derrière des masques récupérés durant un atelier d’enchantement sacrenuit. Eux aussi de simples adolescents qui s’échappaient des dortoirs tard le soir pour jouer à se faire peur.


“Atropaia.” l'appela la silhouette dégingandée debout devant un pupitre, le meneur de cette petite assemblée de cinq personnes.

Atropaia. Une antique sorcière spécialiste de la protection contre le mal. Tous les membres du groupe tiraient leurs pseudonymes de figures anciennes et Alice avait choisi celle-ci parce qu’elle croyait malin d’associer son affinité pour l’abjuration à son nom occulte. Le maître de la cérémonie, “Kleidukos” -de trois ans son aîné et de son vrai nom Eustache Prolypène- était celui qui possédait les clés des différentes salles qui leur servaient de repaires. Mais il y avait aussi Henrietta Bassinet, camarade de classe et présentement à la droite d’Alice, qui avait choisi de s’appeler “Skotia” car c’était elle qui savait dénicher les salles secrètes de Dalaran. A sa gauche il y avait “Enodia” et “Triformis”, respectivement Cassandra Callier adepte de la divination et Herbert d’Aisglefin adepte de l’illusion d'une classe au-dessus de la sienne.


“Maintenant que tout le monde est là... commença Kleidukos. Que ceux qui ont une pierre à apporter à l’édifice de notre savoir commun s’avancent et présentent leur découverte.”

Un silence gêné s’installa. Le but premier de ces réunions secrètes était pour les étudiants de percer les mystères de la cité des mages et découvrir ensemble des reliques dangereuses ou des sortilèges interdits. Mais il fallait croire que ces choses étaient rares, la faute aux précèdents groupes de découvreurs qui s'étaient fait pincer, sans doute.

“Personne ? insista Kleidukos. Un parchemin, ou même une piste vers... il gesticula. Quelque chose ?”

Pour être accepté dans ce groupuscule, il fallait contribuer à “l’édifice du savoir commun”, ce qui avait garanti un certain succès à la fondation de la petite coterie. Alice avait notamment obtenu son entrée grâce à un tome de nécromancie qu’elle avait “emprunté” à sa mère adoptive. Celle-ci en avait rapporté une telle pile d’une de ses enquêtes que la disparition du volume était pour ainsi dire passée inaperçue.

Mais depuis, il fallait bien reconnaître que le groupe ressassait les mêmes sortilèges et commençait à s'ennuyer. Ce qui était mauvais et pouvait mener à sa dissolution lente. Et humiliante pour le fondateur.

Les apprentis sorciers échangèrent quelques regards, Enodia gesticula à son tour avec agacement, puis un soupir s’échappa de sous le capuchon de Kleidukos qui déclara :


“Dans ce cas, je suppose qu'on peut reprendre le tome d’Atropaia et travailler nos contresorts.”

1001 façons d’affliger une âme par l’ultime pouvoir de la Mort était le nom du grimoire rapporté par Alice. Et depuis son arrivée il y a plusieurs semaines, leur groupe d’études n'en avait pas dépassé le premier chapitre. Ce qui soulevait aussi son lot de frustration.

Pratiquer les contresorts de sortilèges dangereux était la pierre angulaire de leurs sessions. Du moins c’était le prétexte sous lequel ils justifiaient en leurs âmes et consciences ces activités passibles d’expulsion : Ils apprenaient par eux-mêmes à se protéger contre des menaces que le cursus des vieux académiciens n'osait aborder. Pas que ça ferait une différence en conseil disciplinaire, il faut dire.

Evidemment, pour pratiquer le contresort, il fallait d’abord que quelqu’un lance le sortilège lui-même. Et c’était là la partie la plus intéressante de leurs soirées clandestines, celle qui apportait le frisson. À la transgression et la bravade adolescente s'ajoutaient l'expérience grisante de se confronter à de nouvelles formes de magie et l'exaltation victorieuse de parvenir à les maîtriser.

Mais, avait noté Alice, le groupe avait épuisé la mince réserve de sorts qui lui était décemment accessible. Et sans l'apport dûment nécessaire de nouveautés pour garder l'attention d'une bande d'adolescents en mal de sensations fortes, elle craignait au moins autant que Kleidukos la dispersion de leur petit cercle social privilégié.


“Nous allons donc répéter les...
_Est ce que vous avez entendu parler d'Arugal ?”

La question paraissait idiote après coup, mais les mots avaient jailli avant qu'elle puisse les formuler de manière intéressante. Les capuchons pivotèrent sur elle.

“_Évidemment qu'on a entendu parler d'Arugal, exprima Enodia avec un nouveau signe d'agacement. Il était Archimage.
_Surtout connu pour avoir ouvert des portails sur le Rêve d'émeraude avant même que l'humanité en établisse proprement l'existence, récita Skotia.
_Et son travail pour reproduire une malédiction d'origine druidique, abonda Kleidukos. Et donc ? Oh…”

Le meneur marqua une pause alors qu'il se souvenait d'où était originaire Alice et ce que cela impliquait.

“_Atropaia, est ce que tu suggères que tu as des pistes qui pourraient mener aux recherches de l'Archimage Arugal ? demanda Kleidukos avec mille précautions, comme si énoncer à voix haute cette possibilité pouvait suffire à la briser.
_Hmmm... Ça se pourrait, dit Alice qui confondait incertitude et aura de mystère.
_Mais ce serait dans les Grisonnes, opposa Enodia avec impatience. C'est pas comme si on pouvait aller jusque là bas nous mêmes.
_Ma mère fait ses recherches dans la forêt de Cristal, lança Alice qui, pour ne pas être prise au dépourvu, improvisait précipitamment un plan incertain. On pourrait...
_On va d'abord répéter les commandements.” déclara Kleidukos. Puis il se souvint de lever le poing pour avoir le silence.

Parce qu'enfreindre les règles de l'établissement n'impliquait  pas de s'en passer complètement, les néophytes avaient formulé les leurs, d'une manière plus engageante qu'une charte insipide.

“Les trois Chemins qui s’ouvrent à toi sont le Savoir, le Pouvoir et la Gloire. Tu ne suivras que le premier, car le second est un poison et le troisième un piège.”

“En explorant la face cachée de la Lune, tu diras non à toutes les Voix terrées dans ses ténèbres.”

“Garde toujours trois Torches avec toi. Une pour t’éclairer, une pour te protéger et une pour te signaler.”

Le résultat final avait selon eux juste ce qu’il fallait de mystique, sans devenir sibyllin.

Parallèlement, ils avaient cherché un nom occulte pour leur groupuscule. Le désir de se démarquer des nombreux autres couvents, sectes, cercles, cultes, cohortes et coteries ayant gangrené la réputation de Dalaran les avait toutefois mené loin dans les pages du thésaurus.

C’est ainsi qu’était né le Pourchas de Trioditis.
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