Tonnerre sur les Tarides

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De son côté, Ashmaat proposa à qui le voulait de lui dire la bonne aventure, forçant son accent draeneï car, disait-elle, ça donnait un caractère plus exotique et crédible à sa nouvelle carrière de vieille-qui-lit-l'avenir.
N'étant cependant pas très douée pour ce genre d'activités, elle ne rencontra qu'un succès médiocre auprès des équipages.

Un petit attroupement se forma toutefois autour d'elle lorsqu'elle s'entraina avec son bouclier. Ses passes d'armes virevoltantes, sa manière de se donner sans retenue et le choc de ses sabots qui faisait résonner les planches du pont formait un spectacle à la fois sauvage et distrayant.

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Altaya aura donc confié à Kristveig que pour l'heure, seul le capitaine lordaeronnais était de mèche avec les ogres. Et quant à l'exposer, elle comptait le faire à la prochaine réunion, attirant suffisamment l'attention sur le noble pour que si un sondage magique s'imposait, il ne fasse pas de doute.

Pour ce qui était des doutes de la capitaine du Rêve du Sud, elle aura répondu qu'elle attendait rien de trop engageant de sa part. Mettre à mal les ogres lui était suffisamment bénéfique. Et puisqu'une trêve entre Horde et Alliance était une mauvaise nouvelle pour les pirates, elle conclut qu'il serait de bon ton qu'ils se serrent les coudes, aujourd'hui et à l'avenir.

L'humaine aura aussi rectifié sa conception de faux documents, les adressant à la Kapitalrisk, plutôt qu'à un cartel gobelin qui pourrait vérifier l'information pour Zarkej.

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Avec la mort du capitaine de l'Irrépressible et du champion des ogres, après que chacun eut regagné le village ou son navire, une atmosphère d'incertitude plana un moment, rapidement dissipée comme les pirates de Zarkej organisèrent la garde des deux navires dissidents et de leur équipage, tandis qu'une nouvelle réunion des capitaines était organisée.

Le chef de la coalition annonça que les accusations d'Altaya étaient reconnues comme justes et vraies, et qu'il avait fait vérifier le cadavre du capitaine de l'Irrépressible, ou ce qu'il en restait, confirmant que celui-ci avait subi l'influence d'énergies démoniaques. Cette corruption était, comme l'avait dénoncé Altaya, à coup sûr la marque d'un complot fomenté par les ogres et lui.

Ceux-ci étaient donc bannis de la coalition : ils ne recevraient qu'une partie de leur part de butin, et devront quitter les Milles-Pointes aussitôt après. Quant à l'équipage de l'Irrépressible, il serait placé sous la supervision d'un groupe d'officier, choisis par les différents capitaines de la coalition, afin de s'assurer de sa loyauté, et si nécessaire de purger les éléments indésirables. La soeur du défunt capitaine prendrait sa place, pour le moment de manière théorique.

Seryne Farrah, la capitaine du Rêve du Sud, recevrait l'un des navires capturés, comme elle l'avait demandé. Cela n'aurait pas d'impact sur les parts de butin des autres équipages, annonça Zarkej, dans la mesure où la majeure partie de celle des ogres serait redistribuée.

Pendant que le troll réassurait le reste des capitaines de la solidité de leur coalition, maintenant débarassée d'éléments perturbateurs, Altaya pourra observer que le capitaine bicéphale des ogres restait étrangement calme. Durant l'annonce du verdict par Zarkej, il avait gardé le silence, et si aucune de ses têtes ne paraissait franchement heureuse, elles affichaient plutôt une sorte d'agacement que de colère.

Plus tard, lorsque la quatuor put se réunir tranquillement, Sylhein annonça qu'elle avait pu poser plusieurs explosifs sur le juggernaut, de manière à l'handicaper dans ses manoeuvres. Ce qui posait maintenant la question de décider que faire, concernant les ogres et les démons qui s'y trouvaient, à savoir, s'il valait mieux attendre de voir ce qu'ils allaient faire, en guettant une éventuelle opportunité de les attaquer, ou plutôt organiser directement un assaut contre eux avant qu'ils n'aient le temps de faire quoi que ce soit.

Dans ce dernier cas, il serait nécessaire d'obtenir le soutien de la plupart des autres capitaines, ainsi que de Zarkej lui-même.

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Bien que souriant à l'idée d'envoyer par le fond des Ogres et des man'ari, Ashmaat fit remarquer qu'on ne pouvait plus attaquer l'équipage de ce navire à visage découvert et sans raison, car cela remettrait en cause les légitimité du défi précédemment lancé.
On ne pourrait attaquer ce navire que sans témoin, s'il était éloigné de la flotte pirate. Et il faudrait que personne ne réchappe de l'attaque, ce qui semblait très risqué.

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Après ce coup d'éclat qui avait crever l'abcès et fait voler en éclat le statu quo entre les ogres et la coalition, Altaya aura très vite pu remarqué les répercussions sur sa réputation. Certains pirates étaient soulagés que leur regroupement soit enfin débarrassé des ogres et de leurs démons, d'autres craignaient des représailles de leur part et d'autres encore étaient méfiants de la capitaine. Après tout, n'avait-elle pas elle-même un navire maudit ? Si elle avait voulu écarter les ogres, c'était peut-être pour répandre sa propre corruption. Sinon pourquoi emportait-elle le mage des ombres comme un trophée ?

En règle générale, Altaya faisait peu de cas de cette méfiance, qui était de toute façon assez légitime. Mais si effectivement les ogres cherchaient vengeance, son navire pouvait se retrouver seul simplement parce que personne n'oserait prendre son parti. L'humaine dut bien admettre qu'elle aurait voulu prendre le temps de décompresser autour d'une table, avec l'équipage du Céleste. Malheureusement il restait encore beaucoup à faire, dans l'urgence et sur le long terme.

Trainant l'ombremage jusqu'à son navire, Altaya le fit ligoter par les cordages qui s'animèrent comme des serpents autour de son corps. Le forçant à se réveiller d'un seau d'eau dans la figure, elle réunit Cul-de-bouteille et invoqua Oeil-noir.

"_Qu'est-ce que tu nous ramènes ? Un sacrifice ou un esclave ? ricana le capitaine fantôme.
_Plutôt un allié d'circonstance, connaissant le cap'taine." dit Cul-de-bouteille.

C'est une solution à un problème. Plusieurs, s'il se débrouille bien, signa Altaya.

"Qu'est-ce que vous attendez de moi ?" réclama alors le mage entravé.

Pour toute réponse, les cordages le forcèrent à pencher le regard sur le plancher du pont, où des inscriptions apparaissaient dans le bois, lacéré par enchantement. Par cette méthode de communication, la capitaine aura évoqué les événements d'Uldum, les nuées lointaines et les présages reçus par les mystiques. Elle le questionnera sur son affinité avec le Vide et ce qu'il avait pu lui-même percevoir... Et comprendre. Elle lui aura aussi demandé si en plus de la corruption démoniaque évidente, il avait perçu la présence des Ombres et du Vide chez les ogres. L'histoire de la tablette et le peu de réactions du capitaine ogre devant leur retrait forcé la dérangeaient toujours...

Elle l'aura ensuite forcé à relever la tête sur elle, communiquant cette fois par le biais de Blanc-bec, pour lui annoncer qu'il maîtrisait une magie qu'elle n'aimait pas, parce qu'elle n'était pas bien armée pour la contrer. Elle désirait arranger cela. Au final, les attentes d'Altaya se résumaient à ce choix : l'ombremage pouvait s'associer à elle et rejoindre son équipage en tant que membre à part entière ou simplement mourir et voir son âme nourrir la malédiction du navire.

Une fois que l'humain aura fait son choix, en espérant qu'il fasse le bon, Altaya sera allée rejoindre Syhein et le reste du groupe, avec ou sans les informations tenues de son interlocuteur. Et si son interlocuteur avait été bien avisé, elle l'aura laissé en compagnie de Cul-de-bouteille, afin que le nain lui prépare un bon repas et l'accueille sur le navire.
Toujours est-il qu'à la question de savoir comment aborder le problème des ogres, elle proposa un compromis des deux solutions... Continuer d'affaiblir autant que possible le navire ogre et organiser avec Zarkej une action conjointe rapide de la coalition, qu'il s'agisse d'un assaut préventif ou de représailles.

D'ici là, sachant que les démons agissaient dans l'ombre, il convenait que chacun reste sur ses gardes et ne dorme que d'un oeil. Pour Altaya la chose était rendue aisée par le fait que son équipage fantôme ne dormait pas et que toute intrusion sur la Nina pouvait être très rapidement descellée.

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Niklaus revint brusquement à lui, trempé et crachotant, entravé par des cordes. Aussitôt les douleurs des blessures qu'il avait subi se réveillèrent, et il laissa échapper un gémissement, qui s'étrangla dans sa gorge lorsqu'il vit ce qui lui faisait face et comprit où il était.

-Qu'est-ce que tu nous ramènes ? Un sacrifice ou un esclave ? Lança la silhouette fantomatique d'un pirate en ricanant sinistrement.
-Plutôt un allié d'circonstance, connaissant le cap'taine, rétorqua un nain chaussé de bésicles impressionnants.

Le capitaine en question, l'humaine qu'il avait affronté il y avait peu, se contenta de faire quelques signes avec ses mains, mais Niklaus pouvait sentir le lien mystique qui l'unissait au navire, et de fait au fantôme qui se trouvait devant lui et le regardait avec malveillance. Luttant contre la douleur, il s'exclama :

-Qu'est-ce que vous attendez de moi ?

Pour toute réponde, les cordages qui l'entravait s'animèrent pour le forcer à se pencher vers le pont en une sorte de révérence grotesque, éveillant par ce mouvement de nouvelles douleurs dans son corps. Sous ses yeux, les planches du pont commencèrent à se couvrir d'inscriptions... et de questions.

-Uldum ? La menace ? Tout le monde l'a senti, là-bas... comme une puissance qui se réveillait, qui s'étendait... mais savoir ce que c'était ? C'est p'tête liée à l'épée géante... ou aux insectes géants, là, dans Ahn Qiraj.... ou alors ceux qui cherchent de l'azérite sont allé trop profond, et ils ont réveillé un truc... Qu'est-ce que j'en sais, moi ?

Comme les cordages se resserraient autour de lui, il grimaça et déchiffra une nouvelle phrase.

-Parole ! C'est pas parce que je me sers de l'ombre, que je dois forcément en savoir plus ! Comme j'ai dit, c'était une sensation de menace grandissante... quelque chose qui se tapirait dans les ténèbres, tout autour de nous, voyez ? Et même si on s'est éloigné, c'est toujours là... ça nous rejoindra...

Niklaus lâcha un gémissement comme l'étreinte des cordes se desserrait légèrement, suffisamment pour lui permettre de respirer relativement à son aise, et il lut les nouvelles questions qui s'inscrivaient dans le bois.

-Est-ce que les ogres ont des affinités particulières avec l'ombre, ou le vide ?

Le prisonnier lâcha un reniflement légèrement méprisant, vite réprimé par la soudaine torsion d'une corde.

-Les gens qui se consacrent à la manipulation des magies démoniaques se limitent rarement à elles seules... je doute que les ogres fassent exception, cependant...

Le mage entravé passa sa langue sur ses lèvre, tordant sa tête pour jeter un regard à ses interrogateurs.

-Vous vous demandez s'ils sont liés à ce qui a commencé à se manifester à Uldum ? Je ne sais pas exactement... mais je peux vous parler de l'offre qu'ils ont fait à mon capitaine. J'ai assisté à la rencontre, avec le premier lieutenant... celui que vous avez tué, j'imagine, lors du combat...

Prenant le silence d'Altaya pour une invitation à continuer, Niklaus prit une profonde inspiration avant de se lancer.

-Pendant qu'on était à Uldum, après les combats, Brog'Trax, le capitaine des ogres, est venu rencontrer notre capitaine. Apparemment, il disait qu'il avait des choses à partager, et qu'il cherchait des... partenaires. Méfiant, mais intéressé, il m'a ordonné d'assister à la rencontre, au cas où il y aurait des embrouilles magiques, ainsi que son lieutenant, dans lequel il avait entièrement confiance. Brog'Trax a annoncé que d'importants changements allaient arriver...

Après une courte pause, le mage reprit.

-Des changements qui allaient modifier de nombreuses choses... de nombreux équilibres de puissance... Il n'a rien spécifier, mais pour mon capitaine, il s'agissait au moins de la coalition des pirates. Nous l'avons rejoint, parce qu'il s'agissait d'une opportunité de s'enrichir, mais il n'appréciait pas vraiment de devoir obéir à Zarkej, un troll... et ça, l'ogre l'avait sans doute compris. Il a poursuivi, mais ce qu'il proposait était clair : il proposait de le rejoindre, et avec lui, de profiter de ce qui allait arriver pour en ressortir plus puissants... bon, pas seulement attendre que ça arrive, mais y participer aussi, sans doute, mais il n'a pas donner de précisions supplémentaires là-dessus.

Niklaus tenta d'offrir une grimace de dépit sincère à ses interlocuteurs, avant de poursuivre.

-Brog'Trax a indiqué que tout cela devait rester secret, pour le moment, mais il a proposé à mon capitaine de lui donner un avant-goût de la puissance qui serait la sienne. Il a accepté... et l'ogre l'a infusé de puissance gangrenée, comme vous l'avez découvert. Mais rien concernant l'ombre, ou le vide. Après... il ne s'agissait que d'un premier paiement, en quelque sorte... peut-être que par la suite, cela aurait impliqué une autre forme de magie, je ne sais pas... Je dirais que plus de choses nous auraient été révélées, lorsque les ogres seraient passés à l'action, mais avant cela, rien. D'ailleurs, personne d'autre dans notre équipage n'a été mis au courant, je crois. Brog'Trax a pas mal insisté sur la nécessité de garder le secret, pour le moment... mais maintenant, avec le combat, vos accusations, et tout... qui sait ce qui va se passer, et quand...

Comme son prisonnier semblait lui avoir dit tout ce qu'il savait, Altaya le fit se redresser et lui présenta sa proposition, qu'il écouta avec une attention particulière.

-On dirait que je n'ai pas vraiment le choix... je peux sentir de quoi votre navire est capable, et je n'ai pas vraiment envie d'en faire partie, alors... je suis avec vous, capitaine. Mes anciens camarades risquent de m'en vouloir s'ils l'apprennent, mais une menace de mort reste préférable à une mort certaine.

Lorsque les cordages qui l'entravaient se relâchèrent, Niklaus s'effondra sur le pont avant de se redresser prudemment. Comme personne ne semblait vouloir le tuer, il s'efforça de se composer une meilleur expression malgré ses blessures et sa fatigue, avant de suivre le nain.

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Puisque Niklaus avait été coopératif, Altaya se sera intéressée aux détails tels que les présentations, en échangeant avec le désormais ex-captif son nom et celui de son seul membre d'équipage vivant. Quant au fait que ses anciens camarades puissent lui reprocher un changement d'allégeance, elle voulut rassurer l'ombremage d'une certaine façon : elle l'avait pris comme un trophée après le combat et il ne vivait actuellement que parce qu'elle le permettait. Si ses anciens camarades avaient à y redire, c'est auprès d'elle qu'ils devraient faire leurs réclamations.

Toutefois, ses réponses, même honnêtes, l'avaient agacée. En agissant si vite pour exposer le noble corrompu, le groupe s'était coupé de l'opportunité d'en apprendre plus sur son marché avec les ogres et donc sur l'étendue des pouvoirs qu'ils pouvaient déployer. Mais comme l'avait souligné l'ombremage, ces pouvoirs ne se seraient sans doute pleinement révélés que lorsqu'ils les auraient utilisés contre la coalition.

Toujours est-il que les présages d'Uldum et l'intérêt qu'y portaient les ogres étaient troublants et forçaient Altaya à remettre en question certaines assomptions. Par exemple, le groupe avait toujours supposé que les ogres étaient les sbires des démons et non l'inverse, une théorie qui se tenait si le point central de leurs conspirations était l'épée de Sargeras. Certains détails ne collaient cependant pas, comme la tablette retrouvée, ou le fait que la Légion vaincue n'aurait peut-être pas du avoir le pouvoir nécessaire pour séduire un clan ogre.

Si toutefois les visions et présages sentis en Uldum venaient des silithides et qu'il s'agissait bien des changements évoqués par ce Brog'Trax, alors peut-être fallait-il y voir une affiliation des ogres avec le Marteau-du-Crépuscule. Et la résurgence de cette secte, avec vraisemblablement assez de ressources pour déployer un juggernaut, était autrement plus inquiétante.

Restait à faire comprendre ça aux sancteforges. Pour elles, la corruption était de la corruption, elles ne devaient certainement pas faire la différence entre un clan ogre à la solde de démons sur la sellette et l'équipage d'un navire de guerre, soutenu par une secte à l'influence mondiale et dont l'étendue de l'implantation et des ressources avait été maintes fois sous-estimée. Considérant ce dernier point, d'ailleurs, Altaya décida d'envoyer un rapport à son père des fois qu'il faille s'alarmer d'une réapparition de la secte du Crépuscule dans les grandes cités de l'Alliance.

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Afin d'affronter et de vaincre les ogres et leurs séides démoniaques, plusieurs préparatifs devaient être effectués dans un certain secret, afin de ne pas alarmer les futurs victimes, et en premier lieu, il fallait s'assurer du soutien plein et entier de certains capitaines et de la possibilité de mettre en place certains plans, avant de porter l'affaire 'officiellement' devant Zarkej.

En premier lieu se posait la question de l'abordage et de l'utilisation potentielle de la carcasse du Rêve du Sud. Du fait de la dette qu'elle avait contractée envers Altaya, la capitaine Seryne Farrah n'avait pas d'objection à ce que ce qui restait de son navire soit utilisé comme brûlot : ses marins, qui s'affairaient pour le moment à dépouiller la carcasse de tout ce qui pourrait servir, feraient le nécessaire pour l'aménager correctement en vue de son futur rôle. Et s'il y avait peu de chances pour que cela suffise à couler le juggernaut ogre, tant du fait de ses protections, que de la probable réticence du reste des pirates à bourrer le brûlot d'explosifs coûteux, cela servait également les plans de Sylhein, qui espérait autant récupérer des informations que de supprimer l'équipage ogre.

En second lieu, il s'agissait de s'assurer du soutien des capitaines et équipages qui n'étaient pas directement sous les ordres de Zarkej. Dans le cas du Céleste, cela ne fut pour ainsi dire qu'une formalité : du fait de l'alliance qui avait été établie entre Altaya et Tæril, mais également grâce à la propagande assidue effectuée notamment par les deux sœurs sancteforges auprès de l'équipage, le navire elfique n'avait guère de scrupules à porter un coup de grâce aux ogres.

Dans le cas de l'équipage commandé par Lokano, le tortollan, la situation s'annonçait un peu plus délicate : comme Kristveig l'avait annoncé, celui-ci se préparait également à quitter la coalition, préférant sa propre sécurité et celle de son navire à de potentiels conflits internes. Sa décision finale allait sans doute dépendre du plan qui serait présenté lors du prochain conseil des capitaines, et des raisons pour lesquelles le navire ogre et son équipage devait être définitivement supprimé, mais il n'était pas non plus impossible d'essayer de l'influencer. Interrogée là-dessus, Kristveig précisa que son capitaine ne serait certainement pas intéressé par le pillage du juggernaut, dans la mesure où les trésors des ogres seraient certainement maudits, et que si quelques rares tortollans faisaient la collection de ce genre d'objets, ce n'était pas le cas de Lokano. Cependant, il était grand amateur d'histoires et de récits, les plus étranges, exotiques, mystérieux, ou épiques, rencontrant ses faveurs : tant les deux sœurs draenei, du fait de leur guerre millénaire contre la Légion, qu'Altaya et les fantômes de la Nina ou que Sylhein, devaient être en mesure de lui présenter des parts de leur passé afin de se concilier son soutien.

Restait l'Irrépressible, pour le moment sous contrôle de la coalition, ainsi que les deux navires directement affiliés à Zarkej. Concernant les deux derniers, il faudrait attendre la réunion et son issu, mais quant au premier, même si les actions de son nouveau capitaine, la sœur de l'ancien, étaient pour le moment limitées et restreintes aux décisions de la coalition, il était éventuellement possible de prendre contact avec elle afin que son équipage joue un rôle plus volontaire dans l'affrontement à venir - peut être en le présentant comme un moyen de venger son ancien capitaine, victime des manipulations des ogres. Néanmoins, c'était une action qui pouvait présenter des risques.

Enfin, il fallait présenter le plan d'attaque lors du conseil des capitaines et les raisons pour lesquelles celle-ci devait être menée. Comme cela avait été convenue, Altaya disposerait pour cette occasion du soutien des deux sœurs, revêtues de leur plus belle armure, afin d'assurer chacun du sérieux de ce projet.

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A la fois intriguée et amusée par cet étrange personnage, Ashmaat ne se fit pas priée pour raconter au Tortollan quelques souvenirs de bataille, bien que ses récits plein d'entrain — dans lesquels se mêlaient des récits de certains de ses camarades de l'Armée de la Lumière —, soient parfois confus, et assurément partisans.
Quant à ce qu'elle jugeait bon de raconter, cela allait de combats épiques à ses achats à Hurlevent, sautant de la poule au talbuk avec aisance.

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Altaya aura donc commencé par exposer le plan à la capitaine du Rêve du Sud, ou disons plutôt les plans. Car à savoir si le navire donnerait son chant du cygne en éperonnant le juggernaut, chargé d'explosifs ou en portant les marins pour un dernier abordage, elle pensait que la décision finale reviendrait à sa capitaine. A voir donc si elle tenait plus à venger ou à honorer son navire. Altaya lui aura tout de même exposé avec un certain pragmatisme l'intérêt d'ouvrir une brèche dans le mastodonte ogre avec un navire chargé d'explosifs.

Au moment de partager son histoire avec le tortollan, l'humaine voulut s'assurer que ce dernier en tire une morale qui l'inciterait à prendre les armes contre les ogres. Ainsi, elle lui racontera la façon dont elle avait pactisé avec l'équipage fantôme de la Nina et la malédiction avec laquelle elle devait désormais vivre. De son point de vue, les ogres étaient la malédiction avec laquelle la coalition avait pactisé. Et tôt ou tard, elle se rappellerait à eux d'une façon bien inconvenante.

Pour ce qui était de la nouvelle capitaine de l'Irrépressible, Altaya voulut d'abord savoir quels étaient ses désirs vis à vis des ogres. Souhaitait-elle réclamer vengeance pour les événements ayant mené à la corruption de son frère ou simplement les laisser repartir ? Dans le second cas, la gilnéenne l'aura mise au courant qu'un plan se montait pour prendre d'assaut le navire ogre, avant que ceux-ci ne tentent une nouvelle manœuvre. Participer à la défaite des ogres et des démons lui permettrait de laver l'affront fait à son nom et de s'assurer qu'ils ne tentent pas de l'approcher ultérieurement.

Enfin, l'humaine commença à réfléchir à la façon dont elle pourrait argumenter le plan pour Zarkej et pour tout le monde.
Il fallait d'abord montrer que l'assaut préventif n'était pas non seulement souhaitable, mais aussi nécessaire. L'un de ses arguments était que puisque la coalition n'allait pas tarder à éclater et que chacun prendrait sa propre route, tous pourraient potentiellement devenir des cibles pour les ogres plus tard. Puisqu'ils étaient dangereux, il valait mieux s'en débarrasser ensemble, tant qu'ils avaient la supériorité du nombre.
Il faudrait ensuite assurer que l'assaut avait de bonnes chances de réussir et que les pertes pour la coalition pouvaient être limitées. Car c'était certainement la peur de pertes inutiles et excessives qui réfrénait la coalition. Tout comme cette même peur l'avait rendue aveugle aux exactions des ogres. Pour cela, Altaya ne devrait pas hésiter à parler des explosifs posées sur le juggernaut par Sylhein, ou des pouvoirs que la Nina pouvait déployer pour ses approches furtives.

Et si les sœurs sancteforges portaient leurs discours convaincus et enflammés comme elle le pensait, alors Altaya n'aurait qu'à poser ces arguments concrets et pragmatiques pour convaincre le conseil des capitaines d'agir.

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Les ogres et leurs alliés démoniaques avaient été vaincus. Leur puissant navire avait été brisé par l'incendie et les divers bombardements, et reposerait bientôt au fond de l'eau. Le capitaine Brog'Trax, gravement blessé, était prisonnier, et les trésors et secrets que les ogres avaient conservés serait bientôt récupérés. Mais avant cela...

Lokano, le capitaine tortollan, reçu avec intérêt celles qui vinrent lui conter leurs histoires, et les écouta attentivement. Il se montra toutefois bien plus captivé par les récits d'Ashmaat concernant des mondes lointains, et les conflits qui s'y étaient déroulés, que par les péripéties de la sancteforge sur Azeroth, qu'il connaissait globalement bien. Quant au récit d'Altaya, il ne manqua pas à la fin de celui-ci de faire remarquer à la muette que si elle était sincère dans son argumentation, cela signifiait qu'elle cherchait à se débarrasser de la malédiction qui la liait à son navire, et sans doute détruire ce dernier plutôt que simplement le laisser partir, comme elle voulait le faire avec les ogres. Les raisons qui poussaient Altaya à visiblement n'en rien faire devaient sans doute être très intéressantes à entendre, et le tortollan indiqua qu'il savait conserver des secrets comme personne.

Concernant la nouvelle capitaine de l'Irrépressible, celle-ci donnera à Altaya une impression mitigée : elle semblait assez réservée et secrète, presque défiante, ce qui ne donnait pas envie de lui faire des confidence, mais pouvait s'expliquer assez facilement du fait du destin de son frère et de la quasi-confiscation de son navire par la Coalition. De même, l'atmosphère étrange qui régnait à bord, de méfiance et de tension pour le moment refoulée, pouvait se comprendre dans la mesure où l'équipage était surveillé d'assez près. Néanmoins, cette visite laissera à Altaya un sentiment trouble.

Heureusement, le conseil de guerre se déroula bien. Zarkej accepta avec une certaine grâce l'idée d'une action préventive et définitive contre les ogres, sans laisser paraître agacement ou colère quant au fait qu'on lui forçait un peu la main. Ceci dit, le zandalari était peut-être également parvenu à la conclusion que relâcher les ogres dans la nature pouvait se révéler dangereux à long terme, si ceux-ci décidaient de se venger un jour, et le fait qu'Altaya propose de s'en débarrasser le soulageait secrètement. Dans tous les cas, après plusieurs chicaneries concernant le brûlot et les explosifs qui lui seraient alloués, le rôle des différents navires, les d'abordage, et grâce aux arguments d'Altaya et des deux sœurs sancteforges concernant les préparatifs déjà effectués pour paralyser le juggernaut et les forces et faiblesses des démons, un plan général fut adopté. L'Irrépressible n'y jouerait par ailleurs qu'un rôle mineur de soutien d'artillerie, et son équipage resterait en retrait.

Et ainsi, les préparatifs commencèrent, et s'accélérèrent graduellement, jusqu'au moment où l'attaque fut lancée...

De même que sur le brûlot, des créatures amphibiennes, humanoïdes avec une face de poulpe, assaillirent les navires pirates lorsqu'ils commencèrent à faire mouvement contre le juggernaut. Ces assauts imprévus gênèrent les manœuvres et réduisirent la puissance de feu des pirates, tout en laissant certains navires exposés aux ripostes des ogres, elles-mêmes réduites par le sabotage stratégique de leur navire. Néanmoins, tandis que le brûlot allait son chemin, le reste de la Coalition devait se débarrasser d'une vague d'assaut gluant et humide.

Les mauvaises nouvelles n'arrivant que rarement seules, les pirates restés à terre indiquèrent qu'un assaut avait été lancé contre le village, obligeant Zarkej à détourner une partie de ses forces pour défendre l'endroit. L'abordage allait se révéler plus difficile que prévu avec moins d'hommes, aussi le zandalari ordonna de renforcer les tirs contre le juggernaut, quitte à le couler sans pouvoir le piller. Heureusement, si l'on veut, le navire ogre était particulièrement robuste, mais les tirs de canon redoublés firent des ravages, particulièrement parmi les esclaves, tandis que l'équipage ogre se trouvait relativement bien protégé par les divers démonistes et sombres sorciers qu'il comptait en son sein.

Alors que l'abordage du juggernaut avait été lancé, ce dernier définitivement bloqué par les navires de la coalition, l'Irrépressible commença à manœuvrer pour prendre le large. Le reste des navires pirate n'étant pas en mesure de s'y opposer, celui-ci s'enfuit rapidement vers le nord-ouest. Les survivants du groupe qui était chargé de surveiller l'équipage de l'Irrépressible, repêchés plus tard, indiquèrent que le navire avait également été pris d'assaut par des k'thirs, mais qu'une grande partie de l'équipage s'était rallié à eux pour rapidement submerger toute opposition. Ceux qui n'avait pas réussit à s'échapper avaient été impitoyablement massacrés.

Cependant, l'attaque des pirates avait réussie : ogres et démons avaient été pour la plupart d'entre eux éliminés - quelques uns avaient apparemment réussi à s'échapper, en se téléportant, mais il ne s'agissait que d'une infime partie de l'équipage. Les assauts sur les navires de la Coalition comme sur le village en haut des falaises avaient été repoussés, au prix de pertes relativement légères. Et avant qu'il ne sombre, le juggernaut avait pu être pillé pratiquement de fond en comble, dépouillé de tout ce qui pouvait avoir de la valeur.

Pour la quatuor, une fouille méticuleuse des appartements du capitaine avait révélé une nouvelle tablette de pierre gravée, ainsi que des documents qui semblaient en rapport avec celle-ci, codés. Traduction comme décodage prendrait un certain temps, mais il y avait également une carte annotée des côtes sud de la Pandarie.

Par ailleurs, le capitaine des ogres avait été fait prisonnier. Cependant, l'une de ses têtes avait été gravement blessée, ce qui avait eu des conséquences importantes sur l'esprit de la créature bicéphale. Celle-ci oscillait entre des périodes d'inconscience, et de brefs moments de délire certainement conséquents du choc. En tirer des informations claires risquait de se révéler difficile...

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Même si le sujet de la conversation était les ogres, Altaya dut admettre que le tortollan marquait un point. Elle lui confia ainsi que si elle s'était jetée tête baissée dans cette malédiction, c'était aussi parce qu'elle n'avait jamais été vraiment libre de ses propres choix, durant sa vie. De son point de vue, elle avait troqué une forme d'enfermement pour une autre. Elle n'était toutefois pas dupe quant au fait qu'il lui faudrait tôt ou tard se défaire de ces nouvelles chaines. Raison pour laquelle elle tâchait d'en tirer tout ce qu'elle pouvait d'ici là.

Pour ce qui était de l'attaque, le contretemps de l'intervention des k'thirs avait inquiété l'humaine, mais il avait tout de même fallu passer outre, pour mener à bien la mission. Une fois le capitaine ogre capturé, elle doutait de pouvoir en disposer librement et était prête à le livrer à Zarkej, si celui-ci le souhaitait. Elle aura simplement plaidé auprès du zandalari afin de pouvoir interroger le prisonnier avant qu'il ne fasse appliquer sa sentence, quelle qu'elle soit. La nouvelle de la -seconde- trahison de l'Irrépressible l'aura toutefois faite enrager et elle se sera précipitée sur la Nina, afin de vérifier si Nikklaus était bien là où elle l'avait laissé et si Cul-de-bouteille était resté sauf.

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La Nina était sauf, le navire s'étant défendu sans problème des k'thirs qui avaient essayé de l'assaillir. L'absence d'un véritable équipage sur le navire fantôme avait grandement contribué à la déroute des k'thirs, leurs assauts visant avant tout à massacrer autant de pirates que possible, comme Altaya aura pu le comprendre en évoquant la chose avec des survivants des autres équipages.

Ainsi, Cul-de-bouteille était sauf, les k'thirs s'étant rapidement désintéressés de la Nina pour chercher des navires avec un équipage composé de chair et de sang - ou du moins, d'un plus grand porucentage de ces éléments. Niklaus l'était également, quoique légèrement secoué par les événements et l'apparition de ces créatures, mais il n'avait pas cherché à s'enfuir et avait défendu la Nina du mieu de ses capacités, semblait-il. De toute évidence, il ne tenait pas à retomber dans les mains de ses anciens maîtres.

Concernant le capitaine ogre, Zarkej aura dépêché l'un de ses lieutenant, la zandalari qui avait déjà demandé à Altaya si celle-ci voulait sa part de prisonniers pour des sacrifices et qui avait aidé le groupe lors de son combat contre la liche. De toute évidence versée dans certains arts occultes, la zandalari aura longuement examiné le prisonnier, tentant visiblement d'atteindre son esprit grâce à ses pouvoirs, avant de renoncer. Avec une grimace de dépit, elle aura indiqué à Altaya qu'elle ferait son rapport à Zarkej concernant l'ogre et son état, mais que pour le moment, la Nina constituait une aussi bonne prison que n'importe quelle autre pour lui. Sur le ton de la confidence, la zandalari ajoutera qu'à son avis, le mieux serait de le sacrifier pour tenter de faire parler son esprit, avant de quitter le navire maudit.

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Comme la quatuor accompagné de Lokano revenait dans le village des pirates, les dévastations causées par l'assaut mais également les forces que les ennemis avaient engagées devinrent évidentes : aux côtés des cadavres des pirates gisaient de nombreux corps de cultistes et de créatures cauchemardesques, taillés en pièce par la résistance acharnée des pirates. En aidant aux premiers soins pour les blessés, le groupe appris que les pirates s'étaient sans doute mieux débrouillés qu'on aurait pu le penser : les équipages zandalaris, aidés par les prêtres et mystiques qu'ils comptaient, avaient particulièrement bien résistés à l'assaut une fois le choc initial passé, et parmi les autres équipages, des noyaux s'étaient formés autour de ceux qui étaient les plus à même de contrer l'influence cauchemardesque qui avait englouti le village.

Cependant, la manoeuvre ennemie, même si elle ne s'était pas conclue par une destruction totale des pirates, avait semble-t-il portée ses fruits : après la victoire contre les ogres qui avait rassemblée les différents équipages et leur avait donné espoir de pouvoir poursuivre les traîtres et les éliminer, ce nouvel assaut aux effets insidieux avait renvoyé les pirates dans un état de doute et de désorganisation important. Les rumeurs d'abandon des Milles Pointes, de retour à des eaux moins dangereuses, avaient reprises de l'importance parmi les équipages.

Peu après la fin du cauchemar, Zarkej avait entrepris de parer au plus pressé, établissant une défense rudimentaire du village et des navires au cas où un nouvel assaut surviendrait, et avait envoyé des éclaireurs pour tenter d'en apprendre plus sur les forces ennemis, auxquels Sylhein s'était jointe.

Altaya aura retrouvé la Nina intacte : le rituel d'interrogation de l'esprit de l'ogre avait été mené à terme, quoique de manière chaotique, et ainsi la capitaine disposait à présent de certaines réponses.

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Paraissant pleine d'énergie à l'annonce de nouvelles missions et de nouvelles terres à découvrir, sans doute pittoresques, Ashmaat s'empressa de faire le tour des pirates avec qui elle avait pu sympathiser afin de leur dire au-revoir, et que la Lumière les protège, et de prendre bien soin d'eux.

Auparavant, elle avait tenter d'appliquer les leçons du vieux charpentier pour sculpter des "petits talbuks" en bois afin de les offrir en cadeaux d'adieu. Cependant, le temps pressait et elle avoua elle-même que les morceaux de bois en forme de patate avec 4 moignons pour les pattes n'étaient pas très ressemblants.

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La nouvelle direction du groupe semblait toute trouvée. Pour autant Altaya avait trouvé Sylhein un peu ambitieuse dans ses plans. L'humaine ne voyait pas comment convaincre les pirates, qui venaient d'essuyer un assaut frontal des forces du Vide, de partir en guerre contre ce même ennemi. Sans doute car elle n'était pas elle-même convaincue par l'initiative.

Les pirates n'étaient pas une armée de métier, même ceux qui s'en donnaient l'air. Ils étaient pour la plupart superstitieux et peu touchés par les motivations des défenseurs d'Azeroth. Nombreux étaient ceux qui avaient choisi la piraterie pour échapper à la discipline des armées et aux champs de bataille. Beaucoup aussi étaient principalement là pour extorquer du butin facile à des navires marchands et certains à vrai dire n'étaient présents que pour les tournées de rhum.

Oui, les pirates étaient une sacrée bande de bras cassés, peu loyaux et peu fiables... Mais peut-être devait-elle cesser de sous-estimer leur courage ou de surestimer leur indépendance d'esprit. Zarkej s'était montré un chef charismatique et fort, qui avait la tête sur les épaules. Il était donc possible de le convaincre que participer aux combats contre N'zoth était une nécessité. Car si un Dieu Très Ancien réussissait à prendre le contrôle du monde, nul ne serait épargné, et encore moins les pirates sur l'océan. Le troll avait aussi un honneur et une réputation à défendre, surtout face à tant d'équipages réunis. La fuite de l'Irrépressible pouvait être vue comme un moment de faiblesse qu'il convenait de rectifier, ce qui laissait ouverte la possibilité d'une traque.

Toutefois, même en se répétant ces arguments, Altaya restait peu sûre d'elle. Elle alla donc chercher conseil auprès de son entourage : d'abord le capitaine du Céleste, dont elle prit aussi des nouvelles de l'équipage. Considérant les relations amicales qu'elle entretenait avec celui-ci, il lui semblait juste de savoir s'ils étaient prêts à affronter les forces des Très Anciens. Et cela lui permettrait de prendre la température sur ce sujet, avant toute tentative de convaincre la coalition d'engager le conflit.

Elle vint ensuite trouver Niklaus et Cul de bouteille. Le nain était un pirate depuis plus longtemps qu'elle et avait sûrement une opinion sur ce sujet, ou peut-être les récits d'antécédents dans l'Histoire. De la part de Niklaus elle aura voulu entendre parler de l'Irrépressible et de sa nouvelle capitaine, afin d'essayer d'en établir un profil avant de se lancer à sa poursuite.

Enfin, elle aura terminé ce grand sondage d'opinions en consultant les anciens capitaines de la Nina. Cela lui valut une nuit sans sommeil, enfermée dans sa cabine inondée de brume, mais au moins pouvait-elle bénéficier des avis de toute une succession de capitaines, qui avaient certainement vu leur compte d'ennemis surnaturels et de malédictions atroces.

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De son côté D'orena aura distillé quelques bénédictions et autres discours d'encouragements galvanisants aux survivants, même si ceux-ci étaient très militaires, inspirés de ceux qu'elles avait elle-même reçus à la veille de combats qui s'annonçaient âpres, voire mortels.

Elle ne s'attendait pas à ce que les pirates acceptent de poursuivre le combat car après tout ce n'étaient que des mercenaires et que là suite des combats ne promettait aucune richesse.

Avant de partir, elle échangea son "déguisement" avec un pirate contre une breloque issue des ogres et un bout de tentacule. Trophées qui viendront enrichir son tableau de chasse.

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Les pirates à qui Ashmaat offrit ses 'talbuks' sculptés les recevèrent avec des expressions variées, certains éclatant de rire devant la draenei et effectuant quelques comparaisons peu flatteuses. Néanmoins, ces cadeaux allégèrent un peu le sentiment de menace qui pesait sur les pirates, et ceux-ci offrirent en retour quelques conseils à la draenei, ainsi que plusieurs de leurs oeuvres sculptées - certaines n'étaient d'ailleurs pas vraiment de meilleure facture que les talbuks... D'autres présents furent plus tristes, certains officiers d'autres équipages offrant à Ashmaat et sa soeur de choisirent parmi les objets de pirates défunts, pour honorer leur mémoire et en remerciement des efforts des deux soeurs pour les défendre.

D'orena se vit quant à elle offrir par l'un des marins du Céleste, une délicate scultpure de Naaru articulée à suspendre; quand bien même il ne s'agissait que de bois, celui-ci avait été soigneusement sculpté et vernis, ce qui donnait un objet simple mais beau. Le marin, un elfe de sang, mentionna rapidement qu'il s'agissait du Naaru qui était tombé lors de la bataille pour le Puit du Soleil, et dont l'essence protégeait maintenant Quel'Thalas - mais pressée par le temps, D'orena ne put guère demander plus d'explications.

Les deux soeurs se virent également offrir plusieurs petits bijoux et autres ornements de la part des pirates du Céleste, d'origines extrêmement variées - très certainement le produit d'années de pillage divers. Le capitaine, Tæril, leur remit la part de butin qui leur revenait - le partage des derniers butins avait été perturbé par les récents événements, avant de leur souhaite des vents favorables où qu'elles aillent.

Krisveigh, la vrykule, leur offrit une statue haute d'une dizaine de centimètre en pierre, représentant, leur précisa-t-elle, Eyir. La pierre choisie pour la sculpture était pailletée de fragments cristallins, et l'artiste qui l'avait réalisée en avait tiré partie en la polissant de manière à ce qu'exposée à la lumière, la figure scintille doucement.

Concernant Sylhein et ses plans, l'elfe aura retrouvé Altaya pour les préciser : elle ne comptait pas essayer de pousser les pirates à se dresser seuls face aux forces de N'zoth, mais leur proposer de rejoindre un plus grand groupe, indépendant cependant de l'Alliance comme de la Horde, en insistant notamment sur le fait qu'aussi longtemps que les forces de N'zoth seraient actives, les mers ne seraient pas sûres et qu'un navire isolée avait toute les chances de succomber à un assaut dirigé contre lui. Par ailleurs, l'alliance qui s'était formée à Uldum avait sans doute appris à résister aux influences les plus insidieuses des forces des très anciens, ou du moins, recherchait activement des solutions, ce qui mettrait les pirates à l'abri d'un nouvel assaut cauchemardesque.

Tæril reçut Altaya avec plaisir, et partagea volontier avec elle ce qu'il pensait de la situation : malgré une meilleure résistance des pirates du Céleste à l'assaut cauchemardesque, du fait d'un plus grand nombre d'initiés à divers arts magiques que dans d'autres équipages, le moral de l'équipage avait plongé devant la puissance déployée, et pour beaucoup l'avenir s'annonçait sombre. Du fait de leur situation, les pirates ne pouvaient se mettre à l'abri dans un grand port, rallier une grande puissance, et plusieurs membres de l'équipage parlaient de retourner à Port-Liberté pour y boire et festoyer jusqu'à ce que le monde sombre totalement dans les ténèbres.

Sans être aussi pessimiste Tæril, se reconnaissait que leur situation était délicate, comme l'était celle des autres équipages : qui accepterait de prendre des forbans sous son aile, sachant ce qu'ils avaient fait, ou simplement l'imaginant ? Le vieil elfe envisageait ainsi de proposer ses services au prince marchand de Gadgetzan en tant que mercenaire, sans que cela lui paraisse vraiment idéal.

Quant à savoir si lui, son équipage ou d'autres étaient prêts à affronter à nouveau les forces de N'zoth, il ne put qu'avouer son ignorance : certains des pirates chercheraient certainement la fuite, espérant pouvoir se cacher en attendant une conclusion, bonne ou mauvaise, à cette menace. D'autres, peut-être, seraient prêt à poursuivre les combats, en tant que mercenaire certainement - en échange d'un paiement. Quelques uns accepteraient éventuellement l'idée qu'il était nécessaire de faire front, mais chercheraient sans doute en même temps à rallier un groupe capable de les protéger.

Sur la Nina, Niklaus lui parlera volontier de l'Irrépressible, et de sa nouvelle capitaine. Concerant le navire en lui-même, il était de facture récente, rapide et bien armé - sans compter les éventuelles additions qu'il avait pu recevoir des cultistes. Le poursuivre serait difficile, plus particulièrement si l'on imaginait les modifications qu'il avait pu recevoir dernièrement. Concernant la capitaine, celle-ci avait toujours vécue dans l'ombre de son frère, plus charismatique, et de toute façon favorisé par leur père. En réaction, elle avait pris l'habitude d'agir dans l'ombre et de se montrer impitoyable, mettant semble-t-il de côté sa jalousie de son frère pour agir dans l'intérêt du navire. Cependant, presque tous les membres de l'équipage savaient que si l'occasion lui était donnée de commander l'Irrépressible, elle n'aurait pas hésité, et la majorité considérait que ce serait une bonne chose pour le navire, du fait de la froide détermination qu'elle mettait à accomplir ses objectifs.

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Quelque peu rassurée par les nouvelles informations de Sylhein, Altaya lui demanda tout de même si elle en avait d'autres sur cette association dans Uldum. L'humaine, toujours fermement convaincue que les renseignements étaient aussi des armes en temps de guerre, voulait être certaine d'avoir de quoi convaincre les pirates de participer à ce conflit.

Le dialogue avec Taeril avait toutefois alimenté sa réflexion. Les pirates formaient une armée sans cause et sans conviction autre que leur propre liberté. Il n'était donc guère étonnant que leur moral puisse être facilement soufflé et que sans l'appât du gain, il soit difficile de les rallier. Toutefois, les pirates avaient un autre point commun, en dehors de l'attrait pour la richesse : ils désiraient tous rester en vie. Beaucoup étaient prêts à se cacher pour cela, mais d'autres restaient lucides sur la nature de leur ennemi et souhaitaient rester maître de leur destin. L'issue d'une action de résistance était toutefois incertaine et les marins avaient besoin de garanties ou au moins d'espoir.

La réunion avec les capitaines fantômes lui permit de considérer la situation avec plus de recul. Certains d'entre eux s'étaient confrontés aux forces des Très Anciens, d'autres avaient tenté de les fuir après avoir attiré leur attention par mégarde. La plupart n'avaient du le salut de leur âme qu'à la malédiction du navire. Et le fait qu'ils considèrent cette malédiction comme salutaire en disait long sur ce que les séides du Vide auraient pu leur faire subir. Mais qu'ils en aient réchappé ou non, tous les spectres s'accordaient sur un point : les serviteurs des Dieux Très Anciens étaient l'une des plaies des mers, plus commune qu'on pouvait l'imaginer. Croire que les équipages seraient plus en sécurité en se dispersant au gré du courant était une douce illusion : si l'un de ces anciens dieux émergeait, alors ses alliés en feraient tout autant. Et il n'y aurait nulle crique, nul archipel et nulle route maritime suffisamment sûre pour les marins. D'après les capitaines donc, les meilleures chances de survie pour la coalition étaient de rester unie, d'user de toutes ses ressources pour préserver ses esprits et de toutes les ruses pour vaincre l'ennemi.

Une fois la réunion conclue, l’humaine resta pensive quelques temps encore avant que le sommeil la rattrape. Elle repensa à la description que Niklaus lui avait faite de la nouvelle capitaine de l’Irrépressible. La personne qu’elle était amenée à poursuivre lui ressemblait, d’une certaine façon. Agissant dans l’ombre, déterminée à atteindre ses objectifs, visiblement à n’importe quel prix et par n’importe quel moyen. Son association avec les forces du Vide révélait tout de même une grande imprudence. Somme toute, Altaya se dit que c’était un profil qu’elle n’aurait pas tant de mal à décortiquer. L’ombre de sa propre famille…

La nuit portant conseil, la capitaine de la Nina se réveilla le lendemain avec les idées plus claires. S'il fallait convaincre Zarkej de mener désormais le combat en Uldum, elle avait une meilleure idée de comment s'y prendre. D'abord le rassurer sur le fait que la coalition aurait le soutien d'une autre, déjà formée sur place, puis l'engager en indiquant que les pirates avaient besoin d'une figure forte autour de laquelle se rassembler pour avoir de meilleures chances de survie. Enfin, la trahison de l'Irrépressible offrait un visage à l'ennemi et lui permettait de plaider pour sa propre expédition en Pandarie.

Armée de ces arguments, elle alla trouver Sylhein avant de demander audience à Zarkej et au conseil des capitaines.

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Spoiler:

Altaya n’eut pas besoin de demander audience : Zarkej convoqua lui-même les divers capitaines de la coalition pour un conseil exceptionnel peu de temps après que le cauchemar ait ravagé le village.

Si le capitaine zandalari s'était pleinement occupé des pirates dans les jours qui avaient suivis l'assaut, cherchant à éviter que le moral ne plonge totalement et que des équipages entiers désertent la coalition, il s'était absenté le jour précédant sa convocation, embarquant sur un navire pour gagner la haute-mer. Néanmoins, son navire, le Messager de Gral, était resté à quai, ce qui avait limité les rumeurs à la question de savoir ce que Zarkej était allé faire - et, pour le moment, limité les velléités de départ des pirates. Cependant, tout le monde, des simples matelots jusqu'aux capitaines, attendaient une décision, une annonce, une action.

-Des questions, tout le monde s'en posent. Mais les réponses, pour ceux qui veulent les chercher, elles ne sont pas toujours faciles à trouver.

Réunis sous un vaste dais, sur le pont du Messager de Gral, les capitaines de la coalition dévisageaient Zarkej, aux côté duquel se trouvait la capitaine du Cherche-Sang, zandalarie comme lui, considérée comme son bras droit. Le reste des capitaines, tout en écoutant les paroles de Zarkej, dissimulaient pour certains mal une certaine impatience, que le troll semblait sciemment ignorer.

-Et quand on les trouve, elles ne sont pas toujours agréables à entendre. Quand on est face à ce qu'il faut faire, on n'en a parfois pas envie.
-J'imagine que tu as appris ce qui est derrière l'attaque que l'on a encaissé, que tu as appris qui étaient nos adversaires, l'interrompit Lokano. Viens-en au fait, explique nous.
-Patience, mon ami, patience, répliqua Zarkej avec ce qui semblait être un sourire. J'y viens...

Le zandalari fit le tour de son auditoire du regard, hocha brièvement la tête, et reprit.

-Quand le monde était jeune, plus jeune qu'il ne l'est actuellement, il était dominé par les dieux sombres, les anciens dieux. Ils furent vaincus, et emprisonnés, mais toujours ils cherchèrent à se libérer, à influencer ceux qui vivent sur Azeroth.
-Mais les Très Anciens ont finalement été tués, non ? intervint Seryne, la capitaine de feu le Rêve du Sud. Il y a eu cette guerre, à Silithus, et d'autres encore, ailleurs, au Norfendre. Et Aile-de-Mort a été vaincu, également, détruit !
-Certains, ils ont été tués, oui, acquiesça Zarkej, mais pas tous. L'un d'entre eux, il attendait son heure, patiemment, et il a finit par se libérer. Les autres dieux sombres, ils étaient toujours des prisonniers, leur puissance était réduite. Mais pas le dernier d'entre eux : plus rien ne le retient, plus rien ne limite sa puissance, et il a déjà commencé à attaquer.
-Mais... comment savez-vous tout ça ? protesta Seryne. D'accord, nous avons tous vu l'attaque contre le village, et les... choses qui nous ont attaqué... mais ça ne veut pas dire que...
-Les loas, la coupa Tæril avec une légère grimace, qui pouvait tant s'adresser à l'ignorance de la femme qu'à l'évocation des puissances qui depuis toujours soutenaient les ennemis de son peuple.
-Nous, les trolls, nous avons combattu les serviteurs des dieux sombres, ceux qui sont resté libres quand leurs maîtres ont été emprisonné. Longtemps avant la Horde et l'Alliance, avant les royaumes humains, avant même l'empire des elfes de la nuit, nous, les trolls, avons lutté contre les l'horreur des dieux sombres, nous leur avons arrachés des terres où nous nous sommes ensuite installés. Et dans ces luttes, nous n'étions pas seuls : les puissances de ce mondes, les loas, ils étaient avec nous. Et ils le sont encore.
-Gral, intervint Lokano de sa voix rocailleuse. Tu es allé voir Gral. C'est pour cela que tu es allé en mer.
-Gral connaît beaucoup de chose, acquiesça Zarkej. Lui et ses enfants, ils parcourent les mers et les océans, et ils voient de nombreuses choses, ils savent bien des secrets.
-Mais en plus de cela, fit Tæril avec un froncement de sourcils, c'est votre loa... tutélaire.
-Mon navire, il ne s'appelle pas le Messager de Gral pour rien, répondit le zandalari avec un sourire ironique. Tous les trolls qui parcourent les mers et les océans, ils révèrent Gral. Et Gral, lui, il accorde sa bénédiction à tout ceux qui suivent ses préceptes.
-Même des pirates, fit Lokano avec un éclat de rire.
-Même des pirates, acquiesça Zarkej. Je suis les règles de Gral, et lui, parfois, il m'aide.
-D'accord. Je comprends, intervint la capitaine du RDS. Mais quelle utilité ont ces informations, réellement ? Comment peut-on vaincre les ennemis qui nous ont attaqué, ou leur échapper ?

Zarkej resta silencieux quelques instants, considérant les visages qui lui faisaient face. Ceux-ci exprimaient un mélange d'appréhension et d'espoir ténu. Chacun des capitaines avait entendu parler des Dieux Très Anciens, et des horreurs qu'ils généraient. Chacun d'eux savait que les promesses de ceux qui les servaient étaient pernicieuses, à qu'à accepter de faire affaire avec eux, on en devenait bien souvent les esclaves. Chacun d'eux savait le danger que représentaient les divers cultistes des Très Anciens, les buts destructeurs qu'ils poursuivaient, et la cruauté dont ils faisaient preuve. Alors, si l'un des dieux lui-même était libre...

-Comme je l'ai dit, Gral, il m'aide, reprit Zarkej. Mais quand il ordonne, je lui obéis. C'est ainsi. Et il m'a ordonné de partir guerre, de porter le combat contre les serviteurs des dieux sombres. Gral, lui, il est déjà en guerre, il lutte contre l'évadé, et les armées qu'il a convoqué. J'ai choisi de le suivre. J'ai accepté sa bénédiction, et j'ai accepté son appel. Je combattrais.

Un bref silence suivit cette déclaration, brisée par un raclement de gorge de la part de Tæril avant qu'il ne prenne la parole.

-Et quelle... bénédiction... peut-il nous apporter ? Comment va-t-il nous aider ? Nous avons presque été balayé par le dernier assaut de ces créatures ! Et l'Irrépressible est toujours chez eux, certainement prêt à nous donner la chasse si nous choisissons de partir - sans compter les éventuels horreurs qui pourraient surgir des fonds de la mer, pour nous massacrer !
-Je le sais, et Gral le sait, répondit Zarkej en levant une main. Son domaine, c'est les mers et les océans, pas les terres. C'est pour cela que nous devons partir, et trouver d'autres personnes qui luttent aussi contre l'évadé. Gral, il couvrira notre fuite, il me l'a dit.
-Si nous acceptons de le suivre, nous aussi ? demanda Seryne avec une grimace dubitative.
-J'ai négocié avec lui. Si nous partons, tous, il nous dissimulera aux yeux de nos ennemis. Et une fois que nous arriverons à destination, vous serez libre de partir, de suivre votre chemin.
-A destination, hein ? grommela Lokano. Laquelle ? Si tu cherches des alliés, cela risque d'être difficile d'en trouver, Zarkej, vu nos activités. Qui acceptera l'aide de pirates ? De renégats ?
-Cette guerre, elle est nécessaire, répondit le zandalari calmement. L'évadé, il ira jusqu'au bout, il ne s'arrêtera que quand il aura gagné, ou qu'il aura été vaincu. Je trouverais des gens qui accepteront mon aide, notre aide, parce qu'ils n'auront pas le choix. Parce qu'ils savent que cette guerre, il faut la mener avec toute l'aide que l'on peut avoir, même celle de pirates.
-Admettons, reprit Lokano. Où penses-tu aller, chercher tes alliés ?
-Gral m'a indiqué certains endroits, que les armées des dieux sombres sont en train d'attaquer. Mais avant de me décider, je veux entendre ce que vous avez à dire, concernant tout cela.

Entre Zarkej et les capitaines, la discussion se poursuivaient. Le zandalari avait exposé ses intentions, ses plans, et proposé au reste des pirates de le suivre, mais tous ne semblaient pas entièrement convaincus.

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Altaya avait écouté les paroles de Zarkej, soulagée de voir qu'il était lui-même convaincu de la nécessité de ce combat. Le troll était, comme il l'avait prouvé plusieurs fois, loin d'être idiot ou mal renseigné, il savait le danger que représentaient les Très Anciens et leurs serviteurs. Il avait toutefois une certitude qui manquait aux autres pirates : celle que ces ennemis pouvaient être vaincus. C'était inscrit dans l'Histoire de ce monde et dans celle de son peuple, et il semblait penser qu'aujourd'hui, il ne s'agissait plus que de l'écrire à nouveau.

Le soutien de Gral, bien qu'inattendu, était bienvenu et l'humaine pensa qu'il suffirait peut-être à raffermir la volonté des pirates. Malheureusement, si la bénédiction d'une divinité des mers pouvait certainement rassurer des marins crédules, il en fallait plus pour des capitaines avisés. Ces derniers commençaient à peine à envisager l'idée, observant chaque facette du problème avant d'exprimer leurs doutes, cherchant des garanties dans cette bataille dont la perspective était effrayante. Les pirates se mêlaient après tout très rarement des grandes guerres de ce monde. C'est ce qui les tenait en vie. La plupart du temps.

Lorsque le zandalari leur laissa la parole, Altaya s'exprima donc en la faveur de son plan. Apportant des garanties où il en manquait, dissipant les doutes par des initiatives. Quand Lokano cherchait des alliés, elle leur confia qu'en Uldum, des organisations habituellement antagonistes avaient conclu une trêve pour faire face à la menace. Ainsi les tol'vir et leurs ennemis les Bât-le-désert avaient eu la sagesse de cesser les hostilités. Dans la foulée, la ligue des explorateurs les avait rejoins, forte de ses connaissances. Très certainement, cet Accord d'Uldum avait compris les enjeux de cette guerre, et que toute opposition aux forces ennemies était la bienvenue.

Si Seryne s'inquiétait pour ses propres forces, Altaya lui fit remarquer que tous avaient désormais bien plus à perdre à naviguer seuls. En ces temps et en ces eaux troubles, cela signifiait prendre le risque de couler tout aussi seuls et oubliés.

Taeril semblait méfiant vis à vis du loa et de ses pouvoirs, ce qui était sans doute normal puisque les sindorei avaient depuis longtemps cessé de s'en remettre aveuglément à des puissances supérieures. L'humaine argua néanmoins auprès de lui que ce type de pouvoir divin n'avait de valeur qu'entre les mains de celui qui le maniait. S'il n'arrivait pas à placer sa confiance en un loa, il pouvait certainement la placer en Zarkej, qui serait le réceptacle de sa bénédiction.
Quant au sort de l'Irrépressible et elle lui assura donc ce qu'elle avait appris : les traîtres avaient fait voile à la recherche d'une arme pour leurs sombres maîtres et l'équipage de la Nina était déjà en route pour la devancer. Altaya elle-même comptait prendre la mer pour donner la chasse à l'Irrépressible et l'empêcher de nuire.

Sachant qu'en annonçant ainsi sa volonté de partir, elle se mettait sous le coup de récriminations et d'accusations, la capitaine se tourna vers Zarkej qui était après tout bien le seul à qui elle devait quoique ce soit :
Les informations qui motivaient sa chasse, elle les tenait du prisonnier ogre interrogé. Elle ne comptait pas emmener le sorcier dans son voyage, aussi la coalition aurait tout le loisir de lui soutirer des renseignements pour confirmer ses dires, mais aussi pour se prévenir des stratagèmes qui pourraient nuire à la flotte.
Si c'était la garantie de son retour qui inquiétait la coalition, elle proposa de confier son butin à Zarkej et de se soumettre à une échéance de deux semaines. Passé ce délai, le zandalari pourrait disposer comme il l'entendait de l'azérite et de l'or qu'elle avait amassé.

Bien sûr, l'humaine doutait que Zarkej se soucie plus du butin que de la loyauté. Et lui-même ne devait pas douter que les richesses était une moindre préoccupation pour elle. Malheureusement, elle ne pouvait partir en laissant son navire sur place, comme l'avait fait le troll. Elle s'attendait donc à moitié à devoir se soumettre à une magie ou une autre, qui lui ferait tenir parole.

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Lorsque Altaya mentionnant Uldum et la récente alliance qui s'était formée là-bas, Zarkej se contenta de hocher la tête en silence, sans qu'il soit possible de dire si c'était là une destination qu'il avait simplement envisagé, sur les conseils de Gral, ou celle qu'il avait choisi. Des endroits où la guerre contre N'zoth menaçait, peu étaient favorables aux pirates.

La mention d'Uldum sur le reste des capitaines produisit un certain effet : depuis le cataclysme, nul, plus particulièrement parmi les pirates et autres pillards, n'ignoraient cette région, réputée aussi dangereuse que riche de trésors en tout genre - reliques et artefacts des temps anciens, or, bijoux, et autres produits exotiques et mystérieux, des trésors qui se trouvaient le plus souvent dans des ruines et des complexes souterrains, regorgeant de pièges, de gardiens immortels, et autres malédictions, sans compter les habitants d'Uldum qui voyaient d'un mauvais œil débarquer des étrangers pour piller leurs richesses.

Par ailleurs, la proximité d'Uldum jouait en sa faveur, et les capitaines ne manquèrent pas de commenter ce point. Ils connaissaient la route pour l'avoir déjà empruntée récemment, et quand bien même Zarkej garantissait que Gral dissimulerait leur trajet, chacun préférait quand même que celui-ci fut le plus bref possible. Seryne fit cependant remarquer qu'avec une guerre là-bas, la majeure partie d'Uldum serait sans doute hostile, et que trouver un accostage sûr pour les navires risquait d'être compliqué.

Lokano, sans se départir de son impassibilité coutumière, semblait clairement intéressé, tant par la présence d'alliés potentiels, que par les perspectives de richesses à récupérer, mais surtout d'artefacts rares et d'histoires à glaner. Quant à Tæril, s'il semblait toujours partiellement réticent devant ce projet, il finit par l'approuver - après tout, rester seul derrière ne semblait de toute évidence pas une solution très attrayante, et s'il décidait de faire bande à part son équipage risquait d'avoir un avis différent, et de l'exprimer.

Une incertitude renouvelée souffla cependant un instant, comme Altaya annonça sa décision de poursuivre l'Irrépressible seule. Sans laisser le temps à cette incertitude de grandir, Zarkej prit la parole et annonça qu'il ne s'opposait pas à cette initiative. Toutefois, il demandait à Altaya de prêter serment devant Gral et d'accepter sa marque, afin que ses enfants puisse la suivre et lui apporter leur aide, aussi minime soit-elle, sur les mers. Cette attention ne trompa pas Altaya : si Zarkej mettait en avant le côté utile de ce serment pour elle, c'était simplement par politesse et respect.

En dehors de cela, le zandalari proposa au reste des capitaines de ne pas exiger de prendre le butin d'Altaya en otage, arguant que pour le moment, chacun avait d'autres préoccupations. Cependant, il ajouta que dans la mesure où la capitaine humaine partait pour une mission précise et, il l'espérait, aussi rapide que décisive, celle-ci ne devait pas hésiter à leur confier ce qui était superflu pour sa poursuite. Quant à l'ogre, l'une de ses prêtresses ayant participé à l'interrogatoire, et au vu de son état mental, il ne voyait pas l'utilité de le garder.

Le reste des capitaines ne se trouvait guère en position de refuser le départ d'Altaya, pour diverses raisons. Séryne était toujours en dette auprès de sa collègue humaine, et Tæril se sentait toujours lié par les promesses de soutiens qu'ils avaient passé en rejoignant Zarkej. Lokano, de son côté, considéra attentivement, presque suspicieusement Altaya, mais déclara que si celle-ci prêtait serment devant Gral, cela lui conviendrait. Il ajouta qu'ainsi, le loa des mers aurait toujours un œil sur elle, et qu'ainsi il serait toujours possible pour la coalition de la retrouver si elle venait à les trahir - une menace à peine voilée.

Ainsi, les capitaines convinrent de leur côté de suivre Zarkej et Gral en Uldum, et une fois arrivée là-bas, de laisser chacun suivre sa route. Cependant, il était assez évident que personne ne repartirait, si la région était belle et bien attaquée par N'zoth et ses alliés. De son côté, Altaya poursuivrait l'Irrépressible afin de contrecarrer les plans de sa capitaine, avant de les rejoindre au plus vite.

Peu après le conseil cependant, Tæril vint retrouver Altaya et l'enjoignit d'être méfiante, et une fois sa mission accomplie, de s'assurer d'être déliée de ses obligations envers Gral et Zarkej. L'elfe ajouta que celui-ci pouvait bien présenter les trolls et leurs loas comme les défenseurs de ce monde, mais que pour lui, les uns comme les autres étaient des sauvages qui se valaient bien : les trolls n'hésitaient jamais à sacrifier leurs loas ou à les plier à leur volonté, lorsqu'ils l'estimaient nécessaires, et les loas étaient pour la plupart des esprits bestiaux et sanguinaires, qui exigeaient de leurs fidèles sacrifices et autres actes de barbarie. Au fil de son discours, Altaya se rendit compte que Tæril conservait toujours vivace une haine à l'égard des trolls en général, et peut-être plus particulièrement de Zarkej, notamment qu'il avait maintenant ouvertement révélé sa dévotion envers Gral.

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Satisfaite d'être parvenue à convaincre les pirates, Altaya comprenait toutefois les réticences des capitaines. La coalition venait de connaître son lot de trahison, et l'alliance n'était plus faite de connivence, mais de nécessité. Elle respectait donc Zarkej en cela qu'il savait rester fort et droit dans ses positions. Il offrait un cap à ces individus qui nageaient dans des eaux incertaines.

De la même façon, l'humaine tâcha de se montrer forte et sûre, surtout au regard de ses propres décisions. Ainsi, quand Lokano la menaçait à demi-mots, elle lui assura que la seule chose à pouvoir empêcher son retour serait l'échec de sa mission et que cela n'était pas dans ses plans.

Plus tard, quand Taeril vint la trouver alors qu'elle faisait l'inventaire de ses réserves de vivres et de munitions pour le voyage, elle écouta ses avertissements. Toutefois, la haine qu'il révélait pour Zarkej semblait aller au-delà de l'inimitié millénaire entre les trolls et les elfes. Bien qu'interloquée, elle préféra ne pas en demander plus -peut-être glisserait-elle la question à Brémain lors de leur rencontre- et se contenta de traiter les avertissements aussi sérieusement qu'ils avaient été délivrés. Elle déclara donc à l'elfe qu'elle avait suffisamment à faire de la malédiction de son navire et ne souhaitait pas commencer à devoir les compter.