Citation :

Thenna

Quelques remarques supplémentaires concernant l'arcan'dor : outre sa conception, extrêmement ancienne si je me souviens bien ( et difficilement imputable aux shal'dorei; il faudrait vérifier si Suramar était déjà scellée ? Je pense que oui ), l'étude de la catastrophe ( du moins celle qui est connue ) pourrait être utile; après tout, dans les deux cas, on a affaire à un déchaînement de magie arcanique incontrôlé aux effets dévastateurs.

Si tu le souhaites, je pourrai prendre le temps de me renseigner dans les Îles Brisées; il me semble que les druides de val'shara ont toujours un avant-poste dans la région de Suramar. Et bien sûr, il y a Dalaran.

Yerisha.

Ps : demande éventuellement à Tuk Tuk si elle possède quelques connaissances dessus ?

A sa venue au Chant des forêts, Yerisha fut accueillie par Faelthana Mirétoile, qui n'avait pas quitté son poste.

Comme elle put l'apprendre à la visiteuse, l'état de son tuteur fantômatique avait fini par s'améliorer depuis les troubles dans le monde des esprits. Il avait retrouvé une certaine clairvoyance même si -et cela fut une bonne nouvelle pour les projets de Yerisha- l'apprentie avait dû user de cristaux de mana pour assurer son ancrage sur Azeroth quand il semblait s'effacer. Le processus avait été long et fastidieux, mais une fois la tâche accomplie il était assez simple à expliquer : il avait fallu d'abord produire des cristaux de mana suffisamment robuste pour alimenter le sortilège sur le long terme, mais suffisamment délicats pour qu'ils ne déchirent pas l'âme de Mortebrise ou sapent ses forces. Il avait ensuite fallu les harmoniser avec le fantôme pour que celui-ci se trouve lié à leur champ arcanique et les disposer dans la tour de sorte à couvrir l'essentiel du lieu de non-vie du spectre, mais sans pour autant que les champs générés se chevauchent et provoquent des perturbations déplaisantes, comme l'apparition de spectres assoiffés de mana ou d'entités du Néant. Par chance, l'essentiel des recherches avait été couché par écrit, ce qui offrit à Yerisha un peu de lecture entre ses interactions avec le fantôme.

Ce dernier, comme à son habitude, ne laissait pas les conversations le distraire de ses études -pas plus qu'il n'avait laissé la mort le faire- et communiquait essentiellement en différé, en laissant des parchemins à l'adresse de Yerisha.

Citation :

Chère consoeur,

Comme il est curieux de recevoir vos interrogations sur mon parcours plutôt que notre domaine d’étude commun. Au fil des siècles, mes souvenirs se sont fragmentés et attachés aux pierres de ma demeure, peut-être vous arrivera-t-il un jour d’entrevoir mon histoire en marchant sur mes pas.

Quand j’ai adopté cette tour comme lieu d’érudition, je venais de sortir diplômé de l’académie de Nar’thalas et j’étudiais les courants telluriques de la région. Ma chevalière doit encore être quelque part dans la tour, vous pourriez l’emporter s’il vous fallait un jour porter vos recherches à l’académie. Je suppose toutefois que des fragments de mon âme y sont encore rattachés.

Durant la Guerre des Anciens, cette tour a aussi servi de refuge aux kaldorei fuyant le conflit. J’entends encore parfois leurs lamentations résonner dans la tour.

Plus tard, quand mes confrères bien-nés commettaient les actes qui leur vaudraient l’exil, je restai ici et cherchai de nouvelles méthodes pour manier l’arcane, sans attirer les démons.

Encore plus tard, quand les kaldorei voulurent nous imposer l’exil, je décidai de leur tenir tête et d’affiner la maîtrise de mon art pour repousser la soif de mana. En vain toutefois et tandis que je dépérissais, eux profitaient de l’immortalité nouvellement acquise, confiants que ma présence ne les offenserait bientôt plus.

J’ai donc lié mon âme à cet édifice afin d’en devenir l’éternel résident, au nez et à la barbe de ceux qui avaient choisi de réprouver la magie au lieu d’en réformer la pratique. J’ai traversé les âges et résisté à bien des exorcismes, mais je n’aurais pas cru pouvoir me rendre à nouveau utile.

Pourtant nous y voilà.

Citation :

C’est avec tristesse que je découvre le sort de Shandaral. J’y avais de la famille, une cousine dont je vous joins la dernière correspondance. Je sais désormais que ce n’est pas par cupidité qu’elle n’a jamais partagé avec moi les résultats de l’expédition lancée dans les terres des dragons.

Si les âmes de ces bien-nés ont été piégées par une catastrophe arcanique et non par un processus contrôlé comme ce fut mon cas, il y a beaucoup de questions auxquelles il convient de répondre avant que vous envisagiez de produire un refuge pour ces fantômes.

Il faut d’abord distinguer s’il s’agit bien d’âmes piégées ou simplement d’échos persistants dans l’arcane, auquel cas votre entreprise serait dénuée de sens. Et s’il se trouve que ces fantômes ne sont que des fragments rescapés d’âmes qui ont été annihilées, alors il n’y a peut-être plus grand chose à sauver. Je vous adjoins néanmoins une copie de certaines des runes utilisées pour ancrer mon esprit à la tour. Ce sont celles relatives à l'accommodation des champs arcaniques pour la circulation de l’esprit. Considérant que les fantômes de Shandaral sont déjà ancrés à leur dernière demeure, elles vous permettront peut-être de relâcher cette emprise pour offrir aux âmes plus de liberté dans leur manifestation.

Gardez en tête que l’un des composants essentiels à un tel rituel -celui qui fera la distinction entre la préservation nostalgique et l’avilissante nécromancie- est l’attachement émotionnel de l’âme à son environnement et à ses possessions matérielles.

Je vous souhaite bonne chance dans votre entreprise, pour le salut des âmes de mes comparses.

Citation :

A Althiès Mortebrise,

C’est le cœur gonflé d’espoir que je vous écris cette lettre. L’expédition sur l’île de Frimarra s’est soldée par un succès et nos frères et sœurs nous reviendront bientôt, avec un remède à la faim qui nous taraude.

Nous ne savons pas encore s’il s’agit d’une nouvelle source de pouvoir ou d’une méthode de sevrage. La missive fut brève et indiquait que les Disques de Sindragosa, comme nous l’avions supposé.

J’ai toujours du mal à croire que les dragons se soient montrés si hostiles et insensibles à notre sort. Il semblerait pourtant que depuis la Guerre des Anciens, la folie se soit bien emparée de leur espèce. Mais si ces protecteurs ne peuvent rien pour nous, alors nous devons nous protéger nous-mêmes.

La nouvelle ne pouvait arriver à un meilleur moment en vérité. L’état de mon père s’est encore dégradé et c’est désormais à peine s’il voit et reconnaît son entourage. Les sentinelles parlent aussi de silhouettes cornues rôdant autour de la ville, mais personne ne sait s’il s’agit d’hallucinations induites par le manque de mana, ou de ces maudits trolls.

Ils s’imaginent sans doute que nous faiblissons, mais il nous faudra peu de temps pour recouvrer nos forces et leur montrer que les bien-nés n’ont pas sombré.

Je vous recontacterai dans quelques jours, lorsque tout ira mieux. D’ici là, j’espère que les roturiers revenus à l’état sauvage ne vous importuneront guère, cher cousin.

-Mélithina Mortebrise

De la tour et de ses occupants, Yerisha avait donc obtenu des réponses sur la faisabilité et la méthodologie arcanique de son projet de refuge pour les âmes. Mais pour ce qui était de son aspect philosophique et religieux, Lylith Lunastre aura tenté de l’orienter au mieux sur ce sentier éloigné des coutumes sacrées d’Elune.

Lylith lui rappela ainsi plusieurs fois que l’état de fantôme lié par l’Arcane n’était pas celui naturel auquel devait aspirer toute âme, mais que la place de ces kaldorei était auprès d’Elune. Sa lumière apportait d’ailleurs le réconfort aux esprits et était donc invoquée lors des rites funéraires où l’on versait parfois l’eau d’un puits de lune sur le corps pour le purifier.

Mais pour ce qui était des rites propres aux bien-nés, elle lui recommandait tout de même de plutôt consulter les représentants de ces derniers.

La jeune prêtresse s’était éloignée de son rôle de soigneuse et d’auxiliaire depuis leurs dernières rencontres, et avait bien entamé son entraînement militaire. En armure et en arme, elle était presque méconnaissable, notamment avec la poussée de croissance des dernières années, qui la rapprochait d’une taille adulte définitive.

La trève subie comme un affront par les kaldorei avait durci les mentalités ainsi que les enseignements des prêtresses, ce qui avait eu pour conséquence de fermer quelque peu l’esprit de l’initiée. Les discussions délicates ne furent donc pas plus prolongées par Lylith qu’elles ne furent encouragées par sa hiérarchie.