Comme convenu, Ermeline et Melissé s'étaient mises en quête d'une grange désaffectée pour les Shen. Après plusieurs jours de prospection, la renarde finit par trouver un bâtiment adapté et se présenta avec sa comparse, auprès des propriétaires. Et si les fermiers étaient d'abord peu enclins à négocier, le déguisement de Melissé en prêtresse les avaient bien vite mis en confiance.

C'est ainsi que sous le prétexte d'accueillir des reliques des Astres vénérables, transférées depuis le Val, les deux déesses sauvages réussirent à obtenir l'accès à la grange ainsi que la discrétion de ses propriétaires et un certain nombre d'outils et de matériaux pour la rénovation et l'aménagement du bâtiment.

Les objets animés purent donc reprendre leur voyage jusqu'à cette nouvelle étape, à bord du chariot tiré par Chauncey et escortés par qui le voudrait parmi la compagnie. Investissant très rapidement la grange, ils se mirent en tête de d'abord la remettre en état, avant de garder les outils pour leur entretien personnel. Une fois bien installés, ils reprirent leurs habitudes, partageant des récits ou planifiant de prochaines aventures.

Parallèlement à cela, Melissé fit parvenir au capitaine les pistes envisagées afin de trouver une ligne tellurique capable de soutenir le prochain stade de développement de Huisaile. Abermalt s'empressa alors de mettre à jour la carte de campagne, avec des annotations :




1 - La guimbarde de jade : Un artefact lié au dragon de jade, l'un des protecteurs de la Pandarie. L'enquête devrait en toute logique commencer autour de son temple, mais notre éclaireur sur place n'a pas encore donné de nouvelles.

Parti en éclaireur : Larairah, le lièvre

2 - Les cymbales du roi-singe : Les dernières rumeurs attestant de la présence du roi-singe datent de la dernière invasion de la Légion. Le plus juste serait d'interroger les monastères qu'il a pu visiter, ou les différentes tribus hozen de la région.

Parti en éclaireur : Larairah, le lièvre

3 - Le morin khuur de Niuzao : Aux dernières nouvelles, l'instrument ne se trouve pas et ne s'est jamais trouvé entre les murs du temple de Niuzao. Au lieu de cela, il a été offert aux tribus yaungoles de la région, nomades et généralement hostiles. Parallèlement, les mantides ont lancé plusieurs offensives sur les steppes, que s'efforce d'endiguer l'Ancien.

Partis en éclaireur : Alduriandre, accompagné de Grimmbar, le blaireau

4 - Le tovshuur de Chi ji : Pareillement, cet instrument ne se trouve pas dans le temple du gardien auquel il est associé. Il semblerait qu'une bande de pilleurs a profité du siège de l'édifice par des forces obscures pour s'emparer d'une partie de ses reliques, il y a des années.

Partis en éclaireur : Tymotheus, accompagné de Ratatast l'écureuil et Spinoix, le hérisson

Les lignes telluriques - La Pandarie possède peu d'indication sur la localisation de ses lignes telluriques, aussi les dernières hypothèses les situeraient aux endroits suivants :

-La forêt de Jade et les steppes de Tanglong.
-Des endroits où la nature et l'environnement sont altérés sans raison apparente.
-Les caveaux mogu.

Idéalement, il faudrait attendre le retour de Thenna et de son matériel de navigation tellurique pour parvenir à des localisations plus précises.

Pour Veldrin, les choses avaient commencé comme une nuit troublée, par un sommeil agité. Une appel pressant chatouillait son esprit, alors que des images venaient se glisser dans son subconscient, happé par le Rêve d'Emeraude. La Pandarie, des alliés dans le besoin, un instrument qui ressemble à un luth, à l'effigie de la Grue Rouge.

Une fois que son esprit eut complètement glissé dans la dimension onirique, Veldrin fit face à la Marmotte qui put dès lors lui communiquer ce qu'elle attendait de lui :

Ses alliés en Pandarie étaient partis affronter un grand danger et ils ne pourraient s'en sortir sans l'aide d'un atout crucial. Malheureusement, cet atout était hors de leur portée et il était maintenant le seul à pouvoir l'atteindre. Tout en lui contant la situation, Chandelle l'illustrait grâce à la manifestation d'attrape-rêve entre les mailles desquels se diffusaient plusieurs images. Les membres de la compagnie marchant dans la brume, puis Spinoix le Hérisson, luttant dans le Rêve pour défendre l'instrument montré plus tôt contre des griffes de bois imposantes.

Pour cette mission toutefois, le prévint Chandelle, il aurait besoin d'entrer dans le Rêve pour saisir l'instrument et d'en sortir pour le porter à ses alliés. Il devrait donc s'y rendre à la fois d'esprit et de corps.

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C'est un Veldrin armuré et nourri d'un bon chocolat chaud qui se sera préparé pour cette épreuve.

Aussi prêt que possible, donc!

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Puisqu'il était prêt, Chandelle aura ouvert pour le druide un portail vers le Rêve, afin de les envoyer tous deux aux abords de la bataille entre Spinoix et la créature qui l'assaillait pour le contrôle de l'instrument.

L'attaquant était immense, une bête ayant des traits distinctement insectoïdes, mais aussi un aspect végétal, comme un roncier qui aurait soudainement prit vie. Dans le sillage de ses mouvements, il répandait une brume nocive rougeâtre.

De ses membres démesurément longs, il tentait de saisir l'instrument protégé par le Hérisson, alors que la brume l'encerclait et lui coupait toute retraite. Le dieu sauvage restait donc statique, usant de ses épines pour repousser les griffes acérées.

A son arrivée, la Marmotte commença à user de ses propres pouvoirs, invoquant des lucioles d'émeraude qui, lancées à l'assaut du brouillard commencèrent à crever les nuages de corruption pour laisser la voie libre à Veldrin.

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Prenant quelques instants pour observer la chose, et sa manière de se mouvoir, l'Araignée avait décidé de rester fidèle à son vieux surnom et de prendre la forme d'une bête rouge et noire, presque aussi épineuse que son adversaire! (mais bien mieux proportionnée)

Ainsi armé de ses huit pattes, Veldrin avait opté pour profiter de son agilité et de sa plus petite taille pour sauter et grimper sur le mantide-framboisier de la mort, tissant sa toile au fur et à mesure afin d'essayer de lui entraver les membres.

L'araignée s'était même fendue de quelques morsures, espérant que le venin mi-magique, mi-drogue (consommée en trop grande quantité par l'elfe) puisse agir.

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Les attaques directes s'avérèrent cependant fort peu efficaces, du fait de la stature formidable de l'adversaire. Le poison ne semblait pas faire effet et les toiles furent vite déchiquetées par d'autres griffes venues en renfort. L'embrouillamini de soie fit tout de même office de diversion et quand l'araignée fut durement éjectée par une main vindicative et épineuse, il tomba près des dieux sauvages aux formes éthérées.

Chandelle venait de réussir une percée dans les brumes, par laquelle Spinoix s'était engouffré en emportant l'instrument, dans la direction opposée à leur adversaire. Le Hérisson héla alors le druide :

"Par ici ! Il faut que vous apportiez l'instrument dans le monde matériel !" criait-il en brandissant l'objet. "Chandelle va vous faire un portail, je vais couvrir votre départ !"

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Le temps de se remettre dans le bon sens, l'araignée avait perdu la moitié de ses pattes et aussi la moitié de sa logique en tant qu'animal.
Mais le machin que le "druide" était devenu, doté de plumes, de bois, d'un bec et de griffes, était aussi doté d'une bonne vitesse au sol.

Le cerchaouette s'élança donc dès que possible à la suite du Hérisson, pour saisir l'instrument dans son bec et attendre l'ouverture promise que la Marmotte devait offrir.

"Che crois que ch'était pas dans mon contrat, tout chat!"

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Lui passant l'instrument comme on passe un ballon ovale dans certaines cultures, Spinoix laissa le druide le dépasser pour s'opposer aux griffes qui les avaient pris en chasse. Ayant récupéré un peu de marge de manœuvre, le Hérisson adopta une posture plus offensive en se roulant en boule pour frapper les bras de l'ennemi là où il les étendait.

Une ou deux mains griffues franchirent tout de même sa garde et Chandelle, qui fit retraite pour accompagner Veldrin dans sa course, ne tarda pas à produire un nouveau portail onirique sur sa route. Avant qu'il en franchisse le seuil, la Marmotte n'aura que le temps de lui dire : "Houd est sur place. Il faudra vous faire voir de l'Aveugle." Échappant alors aux griffes acérées, le druide se retrouva au beau milieu d'une jungle humide, entourée d'une brume sans couleur, mais bien froide et moite.

Dans ce nouvel environnement, nul bruit d'animaux, seulement les feuillages qui s'agitaient sous le passage du vent, et d'autres choses. Les paroles quelque peu cryptiques de la Marmotte résonnaient dans l'esprit de l'elfe...

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Veldrin aura tenté de repérer des traces de quelque chose autre que la jungle, un indice indiquant qu'il est au bon endroit...Mais ironiquement, les forêts ne sont pas son fort.

Aussi aura-t-il pioché dans ses connaissances de troglodyte et décidé de frapper le sol, tel un lapin à la saison des amours!
Mais en suivant un rythme : Tap Tap Tap, frotte, frotte, frotte, Tap Tap Tap.

Bien entendu, il s'accordait quelques pauses pour écouter la jungle, attentif à une éventuelle menace.

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Tout en envoyant ses signaux, Veldrin gardait une oreille alerte et put discerner un cheminement dans les frémissements de la végétation. Quelque chose rôdait non loin... Et précipitamment en plus. Après quelques instants toutefois, cette présence pesante sembla s'éloigner... Et c'est un autre dieu sauvage qui creva le sol à plusieurs pas de l'elfe.

Houd, la Taupe était haut comme trois pommes mais prévoyant. Sachant que n'importe qui se méfierait d'une rencontre aussi fortuite dans un lieu soumis à l'influence des serviteurs des Très Anciens, il engagea d'abord Veldrin par un lien psychique, comme une signature visant à être reconnu pour ce qu'il était. Le druide put donc percevoir le lien évident avec le Rêve, mais aussi les forces des Ombres que l'Ancien avait appris à manier.

Après ces présentations d'ordre mental, l'Aveugle s'adressa à l'elfe :

"Enfin une bonne nouvelle. La créature qui a pris possession de nos alliés utilise le brouillard pour projeter sa conscience et donner corps à des cauchemars. Elle m'a pris en chasse, mais la musique de cet instrument devrait lui faire perdre pied."

Sans perdre plus de temps, l'Ancien tendit la patte pour recevoir l'objet.

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C'est un Veldrin un brin nerveux qui transmit l'instrument à la Taupe, avec un peu de télékinésie, à la fois pour la frime et surtout pour le petit tintement cristallin accompagnant les manifestations intenses de ses pouvoirs mentaux.

Le félin-oiseau fit ensuite quelques petits pas en observant. Mais difficile de dire s'il n'attendait qu'une occasion pour fuir, ou s'il s'agissait d'un moyen de montrer qu'il était là et prêt à bouger.

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Saisissant l'instrument entre ses pattes, Houd remercia le druide d'un hochement de tête, avant de faire vibrer deux notes sur les cordes qui s'illuminèrent. Puis, sans doute parce qu'il avait senti l'incertitude de Veldrin, il leva le museau sur lui.

"Il est possible qu'après notre lien, aussi bref soit-il, votre esprit porte encore brièvement la marque du mien. Cela peut faire de vous une proie pour notre ennemi. Votre mission étant terminée, il serait avisé de vous mettre à l'abri désormais. Vous savez voler, je suppose ?"

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Reprenant brièvement forme elfique, à moitié à quatre pattes, Veldrin commença à s'échauffer les épaules et demanda :

"Une idée de là où je suis, et la civilisation amicale la plus proche?"

L'elfe se couvrit ensuite du duvet sombre et ombreux de la grosse chouette. Parce que bon, l'humidité, ça rentre vite, sinon!

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Tout en fouillant la brume du regard pour décider de sa prochaine action, Houd le renseigna donc :

"Nous sommes au nord de Krasarang. Prenez de la hauteur jusqu'à quitter la cime des arbres et la brume. Quand vous aurez dépassé la grande corniche rocheuse, vous verrez la Vallée des Quatre Vents au nord."

Puis, comme pour montrer le chemin, la Taupe joua quelques fortes notes en dirigeant l'instrument vers le ciel. Mélodie et lumière s'associèrent pour percer le brouillard et révéler les cieux.

"Bonne chance et à notre prochaine rencontre" dit ensuite simplement l'Ancien.

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La grande chouette lunaire, bien que contrefaçon, s'élança gracieusement dans le ciel avec une trille enjouée.

Avant de disparaitre au delà des arbres, Veldrin laissera filtrer des pensées à base de raviolis!